Cridem

Lancer l'impression
14-02-2020

20:30

Quelles solutions pour le secteur de l’éducation nationale en Mauritanie ?

Mohamed Ould Laghlal - L’éducation joue une place prépondérante dans le développement des nations. C’est pourquoi il me semble que l’avenir des populations mauritaniennes qui souffrent en ce vingt-unième siècle de l’ignorance et de la misère, y est intimement lié.

Une éducation efficace leur permettra, espérons-le, d’avoir l’opportunité de tirer profit des immenses richesses de leur pays, ce qui n’est pas le cas malheureusement aujourd’hui.

L’école mauritanienne, malgré le rôle important qu’elle a joué depuis le début du XXème siècle à nos jours, connaît néanmoins, de sérieux problèmes, dont on peut citer à titre indicatif :

- le statut des langues Arabe, Poular, Soninké, Wolof et Français,

- la gestion chaotique des ressources financières, matérielles et humaines de l’éducation,

- l’incapacité manifeste de la plupart de nos responsables politiques et administratifs de redynamiser notre système éducatif pour le rendre véritablement performant afin qu’il soit capable d’accompagner et promouvoir le développement du pays.

Depuis l’existence de la Mauritanie en tant qu’état, il y a eu plusieurs réformes de notre système éducatif ou de façon plus restrictive de notre système d’enseignement. Mais pour leurs concepteurs, le souci principal était dirigé presqu’exclusivement vers les langues d’enseignement, reléguant au second plan, voire même ignorant la quintessence de toute réforme éducative qui se veut efficace.

Pour redresser notre système éducatif, il importe de bien identifier les finalités de l’enseignement en Mauritanie, d’opérer des choix objectifs dans tous les domaines de l’éducation nationale et de désigner des commissions compétentes, capables de trouver des solutions appropriées et qui conviennent effectivement à toutes nos communautés sans aucune exception.

Egalement, il est indispensable que ces mêmes commissions soient mises dans des conditions leur permettant de mener à bien leur travail, en fonction du cahier des charges qui leur sera remis.

Depuis six ou sept mois, c’est-à-dire depuis l’élection de l’actuel Président de la République, nous entendons beaucoup de gens parler, à dessein, des écoles privées, de l’école publique et tout dernièrement ils ont introduit le concept d’école républicaine, mais tout cela de façon désordonnée et anarchique, sans aucun respect des règles de la civilité.

La plupart de ces intervenants les mêmes individus et groupes caméléons, qui durant les deux mandats présidentiels précédents, et bien avant d’ailleurs, s’évertuaient à répéter sans cesse et sans se lasser, des slogans trompeurs. A mon avis, les autorités politiques actuelles se doivent donc, d’en être conscientes et en tirer les leçons qui s’imposent.

Pour revenir à l’école, je dirai tout simplement qu’elle a besoin de redressement. Pour cela, il y a lieu de procéder à plusieurs audits afin d’identifier tous les aspects positifs et tous les dysfonctionnements de notre système éducatif. Ce diagnostic indispensable doit nous conduire à la mise en place d’une réforme du secteur de l’éducation nationale.

La conception et la mise en œuvre d’une telle entreprise ne doivent se faire, ni dans la précipitation, ni dans l’improvisation. Elles nécessitent au contraire, une préparation minutieuse avec la participation de tous les partenaires de l’école. Elles doivent être confiées principalement à des compétences nationales, sélectionnées selon des critères objectifs et une analyse rigoureuse de leurs différents parcours et profils.

Il est grand temps que les sélections, qu’il s’agisse de concours ou de n’importe quel recrutement, se fassent dans la transparence, loin de l’injustice, de l’interventionnisme et du clientélisme dont ce peuple a beaucoup souffert. Ce qu’il faut surtout éviter, au moment de la mise en œuvre d’une réforme, c’est l’esprit sectaire et les situations sources de dialogue des sourds.

Ces cadres, personnes-ressources ou experts, peu importent les appellations, qui pourront être éventuellement retenus, doivent être armés d’une parfaite connaissance du système éducatif mauritanien, sur les plans théorique, pratique, académique, pédagogique, culturel, sociologique et économique et être en mesure de mettre en adéquation les finalités de l’enseignement avec les différents apprentissages et formations prévus, et ce en parfaite synergie avec les différents partenaires de l’école. (A suivre).

Mohamed Ould Laghlal

Inspecteur de l’Enseignement Fondamental à la retraite





"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org