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10-11-2019

11:56

Dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes et plus particulièrement celles qui blessent

Abdoulaye Doro SOW - Le 25 novembre.

Je profite de la célébration à venir de cette Journée pour m’interroger et dénoncer toutes les formes de violences faites aux femmes et plus particulièrement celles qui blessent c'est-à-dire qui génèrent des souffrances psychologiques et morales.

Je veux nommer toute cette panoplie d’arguments culturels qui valorisent la procréation et dévalorisent l’incapacité de procréer.

Bido woni cinkudi dewgal (L’enfant est l’ornement du mariage)

Resa duubi dutal jibinaani (Un mariage de longue durée sans enfant)

Debbo wammbat (Une femme doit porter un enfant sur son dos)

En effet, dans l’imaginaire populaire des Haapulaar’en, on se marie avant tout pour faire des enfants. C’est la raison pur laquelle, il est déconseillé de faire un planning les premières années du mariage. On doit faire un enfant pour se sécuriser et sécuriser l’entourage parental immédiat.

Un couple ne parvient pas à avoir un enfant et automatiquement la femme indexée. Heureusement que de nos jours, les progrès scientifiques statuent de manière irréfutable sur cette question et proposent des solutions.

Il convient de noter que la société Haalpulaar est une société patriarcale c'est-à-dire une société où la primauté d est donnée aux Hommes. Cette domination s’accompagne de tout un argumentaire culturel pour le justifier et le légitimer. « Debbo Ko wuppa Hirnda » c'est-à-dire que la femme est destinée à rejoindre un jour son foyer conjugal cependant dés que son premier enfant est de sexe masculin, les Haalpulaar’en « O ariko Jodaade » c'est-à-dire qu’elle est venue pour s’installer dans la durée.

Un enfant de sexe masculin perpétue le nom de la famille et du clan et je me demande s’il n y a pas lieu et ce, compte tenu des profondes mutations sociales intervenues au sein de cette société de revisiter toute cette idéologie. Nul ne peut contester que de plus en pus de parents ont le même stress émotionnel face à l’’echec scolaire de leurs enfants et ce, abstraction faite de leur appartienne sexuelle. Mieux la souffrance liée au fait de n’avoir que des enfats de sexe masculin a complètement disparu.

De nos jours la fille n’étudie plus pour « avoir de quoi acheter son savon » mais pour se prendre en charge et pour gagner en respectabilité au sein de leur foyer. Il y a quelques années seul le statut du candidat au mariage était pris en compte mais de nos jours les parents du prétendant demandent aussi « que fait la fille que tu veux épouser »

Le que fait elle renvoie sans aucun doute au travail que fait la fille et de manière sournoise à ses revenus. Dans ce cas de figure le « Njunngo wooto fobbata » nous est servi pour légitimer ce changement de mentalités. Il nous appartient à tous de revisiter (à la veille de la célébration de la Journée Internationale pour l’Elimination de la Violence à l’Egard des Femmes) notre perception de la femme dans l’imaginaire populaire.

Ne faudrait il pas au sein de notre communauté de se demander que vient faire l’appartenance sexuelle dans un monde où les critères de qualification et de compétences deviennent de plus en plus DETERMINATS ?

Abdoulaye Doro SOW

Enseignant-chercheur en sciences sociales

Président du Comité Scientifique de l’Equipe de Recherches sur les Mutilations Génitales Féminines (ERMGF)

Coordinateur du Centre Interdisciplinaire sur les Droits Culturels (CIDC)

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université de Nouakchott





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