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Sous la Khaïma, Sebkha littéraire
Traversees-Mauritanides - Le dimanche 20 janvier dernier, l’Association des Gestionnaires pour le Développement (AGD) et l’Association Traversées Mauritanides ont réussi une prouesse en organisant une rencontre littéraire à Sebkha, un quartier populaire de la capitale. Dans un partenariat élaboré, les deux structures travaillent ensemble sur des actions de proximités avec les milieux de la jeunesse et de la culture.
Cela dans le cadre du projet EMELI dénommé « Autonomiser la jeunesse par l’éducation, le leadership et le progrès personnel », financé par l’USAID qui vise à soutenir le gouvernement mauritanien, les acteurs du secteur privé et ceux de la société civile. Pour les besoins de leur stratégie, AGD et EMELI disposent d’un centre culturel d’échanges mis en place à Sebkha pour les jeunes.
Son but est de renforcer les compétences des jeunes issus des quartiers périphériques de Nouakchott.
En confiant une telle opération à Traversées Mauritanides, dotée d’une grande expérience dans la mobilisation en milieu scolaire, AGD et EMELI mettent à exécution des plans d’action ambitieux : des séries de formations et la promotion de l’expression des jeunes par le biais d’activités innovantes.
Les deux entités ont alors pensé à un concept dit Sous la Khaima. Le but est de palier le peu d’intérêt que les jeunes ont pour la lecture, et du livre en particulier. Sans doute que les nouvelles technologies sont passées par là. On assiste également de plus en plus à des décrochages scolaires…
La 1ère de Sous la Khaïma du 20 janvier 2019 à Sebkha a eu pour thème : Littérature, jeunesse et éducation. Le panel était composé d’écrivains nationaux et étrangers de renoms : Kangni Alem du Togo, Grand Prix d’Afrique noire, Geneviève Damas de la Belgique, Prix des Cinq continents de la Francophonie, l’ancien commissaire de police et poète Djibril Zakaria Sall, la poétesse Marième Derwich et le cinéaste-poète Mohamed Idoumou, l’animateur hors pair en compétences de jeunesse Patrick Elis Ndoundi. La modération était assurée par le journaliste et écrivain Bios Diallo.
Dans son mot de bienvenue, Aliou Diop président de l’AGD a souligné l’importance d’une telle manifestation dans un quartier comme celui de Sebkha. « Ici, dit-il, cet acte est plus que symbolique, puisque les jeunes sont loin de tout, disposent de peu de moyens et d’outils.
Posséder un outil performant relève du miracle, pour beaucoup. Et pourtant ils rêvent eux aussi d’appartenir à ce monde qui évolue à une grande vitesse ». Puis, par des rimes et des envolées passionnantes, les slameurs Caméléon et ADN Kiordi, font vibrer le public par des textes sur l’éducation, la culture et l’appétit de la lecture.
Ces introductions servent d’entrée en matière à la problématique devant un public intéressé. De la crise de l’école mauritanienne au vivre ensemble, en passant par la culture citoyenne, les intervenants en français et en arabe mettront l’accès sur ce qui pourrait inciter à la lecture.
Les débats seront riches et passionnants. Aux nombreuses questions du public, les panélistes étayent leurs argumentaires par des expériences empiriques. Du Togo à la Belgique, les jeunes ont les mêmes préoccupations : finir des études et gagner le marché de l’emploi !
Patrick Elis Ndoundi offre des témoignages comparatifs d’une région à une autre de la vaste Mauritanie qu’il sillonne depuis de nombreuses années. Instructives aussi les illustrations du poète Djibril Sall, qui vit aujourd’hui dans son village natal dans le Brakna où il s’occupe de la nature et de l’environnement. Les uns et les autres exhorteront les jeunes à ne pas se laisser abattre.
Avec le travail et l’abnégation, des batailles peuvent être gagnées. Ismaël, cahier en main : « Nous sommes très heureux d’un tel évènement avec des écrivains chez nous. Il faudra refaire, encore et encore. Nous jeunes de Sebkha en avons besoin » ! « C’est promis, AGD rééditera les rendez-vous », rassure Cheikh Thiam le Directeur exécutif.
Bocar Sow