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05-10-2018

13:10

Quelle nation, quel pays, quels dirigeants voudraient-ils maintenir leur peuple dans l’ignorance ?

Oumar Mohamed Moctar EL HAJ - Il est quelque chose de surprenant, de surréaliste, même, qui se passe dans notre paisible pays (au moins dans certains de nos récents souvenirs). Depuis quelques années les pouvoirs publics se sont donné pour défit d’interdire l’enseignement à tous ceux qui peuvent, encore, apprendre.

Les décisions les plus récentes concernent l’interdiction à ceux dont l’âge à atteint 25 ans de se présenter pour le baccalauréat. Cette décision a été annoncée sans concertation préalable, ni études, une décision, le fait du prince.

Il s’agit la d’une décision, qui même arbitraire, a été annoncée, au préalable. Plus surprenant, encore, les nouveaux bacheliers, natifs, parfois, sur preuve d’un recensement biométrique établi par une armée d’illettrés, qui a, souvent, charcuté des noms, augmentée l’âge d’une ou de plusieurs années, qui ont participé au baccalauréat de la dernière chance et qui l’ont finalement décroché,

malgré les carences ataviques d’un système éducatif alités depuis des décennies et souffrant de plusieurs maladies, se sont vu signifié qu’il n’ont pas eu droit à une orientation non pas vers les plus grandes universités du monde, mais vers les facultés de droits, d’économies, des sciences et des langues de leur propre pays. Il leur a été répondu, qu’à l’âge de 25 ans ils sont devenus trop vieux pour apprendre et se perfectionner.

Cette mesure qui n’est pas plus ridicule que celles qui l’ont précédées, à l’imbécile caractéristique de ne pas avoir été annoncée au préalable, le gouvernement par lui-même et par le biais de son ministère de l’éducation a laissé des centaines d’élèves financer leur scolarité, une année durant et étudier jours et nuits pour décrocher le baccalauréat, les a laissés participer à cette hasardeuse épreuve, mais une fois arrivés à la fin du parcours, on leur dit, non vous n’êtes pas concernés, retournez chez vous.

Ce genre de décision, comme bien d’autres, ôte toute force au principe de la légalité, au principe de la non rétroactivité, vide la constitution et les textes qui s’y adossent de toute force juridique ou morale.

Quand un texte de loi peut être mis en échec par une circulaire, ou par le refus d’un agent public qui a reçu une instruction verbale d’une quelconque hiérarchie, le Gouvernement qui est l’expression de l’Etat dans la mesure où il avait déjà pris en otage les pouvoirs législatif et judiciaire, depuis bien longtemps, perd toute légitimité. Le système de la gazra semble s’être généralisé, par son biais tout devient possible, prendre les biens d’autrui, neutraliser les textes de loi, asservir des magistrats qui par nature doivent être indépendant, prendre le pouvoir et le reprendre à volonté, décréter une décision changeant l’emplacement de la QIBLA.

Où allons-nous comme cela. Nous devons nous ressaisir avant qu’il ne soit trop tard. Chacun aura un jour à partir mais les conséquences de ses décisions et de ses actions pourraient créer bien longtemps après lui le bonheur ou le malheur des générations qui vont lui succéder.

Aujourd’hui des centaines de malheureux élèves dont le rêve de réussir et de s’armer pour une vie qui devient chaque jours plus invivable est brisé sur une montagne d’ignorance, d’ineptie et d’inconséquences font le siège de la direction de l’enseignement supérieur. Mais y trouveront-ils quelqu’un qui aurait au moins le pouvoir d’écouter ? Sans exagération, le doute est permis.

Il est inconcevable de penser que la généralisation du savoir et la prolifération des diplômes peut être un handicap au développement. Il faut être un malade mental pour raisonner de la sorte. Les pays comme le Japon, la Chine, l’Inde, l’Indonésie et bien d’autres pays sont devenus des nations développées en raison de la généralisation de l’enseignement et du savoir. Plus prêt de nous, la Tunisie dont j’ai lu récemment que plus de 10.000 ingénieurs ont migré vers d’autres pays en raison de la politisation de la vie et de la déséconomisation de la vie qu’elle engendre. Ces 10.000 ingénieurs apporteront des devises, un savoir faire, et tisseront des relations qui pourront, demain, sauver leur pays. Il est de bonne logique préférable d’avoir un manœuvre ou un employé de maison ayant une maitrise ou un doctorat que d’avoir un Ministre ou un chef d’Etat qui n’a pas un brevet d’étude secondaire (dument obtenu).

Pauvre Mauritanie dont les dirigeants n’ont de levier sur lequel ils appuient, autre que l’utilisation de la loi, l’abus de droit, l’interdiction, au point de s’orienter, dangereusement, vers l’interdiction du savoir…. S’agirait d’un levier du programme politique de la nouvelle décennie? A y réfléchir, ceux qui sont surpris par la fermeture récente d’un centre d’enseignement du QURAN et du Fikh et d’une université privé trouveront peut être une justification de politique générale et non particulière.

Ceux qui sont aujourd’hui aux commandes et ceux qui aspirent à tenir le gouvernail entre les deux mains doivent réfléchir à ces versets coraniques et bien d’autres. Un siècle ne représente rien dans les cinq milliards d’années écoulés et les cinq milliards restant (sur le temps connu) et rien encore dans l’éternité, pour ceux qui y croient.

يوم يبعثهم الله جميعا فينبئهم بما عملوا أحصاه الله ونسوه والله على كل شيء شهيد

Le jour où ALLAH les ressuscitera et les informera sur ce qu'ils ont fait, Dieu l’a recensé et ils l’ont oublié, et ALLAH est témoin de toutes choses.

Oumar Mohamed Moctar EL HAJ
Avocat
oumarmohamed@hotmail.com
www.vocatmauritanie.com



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