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Entre Ouadane et Chinguetti … Une touriste dans le désert
Catherine Verger - Elles sont hautes, ces dunes de Maghleg Techet. Elles se méritent. On les grimpe, le nez sur ses pieds qui s’enfoncent dans le sable doré. Un coup d’œil à ceux qui sont devant. Là-haut, sur la crête, enfin, la récompense.
L’immensité, le sable à l’infini. Rafraîchi par un petit vent frais, le groupe s’attarde. « Altitude : 460 mètres !» commente un des marcheurs, équipé d’une montre altimètre. On laisse glisser le sable entre ses doigts.Un grand moment de bonheur.
J’ai choisi cette semaine de marche en Mauritanie pour les dunes. L’intitulé du circuit promettait une « odyssée » des sables. Les paysages ont été grandioses. Deux jours de marche en terrain vallonné, des passages dans les regs, les acacias, les troupeaux de chèvres et puis ce que nous attendions tous, à perte de vue, l’erg.
Je n’ai pas pu résister à enlever mes chaussures de marche pour apprécier quelques descentes, et m’enfoncer jusqu’au genou. J’ai aussi appris r à faire chanter la dune et à produire un son qui ressemblait au tuba.
Pendant ces journées de marche, les rencontres ont été rares : des chameliers, des bergers, une famille de nomade. A aucun moment, nous n’avons été dérangés par le bruit d’un moteur. Aucun pick-up malveillant dans cette zone considérée par les autorités françaises comme dangereuse. Je rassure les candidats au trek dans cette partie de la Mauritanie. Quoique la frontière malienne soit à quelques centaines de kilomètres, on ne se sent pas en insécurité.
Donc, il faut venir. Ou revenir, si on est déjà venu. Ce qui est mon cas. Il y a 10 ans, j’avais déjà marché dans l’Adrar. Les paysages de ce premier circuit étaient moins dunaires et plus minéraux. Mais j’avais gardé le souvenir d’immensités désertiques, propices au dépaysement.
De cette dernière semaine de février 2018 dans l’Adrar, je garde d’autres souvenirs marquants.
La déambulation dans Ouadane, au coucher du soleil. La ville ancienne à flanc de falaise sur le plateau du Dharest impressionnante.J’ai été éblouie par la mosquée reconstruite à l’ancienne - grâce à des fonds portugais - avec ses rangées de voûtes. Il faut un peu d’imagination pour reconstituer ce que furent ces ruines à l’époque de leur flamboyance au 16 ème siècle. L’UNESCO a classé la ville, patrimoine de l’humanité. Mais il reste encore beaucoup à faire.
Remarquables aussi pendant cette semaine de trek, les rencontres avec les habitants nomades. Avec ce vieux monsieur édenté du village de Tanouchert, fier de son potager. Avec ces jeunes bergers, venus nous proposer des pointes de flèches trouvés dans un reg.
Avec une famille installée à proximité de son troupeau de chèvres. Simplicité du chef de famille, qui nous accueille sous sa tente. Et qui prépare un thé pour notre groupe de 11 personnes !A côté de lui , sa femme, gestes réguliers pour remuer une corde sur un trépied surmonté d’une vessie de chèvre. J’ai goûté du bout des lèvres le « zrig », lorsque la calebasse a circulé de main en main, en guise de bienvenue.
Et puis, l’urbaine que je suis ne se lasse pas du rituel renouvelé du bivouac. Les chameaux, libérés de leur chargement, qui disparaissent à la recherche de nourriture. Le choix de l’endroit où on s’installera pour la nuit à l’abri du vent. L’observation du ciel étoilé et l’attente de l’éventuel passage d’une étoile filante. Et bien sûr, la fascination du feu.
Allumé à la fois pour devenir les petits tas de braises de la théière. Et pour la fabrication du pain sous la cendre. Du pain que l’on mangera au petit déjeuner du lendemain, avec autant de plaisir que si c’était une baguette tout droit sortie de la boulangerie.
J’ai marché une semaine en oubliant tout le reste : le rythme trépidant de la ville, le travail, les contraintes quotidiennes. Les paysages naturels préservés m’ont apporté la sérénité que je venais chercher dans le désert. Je le sais déjà. Je reviendrai en Mauritanie.
Catherine Verger