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Décès de la première présidente du mouvement des femmes en Mauritanie
Adrar Info - Hier (Vendredi, NDLR) a été annoncé le décès de la pionnière de l’émancipation des femmes mauritaniennes, la respectable Mariem Mint Hamdinou.
La défunte a très vite investi la scène de la lutte pour l’émancipation des femmes, dés les premières années de l’indépendance nationale, en se portant, en 1961, la première présidente de l’Union des femmes mauritaniennes, qui comptait, entre autres pionnières, Mariem Daddah, épouse du père de la nation et la ministre madame Aissata Kane.
Tout comme elle a organisé et dirigé les premiers congrès des femmes mauritaniennes et entretenu des relations entre les femmes mauritaniennes, avec celles du monde et en particulier les femmes tunisiennes.
Pour tout connaitre à propos du mouvement des femmes en Mauritanie :
Parcours historique
« Le 12/12/1961, un an après l’indépendance, un groupe de femmes mauritaniennes tient, pour la première fois, une réunion consultative pour créer l’Union des Femmes Mauritaniennes. Cette union présidée, au début par Marième Mint Hamdinou, fut dénommée « Union des Femmes de Nouakchott » et s’élargit par la suite pour devenir « Union des Femmes Mauritaniennes(1) ».
Le 5 mars 1962, une lettre parvient au Président Moktar Ould Daddah avec le premier règlement de cette union dont les objectifs sont les suivants :
● L’amélioration du niveau culturel des femmes mauritaniennes sans distinction de race ou de religion,
● La scolarisation de toutes les filles,
● La protection de la femme par la lutte contre le divorce anarchique,
● La défense des droits de la femme mauritanienne dans tous les domaines socio-politiques jusqu’à ce que son niveau intellectuel et matériel lui permette d’être l’égale de la femme dans le monde,
● La lutte contre l’ignorance et les mauvaises habitudes,
● L’éducation des enfants selon la pédagogie moderne sans négliger l’éducation islamique(2),
● La contribution à la construction d’une société musulmane moderne et juste dans notre état indépendant,
● La promotion du niveau de la femme mauritanienne jusqu’à la naissance d’un mouvement ou d’un groupe de femmes capable de participer activement au service du pays.
Il est étonnant que ces objectifs ne contiennent pas la revendication de « l’égalité avec l’homme », demande qui se situe au centre des doléances avancées par toutes les organisations, unions ou associations féminines de par le monde en cette période spéciale (3). Cela s’explique par le fait que l’Union des Femmes Mauritaniennes n’a pas encore de contacts avec le féminisme tel qu’il est revendiqué partout à travers le monde (Occidental surtout).
Ajoutons à cela que Madame Marième Mint Hamdinou qui présidait l’Union était une femme traditionaliste à culture religieuse qui savait que les objectifs de l’Union doivent nécessairement partir des conditions de la société et tenir compte de ses spécificités marquées toujours par un solide conservatisme !
Ainsi, l’aspect sexiste du féminisme international ne revêtait pas d’importance pour les mauritaniennes et leurs revendications consistaient, essentiellement, à réclamer l'enseignement, le travail et la participation à la constitution du jeune Etat.
(…)Puis l’union des femmes mauritaniennes s’est élargie en regroupant les femmes des régions hors Nouakchott. L’union créa également, un bureau des femmes mauritaniennes résidant à Dakar, en juillet 1962. Ce n’est que bien après que l’Union des femmes mauritaniennes commença à mener son action et à participer au nom des femmes mauritaniennes, aux séminaires et colloques sous-régionaux et internationaux.
Le premier congrès local auquel l’Union participa fut le Congrès de l’Unité le 25/12/1962 (4). Madame Marième Mint Hamdinou y prononça un discours en arabe qui fut apprécié par l’assistance et traduit en français par Marième Mint Elkory. En 1964, naquit une autre union féminine dénommée « Ligue Féminine » sous la présidence de Maimouna Mint Menneya(5).
