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19-02-2018

19:51

A quand la restitution par la France du patrimoine historique d’Atar ?

Adrar Info - Après un demi siècle d’occupation de la ville d’Atar ( 1909-1965), l’armée coloniale Française, a emporté, dans son sillage, lors de son repli au Sénégal ( Point d’Appui de Dakar), de nombreuses pièces d’art, d’archéologies, des manuscrits, des rapports de circonstances, des gravures, des témoignages écrits, des photos et autres perles, matériels de servitudes qui marquaient la vie d’antan, en Adrar et dans toute la région Saharienne.

De tous Temps, les Atarois réclamaient la restitution de ce patrimoine. Cependant, d’autres priorités nationales reléguaient au second plan ces réclamations.

C’est seulement, lors du colloque international sur « Le patrimoine culturel mauritanien » organisé à Nouakchott les 29-30 novembre -1er décembre 1999, que la question a été évoquée avec pertinence.

Des démarches, pourparlers entre les instances concernées: Mauritanie, France, Unesco, avaient abouti au choix de l’ancien état major général de l’armée Française à Atar (construit en 1936), dénommé « camp le coq », pour abriter le musée régional d’Atar dans lequel seront transférés des archives et autres pièces historiques coloniales.

Une mission conduite par le directeur du projet « sauvegarde du patrimoine », Abdellahi Salem Ould Gleiguim et comprenant le maire d’Atar Sejad Ould Abeidna, le conservateur en chef du patrimoine de l’Unesco, Jean Louis Charpentier et l’architecte Ommeir a séjourné à Atar le 2 Février 2005.

Elle a visité le bâtiment destiné à abriter le futur musée régional et a confié sa réhabilitation, sur fonds d’un reliquat de financement du projet sauvegarde du patrimoine, à la société mauritanienne SOMIBA TP.

Le 23 décembre 2005, la France qui avait donné son aval pour équiper le futur musée (vitrines, bureaux etc..) avant d’y transférer les archives et pièces, a dépêché, Raymond Lafranchi, le responsable de sa coopération qui était à l’époque conseiller du ministre de la Culture Mauritanien, en compagnie de son excellence Mohamed Said Ould Homody, président du colloque international du patrimoine et Abdellahi Salem Ould Gleyguim, directeur du projet « sauvegarde du patrimoine », pour procéder à la réception provisoire du futur musée régional.

La mission a jugé les travaux de réhabilitation non satisfaisants, Mr Raymond a qualifié le bâtiment de « pigeonnier » et a refusé de le réceptionner. Entre temps, le comité militaire de la justice et de la démocratie (CMJD) prenait en mains les destinées du pays et s’activait à formaliser une transition du pouvoir aux civils.

La ministre de la culture à l’époque, la très talentueuse Mehla Mint Ahmed, ambitionnait de construire cinq musées régionaux dont celui d’Atar et avait collecté pas moins de 50 Millions d’UM pour la cause.

Seulement les événements se sont précipités autrement. Les problèmes politiques (coup d’état) et de sécurité (terrorisme) prirent le dessus. Le bâtiment du futur musée régional d’Atar, fut tout simplement transformé en poste de commandement (PC) de la 3éme région militaire basée à Atar.

Depuis lors, le projet de musée régional d’Atar et de restitution par la France du patrimoine historique d’Atar « hiberne » quelque part, dans un tiroir. Il n’est que temps de le dépoussiérer.

Ely Salem Khayar

Rappel : De l’armée coloniale à l’armée nationale en Mauritanie
Le 8 avril 1959 est signé, entre Moktar Ould Daddah (chef du gouvernement mauritanien issu de la première constitution de la République islamique de Mauritanie (RIM) ) et Pierre Anthonioz (haut -commissaire de la République en Mauritanie, successeur des gouverneurs du temps colonial) un accord provisoire sur l’emploi des forces armées, qui fixe les conditions juridiques d’intervention de celles-ci en vue du maintien de l’ordre intérieur.

Le 19 juin 1961 sont enfin signés les accords de défense et de coopération militaire entre la France et la Mauritanie. Et le 27 octobre suivant, au prix d’un long marchandage, cette dernière est admise à l’ONU.

En sus de ces textes figurent deux échanges de lettres secrètes concernant les bases de Port-Etienne (centre névralgique, 2 ports, Nouakchott inexistant) et d’Atar (moujahidin venant du Maroc).

Au milieu de l’année 1965, le Secrétaire d’État français aux affaires étrangères fait connaître au Président mauritanien le calendrier de l’évacuation des derniers éléments français à Atar, et lui assure qu’en dépit de ce retrait définitif, le gouvernement français reste décidé à prêter assistance au gouvernement mauritanien en cas de besoin. Ainsi s’achève la période essentielle de transmission de l’appareil de défense français à l’État mauritanien naissant.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01159980/document



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