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27-12-2018

16:45

L'arabe, l'arabisation et nous négro-mauritaniens! Par Kaaw Touré

Kaaw Touré - J´ai suivi l'Oral de mon ami Gourmo Abdoul Lo à Chinguitti TV, surtout ébahi par l´argumentaire du journaliste- qui jouait à l'idéologue et partisan de l'arabisme avec des arguties d´aliénation à une balle.

J'ai apprécié la pertinence de la réponse de mon ami Gourmo, que je salue au passage, mais permettez-moi de revenir encore une fois sur cette question de l´arabe et de nos autres langues nationales négro-africaines. Dans un espace où cohabitent des langues différentes, la paix, la stabilité et le développement ne sont possibles que s´il est institué un multilinguisme qui correspond à une répartition spatiale et socio-politique juste de l´épanouissement de ces mêmes langues.

La règle de la compétition loyale verra une langue s'imposer au fil du temps par son dynamisme propre, ou alors la densité des interférences en créera une nouvelle. Dans tous les cas, ce n'est pas par des pratiques moyenâgeuses telles que celles adoptées par l'Etat mauritanien qu'une langue s´imposera sur les autres.

On connait depuis longtemps l'étendue de l´arrogance bornée des nationalistes arabes Mauritaniens (surtout les Bathistes et Nasseriens) qui croyaient pouvoir décréter l'arabité de la Mauritanie par des emprisonnements, des déportations et l´épuration ethnique.

Ainsi le matraquage intempestif à la radio, à la télévision et à l´école de l'arabe au mépris de toutes les autres langues nationales a provoqué le rejet en bloc non de cette langue, mais de l´utilisation qui en est faite, par tous les mauritaniens, y compris tous les arabes réfléchis et patriotes qui, à l´opposé de quelques inconditionnels du Baathisme et du Nassérisme, comprennent la nécessité pour le progrès et la paix du pays, l'épanouissement de chaque citoyen dans sa propre langue. Nous n´avons rien contre l'arabe en tant que langue mais nous sommes contre l´arabe en tant qu´instrument de domination, d´exclusion et d´oppression des communautés négro-africaines.

Les contre-performances chroniques de l´école et de l'administration mauritanienne ne suffisent-elles pas de montrer l´échec de la politique bornée d´arabisation à outrance? Il est vrai que c´était plus pour "beydaniser" ses institutions que l'État raciste et ethno-génocidaire s´est engagé pour l´aventure que l´on connait.

L´institut des Langues Nationales, fruit de la lutte héroïque du mouvement noir a été chroniquement saboté par le gouvernement, avec des moyens de fonctionnement dérisoires et des activités limitées. Il est cependant la base de la réhabilitation des langues nationales. L´alphabétisation des populations et la transcription des concepts scientifiques dans ces langues sont une nécessité impérieuses.

L'arabe, le Bambara, le Pulaar, le Soninké et le Wolof doivent bénéficier du même statut et par conséquent jouir des mêmes DROITS dans tous les domaines en vertu de l'ÉGALITÉ absolue des nationalités.

En fait le problème Négro-Africain est un problème d’exclusion globale; exclusion sur le plan politique, économique, culturel et social. Ils réclament l’Enseignement des Langues Nationales garant de leur identité, en toute légitimité, sans exclure ni l’Arabe ni le Français ou autre langue. Tel est l’enjeu et la véritable dimension du problème!

Et la lutte continue!



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