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24-01-2019

16:00

Naufrage en mer des ressortissants du Guidimkha : Un natif de la région se dit outré par les réactions du pouvoir face au drame

Le Calame - « Nous ne comprenons pas pourquoi le porte-parole du gouvernement et le président de l’Assemblée Nationale se sont obstinés à nier la disparition tragique de jeunes ressortissants du Guidimakha, entre le Maroc et l’Espagne », s’indigne, M. Aliou Silly Sow, natif de la région et membre du parti APP.

Cette posture des hauts responsables du pouvoir mauritanien est d’autant plus incompréhensible que diverses sources concordantes ont confirmé ce drame qui a emporté plus de 52 jeunes dont les parents ont organisé la prière aux morts et effectué le deuil prescrit par la religion, après avoir reçu la confirmation.

Des photos et fiches d’identification des repêchés ont également été publiées dans la presse et les réseaux sociaux. Le HCR a aussi produit un Communiqué confirmant des faits fournis par d’autres Ong. Dans la foulée, un collectif des parents des disparus s’est constitué. Les partis politiques ont réagi.

Face à ces réactions, ce ressortissant du Guidimakha, s’étonne du refus des autorités mauritaniennes à prendre en compte ces informations fournies par diverses sources et partant, compatir avec les parents des victimes. Parce que tout simplement, croit-il savoir, ce drame vient démontrer au grand jour, les failles dans la lutte contre les réseaux clandestins des passeurs.

Et d’expliquer: si les jeunes du Guidimakha ont choisi de partir à l’aventure, à leurs risques et périls, c’est parce qu’ils ne trouvent pas de moyens pour s’épanouir chez eux. La Wilaya du Guidimakha, contrairement aux autres est l’une des plus pauvres du pays ; elle ne dispose presque d’aucune infrastructure de développement, excepté la route dite « Baobab », constate Sow outré.

Autre raison, renseigne Sow, l’agriculture et l’élevage qui occupaient, jusqu’à une date récente leurs parents ne permettent plus de vivre décemment à cause de la rareté des pluies mais aussi la pression d’autres animaux en divagation qui envahissent la région pendant la période de soudure. Conséquence, il faut souvent se rendre au Mali pour pâturer.

Aussi, les cadres politiques de la région ne plaident presque point pour leur terroir…Comment dans cette situation, les jeunes de cette partie du pays peuvent-ils rester au village, se demande M. Sow.

Ils partent parce que ceux qui ont réussi à échapper aux furies de l’Océan Atlantique bâtissent, à leur retour au bercail, de belles maisons, aussi bien au village qu’à Nouakchott et s’achètent des voitures.

Avant d’embarquer vers l’inconnu, ces jeunes viennent s’entasser dans des taudis, à Nouakchott. Et sans travail décent, ce que les jeunes diplômés ne trouvent plus, ils deviennent charretiers, manœuvres ou domestiques pour mobiliser des moyens pour le voyage, fait remarquer Sow. Voilà les raisons objectives qui les poussent à abandonner leur chez, martèle-t-il.

Les autorités mauritaniennes doivent œuvrer pour améliorer les conditions de vie des populations en créant des infrastructures de développement. Rien ne sert de nier ce drame humain, c’est un fait, il faut plutôt s’attaquer à ses causes profondes, conseille le guidimakhanké, qui saisit l’occasion pour adresser ses condoléances les plus attristées aux familles éplorées.



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