Cridem

Lancer l'impression
20-12-2019

07:54

Journée internationale des migrants, à Nouakchott : la parole aux réalisateurs [Photoreportage]

A Nouakchott, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a célébré mercredi 18 décembre, la journée internationale des migrants en donnant la parole à des réalisateurs mauritaniens…

Loin des drames sur les côtes libyennes ou récemment en Mauritanie où en début décembre, 62 migrants ont péri dans le naufrage de leur embarcation, de jeunes réalisateurs mauritaniens, ayant braqué leurs projecteurs sur la migration, ont fait écho de leur conception de ce « phénomène mondial », autour d’échanges supplémentés par des témoignages de migrants vivant en Mauritanie.

Des échanges qui ont parfois pris le contrepied de la manière dont les médias occidentaux évoquent souvent la question de la migration sur fonds de stigmatisation.

Faire tomber ce rideau de fer, c’est le défi que s’est lancée Aliya Abass, la réalisatrice d’un film sur une migrante sénégalaise vivante en Mauritanie pour montrer le côté positif de la migration. « Ce que j’ai voulu transmettre, c’est juste une histoire positive, explique-t-elle. Mais, derrière, il y’a des millions d’histoires qui sont comme ça… ».

Ces « millions d’histoires » ont aussi inspiré El Moktar Mohamed Yahya, cinéaste et réalisateur du film Liberthé. « L’intégration, c’est beaucoup plus large qu’une langue particulière, qu’une façon particulière de s’habiller. C’est plutôt un sentiment, quelque chose de ressenti », explique El Moktar Mohamed Yahya.

« La migration est un phénomène prépondérant de la formation de nos civilisations. Toutes les cultures sont composées d’apprentissage. Dans mon film, j’essaie de montrer qu’au bout d’un certain moment, la cuisine ici libanaise, objet de mon film, ne sera plus dans 10 ans, 20 ans, 100 ans, une cuisine libanaise mais une cuisine mauritanienne. C’est une question de temps et de perspective », souligne Mohamed Abdou, réalisateur du film «La cuisine migrante ».

Pour Mme Tabara Mbodj, qui a plaidé pour une meilleure prise en charge de la question migratoire dans les accords de coopération entre pays, il faut changer les mentalités en aidant les migrants à bien s’installer dans les pays de leurs choix. « Ils sont incontournables, ces gens qui migrent vers nos pays, dans des domaines de forte compétence. Les gouvernants des pays où les migrants viennent doivent faciliter leur intégration. […] Ils n’ont pas choisi d’aller au ciel. Ils ont choisi d’aller vivre dans un pays spécifique pour des raisons qu’ils ont choisies. Ils doivent être libres de partir et de revenir », a encore souligné Mme Mbodj, chef-service des collectivités éducatives au ministère mauritanien de l’emploi, de la jeunesse et des sports.

Quelques témoignages, comme celui de Houda Fatimétou Mohamed, présidente de l’Association Fondation Afrique Japon, sont venus rappeler le pénible parcours du combattant des migrants en Mauritanie, notamment sur la question de la scolarisation de leurs enfants.

« Mon père, qui est un Mauritanien, a émigré en Côte d’Ivoire en 1936. Aujourd’hui, je me retrouve en Mauritanie. Et je pense que moi, aussi, j’ai émigré en Mauritanie. Mon mari est ivoirien et réfugié. Ma mère est ivoirienne. Nous sommes à l’aise en Mauritanie. Mais notre problème, en Mauritanie, on travaille, on n’a pas de problèmes. Mais nos enfants ont un problème. Le problème, c’est quoi : les extraits de naissance. Ils n’arrivent pas à passer les concours, comme l’entrée en Sixième, le Brevet et le BAC. Mes enfants sont enfants d’immigrés parce que mon mari est ivoirien. Je suis 50% mauritanienne, 50% ivoirienne », confie-t-elle.

Comme l’a souligné une des intervenantes, la migration profite aux cultures et aux êtres humains.

« La Migration est un phénomène complexe qui a plein de dimensions positives comme aussi des défis, des défis auxquels on fait face avec les autorités qui font beaucoup d’efforts surtout en matière d’inclusion mais il y’a encore beaucoup à faire. C’est pour cela qu’on est là, pour travailler ensemble, pour essayer toujours d’améliorer la vie des migrants et les efforts des Gouvernements pour que la migration devienne un phénomène positif pour toutes les sociétés », a rappelé Laura Lungarotti, Chef de mission de l’OIM Mauritanie.

Le ministre mauritanien de l’emploi, de la jeunesse et des sports Taleb Ould Sid’Ahmed était présent à cette journée internationale des migrants qui a lieu chaque année le 18 décembre, date de l'adoption en 1990 par les Nations unies d'une Convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants.

Texte par : Babacar Baye NDIAYE

---


Avec Cridem, comme si vous y étiez...








































































Crédits photo : Cridem/Babacar Baye NDIAYE



 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org