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« La Grande Royale », Aissata Kane, tire sa révérence
Mauriweb - Dans son roman "L'aventure ambiguë", Cheikh Hamidou Kane décrit l’un de ses principaux personnages, la grande Royale, qu’il présente comme une icône de la société, imposante et scintillante ; une femme dont la puissance n’a d’égal que la place de dirigeante éclairée qu’elle occupe dans la communauté.
Pour l’auteur, comme pour tous ceux qui ont eu l’occasion de parcourir ce best-seller littéraire, la Grande Royale est tout simplement un personnage exceptionnel! Et s’il y a sur cette terre de Mauritanie voire du continent, une femme qui renvoie à cet idéal de guide social et de référence dans la gestion de la cité, c’est bien notre mère et sœur, Aissata Kane, première femme ministre de l’histoire du pays, qui nous a rendus orphelins, ce samedi 10 août 2019.
« Maman », « comme nous l’appelions tous », restera à jamais cette chevalière de l’avant-garde du combat pour l’émancipation de la femme, un combat qu’elle a continuellement mené en sa qualité d’éducatrice, de ministre du gouvernement et de présidente de l’Association Internationale des Femmes des pays ayant en partage la langue française.
L’amour sincère et profond qu’elle a également porté à tous ceux qui la côtoient, son sens élevé de l’honneur, sa droiture et sa courtoisie, ont fait d’elle un être de référence : enseignante, elle le fut avec abnégation et dévouement ; femme politique, elle le fut avec responsabilité et dignité ; militante des mouvements associatifs, elle le fut avec engagement, passion et abnégation.
Je me rappelle encore de cette enseignante modèle, celle qui a formé bien de générations de jeunes mauritaniens dont celle de mes frères et qui a su leur inculquer le respect et le sens de la considération égale pour tous leurs semblables.
Comme la grande Royale, la regrettée reste connue pour sa sagesse, le haut degré de considération qu’elle voue à ses semblables, sa dignité et surtout, le total désintérêt qu’elle porte pour les choses d’ici-bas dans une société des hommes plombée par les querelles intestines et l’hypocrisie.
Avec elle, disparaît un pan entier de l’Histoire du pays, une référence dont l’itinéraire doit être inscrit en lettres d’or dans les programmes nationaux d’enseignement scolaires.
Que Dieu ait son âme et l’accueille dans son vaste Paradis !
Mohamed Bouamatou