Lors du 2ème congrès du Parti du Peuple Mauritanien en 1964, la Ligue féminine, Présidée par Mesdames : Marièm mint Hamdinou et Marièm Daddah,
respectivement Présidente effective et Présidente d’honneur, ont disparu et furent remplacées par le « Conseil Supérieur des Femmes » présidé par par Marième Daddah jusqu’en 1967 ou Mme Aissata Kane prend sa relève et reste à sa tête de jusqu’au 10 juillet 1978. Ce mouvement adhéra au PPM et pris le nom de « Femmes du Parti du Peuple », à l’instar de la « Jeunesse du Parti du Peuple » qui adhéra elle aussi au Parti à cette époque.
La fin des années 60 et le début des années 70 ont connu une intense activités des femmes qui commencent à participer aux séminaires et colloques internationaux et les délégations féminines internationales viennent les visiter. Il est normal que cette rencontre se reflète sur les revendications de la femme mauritanienne. Ainsi, la réclamation de la liberté et de la libération paraît peu à peu (6) et le sentiment d'esclavage et le désir d’émancipation atteignent leur sommet au milieu des années 70.
(…)A la fin des années 70, le Conseil Supérieur des Femmes était présidé par Madame Aissata Kane plus connue sous le nom de Madame Moctar Touré née
Khadia Kane ( qui fut membre de la commission nationale des femmes de Mauritanie Présidée par Madame Marième mint Hamdinou et membre du Conseil supérieur des Femmes présidé par Marièm Daddah avant de prendre sa
relève fin 67).
Le 10 juillet 1978, le Comité militaire de redressement national dissout alors toutes les organisations des jeunes et des femmes dans son communiqué n°1. Le discours de la femme disparaît définitivement et sa disparition continue jusqu’à la période de présidence de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, qui annonça dans son discours du 5 mars 1986, (devenu fête nationale de la femme) la demande de participation de la femme et l’affirmation de son rôle dans le développement.
Cette demande fut appuyée par la création d’un département nouveau pour les femme, au niveau du Secrétariat permanent du Comité militaire de salut national.
La première responsable de ce département fut Madame Vatimétou Mint Haroune Ould Cheikh Sidiya à laquelle succéda Madame Marième Mint Ahmed Aicha. Avec celle-ci, le département se transforma en Secrétariat exécutif chargé de la promotion féminine.
Avec l’avènement de la Démocratie, le Secrétariat exécutif devient Secrétariat d’Etat à la Condition Féminine et Madame Mint Ahmed Aicha fut la première titulaire du porte-feuille de la condition féminine.
Depuis la proclamation de l’indépendance du pays, huit femmes ont occupé des postes ministériels :
1. Touré Aissata KANE : Ministre de la protection de la famille et des affaires sociales (1970)
2. Khadijetou MINT AHMED : Ministre de l’industrie et des mines (milieu des années 80)
3. Marième MINT AHMED AICHA : Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine (Milieu des années 90)
4. Seniya MINT SIDI HAIBA : Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine (Milieu des année 90)
5. Aichetou MINT MHEIHEM : Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine (année 90)
6. Mintata MINT HEDDEID : Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine (à nos jours)
7. Khadijetou MINT BOUBOU : Secrétaire d’Etat à l’Etat civil (actuellement)
8. Diyé BA : Ministre de la santé et des affaires sociales
9. Fatimétou MINT MOHAMED SALECK : Secrétaire d’état aux nouvelles technologies (actuellement)
La nouvelle Constitution mauritanienne accorde à la femme le droit d’éligibilité et de vote et nous avons aujourd’hui des femmes maires et des femmes parlementaires ».
(Extrait de « Femme mauritanienne : dualité de l’harmonie et de la mésentente » de MINT MEILOUD, Hawa, SECF, 2001, p22-27)
A cette douloureuse occasion les rédactions de Mourassiloun et adrar.info présentent leurs condoléances attristées à toute la famille de la défunte, à ses amies, et connaissances.
Qu'Allah l’agrée en son saint paradis. Nous sommes à Dieu et à Dieu nous revenons.
Adrar.info en collaboration avec mourassiloun.com