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19-11-2019

13:38

Bios Diallo rend hommage, dans la revue Francophonies du Monde, à l'ancienne ministre Aïssata Kane

Traversees-Mauritanides - Militante de la francophonie, défenseuse des droits des femmes, Aïssata Kane a été dans les années 1970 la première femme ministre en Mauritanie. Décédée le 10 août dernier, à 80 ans, à Nouakchott, elle reste un symbole pour ses compatriotes. Et pas seulement.

Née en 1938 à Dar El Barka, dans le sud de la Maurita­nie, c’est dans le Fouta qu’elle passe son enfance et reçoit les rudiments de l’éducation traditionnelle. Elle a eu la chance de fréquenter l’école française grâce à l’ouverture d’esprit de son père, chef de canton à l’époque coloniale.

C’est ainsi qu’elle franchit toutes les étapes jusqu’aux études supérieures.Formée en sociologie à l’Université libre de Bruxelles, elle revient sans tarder servir son pays. Elle milite pour l’envoi des filles à l’école et combat le « gavage », pratique d’alors visant à rendre les filles « belles » avant le mariage, mais aux conséquences sanitaires désastreuses.

Membre fondateur de l’Union nationale des femmes de Mauritanie, elle crée et dirige pour elles la revue Mariemou.

Pionnière du féminisme africain…

Reconnaissant son activisme et son travail rigoureux, le pré­sident Moktar Ould Daddah lui confie le ministère de la Protec­tion de la famille et des Affaires sociales.

Devenant la première femme ministre, de 1975 à 1977, dans cette aire culturelle encore machiste et au patriarcat ancré, elle multiplie les actions féministes et fédère autour d’elle des énergies qui s’étendent n au-delà des frontières de son pays, en fondant l’Association internationale des femmes francophones (AIFF), dont le siège est en Mauritanie.

Les parlementaires Mintate Hedeid (Mauri­tanie), Victoire Lasseni Duboz (Gabon), Lise Thériault (Qué­bec), Marie-Rose Nguini Effa (Cameroun) ont eu la joie d’être à ses côtés lors d’un séminaire à Nouakchott en 2009.Quand, en 1978, les militaires prennent le pouvoir par un coup d’État, Aïssata Kane s’éloigne de la politique publique. Mais cela n’entamera nullement son ardeur militante.

Des sommets onusiens sur les femmes à Nairobi (1985) et à Beijing (1995) jusqu’à la Conférence des femmes africaines, en passant par l’Union internationale des organismes familiaux et l’Organi­sation panafricaine de la famille, sa voix reste liée à de nom­breuses actions et avancées décisives.

Sans oublier qu’elle avait la jeunesse à coeur et au coeur, avec son Association maurita­nienne pour la protection de l’enfant.…

et militante écologiste de la première heure

Par son ouverture d’esprit et sa disponibilité, Aïssata Kane était appelée « Maman » par tous. Et elle répondait toujours avec la même déférence maternelle : « Ah mon fils, ma fille, sois béni(e) ! Et la famille, comment vont tes parents ? » Puis s’enchaînaient les conversations, car on venait à elle pour demander conseils et réconforts.

Porteuses des vertus cardinales, d’us et coutumes soi­gneusement entretenus, les paroles de « Maman » ont toujours eu un effet bénéfique et bienveillant.Si elle s’est occupée de la liberté de ses consoeurs, « Maman » était aussi écologiste.

Son Association pour la protection de l’environnement en Mauritanie lui survivra aussi : « J’ai rencon­tré Mme Kane dans le cadre d’activités francophones, écrit sur sa page Facebook Idoumou Mohamed Lemine, ancien directeur du CREL (Centre de renforcement dans l’étude des langues – uni­versité de Nouakchott). Elle vint me voir et dit qu’elle voulait plan­ter des arbres partout où elle le pouvait. J’adhérai. Elle appela celui que nous plantâmes ensemble “l’arbre du millénaire”. Il se trouve aujourd’hui à l’entrée du CREL.

Que chacune des feuilles de ce bel arbre soit pour Mme Kane des lauriers de clémence et de miséri­corde », termine celui qui est aussi vice-président de l’Association mauritanienne pour la francophonie (AMF), dont Aïssata Kane était la présidente d’honneur.

Par Bios Diallo


Source : Francophonies du monde | n° 2 | novembre-décembre 2019, www.fdlm.org



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