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23-11-2019

09:54

L’ONU appelle la communauté internationale à soutenir le G5 Sahel

Le Monde Afrique - Bintou Keita, la sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, a demandé que les montants d’aide à la force antiterroriste soient « prévus et fixes ».

Alors que la force conjointe du G5 Sahel, qui regroupe cinq pays (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad), va bientôt fêter ses deux ans d’existence et que le climat sécuritaire s’est largement dégradé dans la zone, Bintou Keita, la sous-secrétaire générale de l’ONU pour l’Afrique, a présenté son dernier état des lieux, mercredi 20 novembre.

Un bilan exhaustif, recouvrant l’opérationnalité des missions, le budget et les relations entre la force du G5 Sahel et celles des Nations unies (la Minusma), de l’Union européenne et de la France (l’opération « Barkhane »). En appelant la communauté internationale à soutenir le Sahel et en insistant pour que les montants d’aide soient « prévus et fixes », la représentante du patron de l’ONU appuie la demande des pays concernés.

Bintou Keita a tout d’abord voulu exposer l’aggravation des « attaques terroristes » : 489 incidents ont été enregistrés cette année au Burkina, contre 151 l’an dernier ; au Niger, les incidents de ce type ont triplé, pour passer à 218 en 2019.

Et la violence s’étend désormais à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. « Le terrorisme est un problème partagé, un problème pour tous. Aucun pays ne peut y faire face seul », a déclaré Mme Keita devant le Conseil de sécurité.

Un nouveau commandant

Si la force du G5 Sahel a peiné à faire ses preuves lors des huit premières opérations militaires de l’année, elle a accueilli un nouveau commandant militaire en juillet, le général nigérien Oumarou Namata Gazama.

Celui-ci a accéléré le tempo : trois opérations ont été menées successivement entre septembre et novembre sur chacune des trois zones de frontières qui séparent les cinq pays – toujours avec la collaboration, indispensable, des hommes de « Barkhane ».

Les 5 000 soldats du G5 Sahel ont commencé à obéir à une meilleure organisation entre eux. A en croire Alpha Barry, le ministre des affaires étrangères du Burkina Faso (qui assure la présidence tournante du G5 Sahel), la force est encore « en phase de montée en puissance » et souffre de difficultés structurelles récurrentes.

Par exemple, le matériel militaire lourd vient seulement d’être réceptionné et cette lenteur aurait donné l’avantage aux groupes terroristes, qui ont pu multiplier leurs opérations face à une force mal équipée et pas encore assez coordonnée.

Les Américains refusent toujours de modifier les financements et montages mis en place, au profit d’aides bilatérales avec chaque membre du G5 Sahel. Pourtant, Alpha Barry assure que des dispositifs de contrôle des dépenses et des achats auraient été mis en place grâce à un fonds fiduciaire ad hoc.

« Les bailleurs de fonds ont même été invités à y siéger », confie-t-il. Or les pays du G5 Sahel estiment que leur force conjointe est sous-financée et que si la communauté internationale désire la voir prendre son autonomie et exceller en matière de contre-terrorisme, elle aura besoin de plus de moyens.

Les promesses de la Cédéao

Bintou Keita l’a rappelé : « La plupart des pays du G5 consacrent déjà près de 20 % de leur budget national à la défense et à la sécurité. » Elle s’est félicitée des promesses faites par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en septembre. L’organisation sous-régionale s’est engagée à mobiliser 1 milliard de dollars pour la lutte antiterroriste, juste avant de demander à la communauté internationale un plus grand soutien.

Pour assurer sa mission de développement, l’autre pilier pour endiguer le terrorisme, le G5 Sahel aurait besoin de plus de fonds. « Que leur faut-il pour bouger ? », se plaint à New York le représentant de la Guinée équatoriale à l’ONU : « Qu’un califat se mette en place ? » La France a annoncé mercredi une contribution de 522 millions d’euros pour le programme d’investissements prioritaires du G5 Sahel pour les années 2019 et 2020.

Carrie Nooten (New York, Nations unies, correspondante)



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