Ahmed Ould Salem - La composition du premier gouvernement du président élu, El Ghazouani, était attendue par tous les Mauritaniens.

Avec impatience. Jamais on n’a autant scruté des jours durant le ciel pour percer l'épais voile du mystère et entrer dans le secret des dieux. Maintenant qu’on connaît les nom et visage des ministres, les commentaires vont bon train sur la place publique et dans les salons feutrés.

Mais de l'avis de la plupart des Mauritaniens, observateur averti comme simple citoyen, le gouvernement est, pour l'essentiel, composé par des technocrates.

Argument difficilement récusable, surtout quand on sait la formation universitaire, le profil et la trajectoire professionnels des femmes et des hommes qui sont appelés aux responsabilités ministérielles. Parmi eux, on peut citer Dr Nene Kane, qui est chargée des affaires sociales, de la famille et de l’enfance.

Une des rares spécialistes mauritaniennes de l’entrepreneuriat féminin, la nouvelle ministre arrive dans un département où ses connaissances techniques sur la condition féminine notamment en Mauritanie et dans la sous-région africaine, ses capacités d’analyse des enjeux et de structuration des problèmes liés au genre, permettront assurément de réaliser les engagements et le projet du président de la République.

Améliorer la situation de la femme

À l'instar de la plupart des pays arabes et africains, subsiste encore en Mauritanie le poids des traditions, des anachronismes et des représentations négatives sur la femme, son rôle et sa place au sein de la société. D'où les difficultés qu'elle rencontre au quotidien pour entreprendre.

La nomination d’une technicienne, Dr Nene Kane, fortement sensibilisée de par sa formation et ses activités professionnelles à la cause des femmes, sans verser dans le féminisme, ne peut être qu'une bonne nouvelle. Sa culture de résultats, son sens de l'engagement et sa modestie constituent ses principaux alliés sur lesquels elle pourra en partie compter dans la protection des droits de la femme et de l'enfant. Si l’État mauritanien a effectivement créé ces dernières années des textes de loi plus favorables à la femme, par exemple la loi sur la représentativité politique, il reste néanmoins beaucoup à faire.

L'importance des attentes n'a d'égale que l'immensité des espoirs. Il y a quelques mois, Dr Nene Kane a organisé un colloque à Nouakchott pour permettre des échanges sur les pratiques, expériences et modèles d'autonomisation de la femme africaine. Cette rencontre internationale, qui a réuni des experts dont l'autorité scientifique est établie, a démontré une fois de plus la volonté de Dr Nene Kane de contribuer au changement des mentalités dans son pays.

Les actions, qu'elle a, déjà, réalisées dans le cadre de sa recherche et de ses enseignements à l'université, exposent l'expérience de la femme mauritanienne à la lumière non pas des projecteurs mais plutôt celle des enjeux de son indépendance économique et sa visibilité dans la société.

Eu égard à son parcours qui est l'un des plus brillants et à ses compétences techniques avérées, tout indique que Dr Nene Kane saura utiliser son énergie et la finesse de son esprit dans les missions qui sont désormais les siennes et qui exigent le dévouement et la mobilisation de tous les instants.

Elle participera activement à la cohérence du travail gouvernemental qui, comme le recommande le président de la République lors du premier conseil des ministres, devra se recentrer sur l'efficacité de l'action et la culture du résultat, afin d'améliorer les conditions de vie des Mauritaniens.

Ahmed Salem