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29-04-2018

06:29

Mauritanie : Oumar Ball, peintre et sculpteur prodige

Le Fil Rouge - Oumar Ball a 33 ans. Il est né au sud de la Mauritanie dans la vallée du fleuve Sénégal.

C’est là qu’il puise une grande partie de son inspiration. Peintre et sculpteur, autodidacte, le jeune homme aime explorer différentes techniques, différents supports pour capter la poésie du quotidien. Il interroge le sens de l’existence et questionne notamment les rapports entre les animaux et les hommes.

Explorateur de matières

Malgré son jeune âge, Oumar Ball a déjà retenu l’attention du monde de l’art. À 15 ans, il expose pour la première fois au Centre Culturel Français de Nouakchott. Il participe ensuite à plusieurs résidences d’artistes en France, en Espagne ou au Sénégal.



Son dernier projet, une série de peintures sur les objets du quotidien, a été présenté au Grand Palais à Paris dans le cadre de Art Paris Art Fair (rendez-vous incontournable qui réunit la création mondiale émergente), à AKAA (à Paris encore) une foire d’art contemporain africain, ainsi qu’à Dakar à l’occasion de l’exposition « Partcours ».


Connu pour ses personnages filiformes et ses représentations d’animaux, il est aussi apprécié pour son exploration des matières : acrylique, encre, terre, fil de fer, et autres objets ou matériaux recyclés donnent à ses œuvres un formidable ancrage dans la réalité quotidienne. « Cette relation avec la matière vient de l’univers de mon enfance, de mon village au sud de la Mauritanie sur le fleuve Sénégal. Je vivais dans un univers avec des maisons faites de terre, de paille et de fumier. C’était aussi un monde d’élevage et de cultivateurs, des hommes et des femmes braves qui étaient en harmonie avec la terre. Je crois que ce besoin de jouer avec la matière vient de là ! J‘aime toucher et j’aime ressentir quand que je touche. »



« Pour ma famille je suis celui qui ne jette rien mais qui au contraire amène des déchets à la maison. J’adore réaliser mes œuvres à partir des matériaux qui m’entourent. Pour moi toute matière a une âme et c’est bien cette âme qui donne du sens à mes réalisations. »
Poète du quotidien

Oumar Ball est né en 1985 à Bababé, à la frontière avec le Sénégal. C’est là qu’il commence à sculpter dès l’âge de 9 ans. Puis il découvre la peinture, grâce à son père d’abord, peintre et photographe du village. Au décès de sa grand-mère, il rejoint ses parents à Nouakchott. Mais il garde une profonde sensibilité pour l’environnement de son enfance. Sa démarche artistique est fortement imprégnée des sensations et des objets de cette époque. « Je veux témoigner d’une vie simple qui tend à disparaître et de sa beauté, de la paix de ceux qui vivent modestement, mais dans l’harmonie de la nature. Je veux montrer aussi que l’Afrique, ce n’est pas que la misère, la destruction et la guerre. »



« En tant que jeune artiste j’ai toujours essayé de trouver ma propre voie, sans copier des grands maîtres. Il n’empêche que j’aime beaucoup l’époque de l’art moderne, Van Gogh, Picasso ou Dali par exemple. J’apprécie aussi beaucoup des artistes contemporains comme les Allemands Anselm Keifer ou Gerard Risther, le Catalan Miquel Barceló, que j’ai découvert lors de ma résidence à Segovia en 2008, la peintre sud-africaine Marlyn Dumas, ou les sculpteurs sénégalais Ousmane Sow et ghanéen El Anatsui. »

Éduquer à l’art : un défi en Mauritanie

Mais le jeune artiste de citer aussi quelques grands noms mauritaniens comme Amy Sow, Bèchir Malum, Daouda Corera, ou Salah Lo. Il regrette toutefois que l’art soit si peu considéré dans son pays. « La vie d’artiste reste très difficile dans ce pays, car les Mauritaniens d’aujourd’hui ne connaissent pas le rôle de l’art dans la vie de tout être humain. Pourtant l’art est très présent dans la civilisation de mon pays. Nous avons par exemple des peintures rupestres. La première fois que j’ai visité ces grottes j’étais accompagné par un jeune guide nomade de 15 ans. C’était merveilleux, j’avais l’impression de déambuler dans un véritable musée en pleine nature ! »



C’est aussi sans doute ce contexte et cette absence d’éducation à l’art qui confèrent à Oumar Ball une spontanéité qui fait la richesse et l’originalité de son œuvre. « La plupart de mes œuvres je les réalise sans faire d’esquisse. Je débute à même la toile, ça laisse des lignes de crayons, de charbon, des superpositions de couches et de tâches. »

M.A. – Équipe Le Fil Rouge

Toutes les photos sont issues de la page Facebook de l’artiste.





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