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20-11-2018

07:12

Djindah Mohamed Moustapha BAL, la passion des projets

Aza magazine - Elles sont de plus en plus nombreuses à embrasser le chemin de l’autonomisation.

En Mauritanie, on les surnomme les femmes fortes. Nous sommes partis à la recherche d’une femme influente de par sa détermination à entreprendre, de par son engagement à s’affirmer « Femme » ? Djindah est une icône en Mauritanie, en tête de plusieurs entreprises.

Aujourd’hui elle inspire beaucoup de jeunes. A cœur ouvert, elle nous fait voyager dans son univers d’entrepreneure et de mère de famille.

1/ Parlez-nous de vous et de la place que vous occupez dans la société Mauritanienne (famille, travail …)

Cela me fait drôle de parler de moi. En effet, mon métier consiste plutôt à parler des autres et à les mettre en avant (communication, publicité). Je m’appelle Djindah Mohamed Moustapha BAL. J’ai 38 ans, mariée et mère de 3 enfants. A cela, je suis titulaire d’un Master en Communication et Marketing de l’ISEG Paris.

J’ai créé mon entreprise Butterfly en septembre 2006 dans le but de participer au développement économique de mon pays et encourager l’entreprenariat. La place que j’occupe dans la société Mauritanienne ? Je serai bien prétentieuse d’en parler. Je dirai simplement que je suis une jeune entrepreneure qui essaie de contribuer un tant soi peu à l’émancipation de la femme Mauritanienne.

2/ Vous avez créé Butterfly, qui est une agence de consulting et de communication. Quelle a été votre plus grande motivation dans la mise en place de cette entreprise ?

Ma plus grande motivation est sans aucun doute le souci d’émancipation qui m’a toujours animée. Plus jeune, je ne pouvais m’imaginer salariée à vie. J’ai très vite voulu avoir mon indépendance financière et surtout me lever tous les jours avec enthousiasme à l’idée d’exercer un travail qui m’exalte. A cela, j’ajouterai le rejet de la hiérarchie traditionnelle.

3/ Les femmes mauritaniennes ont mis du temps avant de sortir de leur gouffre et entreprendre. Et vous, quel a été votre plus grand secret ?

Je n’ai pas vraiment de secret, et, je pense surtout qu’il n’y en a pas. Tout d’abord, il faut croire en ses projets quels qu’ils soient, ensuite, structurer ses idées et enfin, s’entourer de personnes compétentes afin de bénéficier d’une vision à long terme.

Je dois vous avouer que toutes les difficultés rencontrées, Dieu sait s’il y en a eu, ne sont en rien liées au genre. Voyez-vous, en Mauritanie les femmes n’ont pas vraiment à se plaindre par rapport à d’autres pays.

Parmi les obstacles rencontrés, je citerai :

- L’accès au financement

- La compréhension de mon métier

- Trouver des collaborateurs compétents

Ceci dit, je suis consciente et déplore tous les freins liés à l’entreprenariat féminin partout dans le monde. Nous disposons chez nous d’une génération de jeunes femmes très dynamiques qui tentent brillamment de bousculer les choses. Je pense notamment à Aissata Lam de la Jeune Chambre de Commerce, Kane Mariem de Hadina, Mouna Atigh pour ne citer que celles-là.

Au niveau des pouvoirs publics, nous pouvons constater un effort constant dans l’implication des femmes aux affaires de l’Etat, et je ne peux que m’en réjouir.

4/ Comment survit votre entreprise ? Financement, partenariat ?

Mon entreprise existe Al Hamdoulilah depuis 12 ans. Elle a capitalisé une expérience dans le domaine de la communication et dispose de clients qui lui font confiance et travaillent avec elle depuis le début. Avec le temps, notre portefeuille client s’est beaucoup agrandi Ma Cha Allah. Nous disposons également de partenariats étrangers tels que Havas Medias, Africatel AVS, Full Circle Media …

5/ Avez-vous rencontré des défis et obstacles ?

Selon moi, les défis sont quotidiens.

Parmi eux :

- Conquérir de nouveaux marchés

- Fidéliser les clients et aller de l’avant par l’innovation afin d’avoir toujours une longueur d’avance

En ce qui concerne les obstacles, je ne pense pas vraiment en avoir rencontré. Je peux citer la concurrence, mais celle-ci nous permet d’être plus compétitifs, prouver notre expertise pour valoriser notre expérience.

6/ Aujourd’hui vous êtes à la tête d’autres entreprises. Comment maintenez-vous le cap ?

Aujourd’hui par la grâce de Dieu, je gère plusieurs choses à la fois car j’ai su déléguer.

Je dois le reconnaitre, je ne m’en sortirai pas si j’étais seule. Je suis entourée d’une équipe formidable qui abat tous les jours un travail harassant et ce, avec le sourire. De plus, je ne m’implique que dans des projets qui me passionnent, me donnant ainsi la force et le courage de les mener à bien Al Hamdoulilah.

7/ Est-ce que le fait d’être femme ne crée pas parfois des obstacles dans l’acquisition de marchés ? Y a-t-il une quelconque discrimination ?

Non, pas du tout. Bien au contraire. La Mauritanie fait partie de ces pays où les femmes sont, je dirai même, privilégiées. J’ai toujours été traitée avec déférence partout où je suis allée. En revanche, le marché est très étroit du fait que l’offre est largement supérieure à la demande.

8/ Vos relations avec votre personnel ?

Je pense que c’est une question qu’il faut leur poser. Je peux dire tout simplement que nous travaillons dans une ambiance sereine et surtout dans le respect mutuel. Il m’arrive parfois de m’emporter, mais toujours pour des raisons objectives et par souci du travail bien fait. Je ne supporte pas la fainéantise.

Je travaille avec la même équipe depuis bientôt 10 ans. Nous sommes passés de 3 à 11 collaborateurs à ce jour Al Hamdoulilah. Ils connaissent mon tempérament et me savent exigeante. Pour le reste, je m’efforce d’être juste et de les motiver au maximum pour qu’ils soient au meilleur de leurs performances.

9/ Vous avez été élue en 2016 Oscar de Hokan Africa qui nomme les meilleurs entrepreneurs en Afrique, et les jeunes Mauritaniens voient en vous une référence dans le monde du business. Quel serait votre message pour la jeunesse Mauritanienne ?

Créer son entreprise est un réel challenge. Un magnifique défi, qui est très loin d’être impossible à réaliser. Il faut, malgré tout, mettre toutes les chances de son coté si l’on veut réellement pérenniser sa structure. Bien que des aides à la création d’entreprise existent (administratives ou financières), le destin de votre entreprise demeure entre vos mains.

Aujourd’hui, mon message à la jeunesse mauritanienne est qu’il faut d’abord croire en soi et à son projet pour que les autres croient en vous. On ne peut réussir un projet s’il n’est pas bien conçu au départ et c’est souvent ce qui fait défaut. Les idées sont présentes, cependant la mise en œuvre demeure très compliquée. S’entourer de personnes ressources, se rapprocher des institutions financières muni d’un dossier bien ficelé, être patient, endurant, persévérant, oser assumer l’échec et se relever. La réussite est au bout de l’effort.

Houleye
houleye@aza-mag.com
Mauritanie

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Cette interview a été réalisée par Aza Magazine, avant la nomination de Mme Djindah Mohamed Moustapha Bal en tant que Ministre de la Jeunesse et Sports de Mauritanie



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