Cridem

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01-11-2019

05:00

Faits divers… Faits divers… Faits divers…

Le Calame - 162 viols en huit mois !

Malgré le tabou moral et religieux, le viol est malheureusement devenu banal chez nous. Chaque jour en apporte son lot à Nouakchott et dans les grandes villes du pays. Ce sont surtout les mineurs qui en sont les victimes.

Et le nombre de viols non déclarés dépasse probablement celui des cas enregistrés par la police ou les ONG. L’omerta prévaut, même en cas de grossesse, de peur des préjudices possibles au sein des familles et groupes sociaux.

Plus de quatre-vingt-dix pour cent des cas en milieu urbain mettent en cause des délinquants et dépravés notoires. Des sadiques, des maniaques et autres personnes débiles sont également incriminés. Le viol en famille n’est hélas pas de reste.

Des jeunes filles subitement enceintes avouent avoir été forcées par un parent, un frère ou un… père. Parmi les plaintes déposées auprès des autorités, citons celle d’une femme accusant son mari d’avoir violé à plusieurs reprises sa fille. Une autre dame du quartier Tarhil s’en prit, elle, conjointement à son frère et à son mari qu’elle tenait pour responsables de la grossesse de la sienne.

Ailleurs, ce sont des familiers non-familiaux qui sont en cause, comme ce maître de Coran qui violait une fillette sous la menace et l’obligeait au silence, aux dires des parents de celle-ci. Un maçon étranger drogua, enleva, séquestra et viola, plusieurs jours durant, la fille de son patron, dans une cabane isolée au bord de l’axe Aziz, avant de la relâcher en triste état.

Il fut appréhendé peu après. D’autres agressions semblent plus fortuites. Ainsi le cas de la jeune élève à Nouadhibou qui a, le mois dernier, défrayé la chronique. Sortie de son école à la récréation, elle se retrouve nez-à-nez avec un homme armé d’une machette qui la contraint à entrer dans une maison en construction, avant de la bâillonner, ligoter, violer et s’enfuir, laissant la pauvre fille saigner, inconsciente.

Il a heureusement été identifié et coffré un peu plus tard. Lui toujours libre et anonyme, malgré quatorze ans de traque, le « sadique de Nouakchott » hante encore les mémoires. Il a violé des dizaines de fillettes en bas âge, après les avoir étranglées. Fatimetou, sa plus jeune victime était âgée d’à peine un an et demi.

Selon les statistiques des organisations non-gouvernementales et celles de la police, les années passées ont connu une hausse spectaculaire des déclarations de viol. L’année passée fut, à cet égard, sans précédent : Plus de cent cas enregistrés ! Et l’année 2019 va malheureusement la dépasser, puisqu’on en est déjà à 162 viols dénoncés, en à peine huit mois !

La majorité des victimes sont des mineures, dont quarante impubères, et soixante grossesses ont été constatées. Des dizaines de cas non-déclarés ont été également découverts par les ONG qui s’activent dans le domaine social. Leurs volontaires continuent à rechercher de tels crimes passés sous silence.

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L’or sombre de Sebkha

Le cinquième arrondissement de Nouakchott fut fondé en 1974. Il englobait l’ancien bidonville « El Bourgua » et l’actuel quartier El Mina qui fut mis en place plus tard sous l’appellation « sixième arrondissement ». Sebkha est depuis devenu l’un des quartiers les plus populaires de la ville.

Les jardins maraîchers constituent sa limite Nord et El Basra son extrémité Sud. Au début des années quatre-vingt-dix, c’est la ruée des expatriés ouest-africains. Nigérians, Ghanéens et Bissau-guinéens y affluent en masse, en raison du besoin en main d’œuvre qualifiée pour remplacer les Sénégalais expulsés lors des années de braise.

La plupart de ces nouveaux venus consomment des boissons alcoolisées. Or le caractère conservateur et religieux de la société mauritanienne n’en accepte ni la production ni même la vente dans son espace public.

Seuls les diplomates sont autorisés à les importer et à les diffuser dans le cadre privé très restreint de leur communauté non-musulmane. Voilà comment les Ghanéens et Nigérians se mirent-ils à distiller discrètement leur propre alcool à partir d’eau de Cologne, savon et autres matières. Ils le baptisèrent « Soum-soum ».

Un « alcool du pauvre », au prix de 500 MRO le verre, qui conquiert rapidement Nouakchott-Sud. L’enjeu économique déclenche des luttes entre les gangs et ce sont les Bissau-guinéens qui finissent par en acquérir un quasi-monopole de production et de distribution. Des filières se développent à partir de distilleries installées à Sebkha, El Mina et Basra. Elles sont dirigées par deux cheffes de cartel : Antoinette Jackindi et Rose Nuncio.

Ces deux « dames de fer » passeront maintes fois de violons de commissariat en couloirs de tribunal, geôles de prison et expulsions du territoire mauritanien, sans que cela ne brise leur volonté de poursuivre leur illicite commerce, se débrouillant, où qu’elles soient, à gérer en permanence leurs filières.

Dernière astuce en date : les distilleries mobiles à bord de camions et bus se déplaçant régulièrement pour échapper à la police. Celle-ci a cependant réussi à arrêter, tout récemment, plusieurs membres de ces cartels et les deux baronnes sont activement recherchées.

De quoi alarmer les ivrognes nouakchottois ? Rien n’est hélas moins sûr et il semble qu’ils aient bien plutôt de « beaux » jours devant eux… jusqu’à leur déchéance finale plus encore inéluctable, s’ils ne parviennent pas à se libérer de cette drogue dure.

Mosy



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