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18-12-2018

15:16

En 2018, 80 journalistes ont été tués dans le monde

Le Monde - « La haine contre les journalistes proférée par des leaders politiques a des conséquences dramatiques sur le terrain », met en garde Reporters sans frontières dans son bilan annuel.

Après trois années de baisse, les violences contre les journalistes sont reparties à la hausse en 2018, avec 80 journalistes tués à travers le monde, selon le bilan annuel de Reporters sans frontières (RSF) publié mardi 18 décembre. En 2017, 65 journalistes avaient été tués dans l’exercice de leur mission d’information.

Parmi les victimes cette année, 63 journalistes professionnels, soit une hausse de 15 %, treize non-professionnels (contre sept en 2017) et quatre collaborateurs de médias, souligne l’organisation non gouvernementale sise à Paris, déplorant une violence « inédite » contre les reporters. Plus de 700 journalistes professionnels ont été tués ces dix dernières années, selon RSF.

Violences démultipliées

Plus de la moitié de ceux qui sont morts dans l’exercice de leur fonction ont été « sciemment visés et assassinés », à l’instar de l’éditorialiste saoudien Jamal Khashoggi, tué au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul (Turquie) le 2 octobre, et du journaliste slovaque Jan Kuciak, mort le 21 février.

« La haine contre les journalistes proférée, voire revendiquée, par des leaders politiques, religieux ou des “businessmen” sans scrupule a des conséquences dramatiques sur le terrain et se traduit par une hausse inquiétante des violations à l’égard des journalistes », déplore Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.

« Démultipliés par les réseaux sociaux, qui portent à cet égard une lourde responsabilité, ces sentiments haineux légitiment ces violences et affaiblissent, un peu plus chaque jour, le journalisme et, avec lui, la démocratie », s’inquiète-t-il, cité dans un communiqué.

L’Afghanistan, le plus meurtrier

Les victimes sont majoritairement des hommes (77 pour trois femmes), travaillant localement (75 journalistes locaux et cinq étrangers). C’est l’Afghanistan qui a été le pays le plus meurtrier pour les journalistes cette année avec quinze tués, détrônant la Syrie, qui occupait cette place depuis 2012 et reste le deuxième pays le plus dangereux avec onze reporters tués.

Le 30 avril, un double attentat à Kaboul a causé la mort de neuf journalistes, parmi lesquels le photographe de l’Agence France-Presse Shah Marai Fezi et des reporters de Radio Free Europe et Tolo News. Cet attentat est le plus important commis contre des journalistes depuis le massacre de Maguindanao, aux Philippines, en 2009, dans lequel au moins trente-deux avaient été tués.

Autre fait notable pour RSF, près de la moitié des journalistes se sont fait tuer dans des pays en paix, comme le Mexique (neuf reporters assassinés, troisième pays le plus dangereux), l’Inde (six morts) et les Etats-Unis (six morts) qui font leur entrée dans ce sombre palmarès à la suite de la fusillade sanglante contre la rédaction du Capitol Gazette.

Hausse des détentions

Par ailleurs, le nombre de journalistes détenus dans le monde est lui aussi en hausse, souligne RSF : 348, contre 326 en 2017 (+ 7 %), une augmentation qui concerne particulièrement les non-professionnels.

Cinq pays détiennent à eux seuls plus de la moitié des reporters emprisonnés : l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Turquie et la Chine, plus grande prison de journalistes du monde avec soixante détenus, dont les trois quarts sont des non-professionnels.

« Avec le durcissement de la réglementation concernant Internet, ces journalistes sont emprisonnés, dans des conditions souvent inhumaines, pour un simple post ou un billet d’information sur les réseaux sociaux ou une messagerie privée », regrette Reporters sans frontières.

Le nombre d’otages a lui aussi augmenté de 11 % avec soixante journalistes captifs à ce jour, contre cinquante-quatre en 2017. Cinquante-neuf d’entre eux sont retenus au Moyen-Orient (Syrie, Irak et Yémen). Parmi eux, six sont des étrangers.

Enfin, RSF a enregistré trois nouveaux cas de journalistes disparus au cours de l’année, deux en Amérique latine et un en Russie. L’organisation considère qu’un reporter est porté disparu lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’éléments pour déterminer s’il a été victime d’un homicide ou d’un enlèvement, et qu’aucune revendication crédible n’a été diffusée.

Le Monde avec AFP



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