Cridem

Lancer l'impression
30-05-2020

06:29

Déclaration de la Confédération Générale des Travailleurs de Mauritanie (CGTM)

CGTM - Un demi-siècle s’est écoulé depuis le massacre, à Zouerate, des ouvriers de la Société des Mines de fer de Mauritanie (MIFERMA) par la soldatesque armée de notre pays.

Ce 29 mai 1968 fut très sanglant et tragique à travers une confrontation entre des travailleurs qui protestent pacifiquement et des militaires armés de fusils chargés de balles réelles.

Face à une grève revendicative légitime qui réclamait l’amélioration des conditions de vie et de travail des ouvriers dits indigènes qui étaient exploités jusqu’à la moelle, la direction générale de la MIFERMA, soutenue par les pouvoirs publics, ont recouru à une répression brutale et frontale mortelle pour chercher à en venir à la détermination des travailleurs.

Cette détermination des travailleurs a surpris les tenants du pouvoir et la direction de la société, en ce qu’elle a pu mobiliser toutes les couches sociales provenant de toutes les ethnies de notre pays dans un élan unifié et solidaire sans précédent, alors que la Mauritanie était traversée, à cette époque, par de multiples courants chauvins expansionnistes et des idéologies séparatistes provenant des milieux intellectuels en particulier.

Cette leçon historique a pu générer un courant unitaire national dans le mouvement syndical de notre pays et s’est répandue au niveau des autres forces vives pour revendiquer et obtenir des acquis importants dans la souveraineté nationale de notre pays.

La CGTM, dont le 1er congrès fut dénommé Congrès des Martyrs de Zouerate, lance un appel aux travailleurs et travailleuses ainsi qu’à toute les couches sociales de notre pays et aux pouvoirs publics, pour s’inspirer de ce courant véritable d’unité nationale et de cohésion sociale dont ces braves ouvriers ont été les précurseurs en mai 1968, afin de refonder la gouvernance politique, sociale, économique et culturelle nationale à travers une lutte farouche contre le chauvinisme, le sectarisme, le particularisme et les inégalités afin de bâtir une autre Mauritanie prospère, égalitaire, et indépendante.

D’autre part, il n’est encore que temps de savoir que les industries extractives n’ont permis qu’à servir les intérêts des grandes compagnies étrangères et ceux de la bourgeoisie compradore à travers le pillage des richesses minières nationales au profit des investisseurs étrangers et de leurs multinationales, ne laissant aux populations locales que des sols dégradés et pollués avec une qualité de l’air chargée de polluants toxiques sans oublier les nappes phréatiques pouvant être affectées dangereusement.

Il est également temps que les pouvoirs publics renégocient les contrats de partage de production pour que notre peuple et ses travailleurs puissent bénéficier de manière durable de ces richesses naturelles qui sont leur patrimoine, mais en plus de cela, installer une industrialisation qui puise transformer ces minéraux dans notre pays afin de créer une valeur ajoutée à notre économie et des emplois à la jeunesse.

Ces richesses minières doivent permettre de créer une économie réelle nationale basée sur les potentialités naturelles dans les secteurs comme l’élevage et l’agriculture pour bâtir un développement national durable afin d’assurer notre autosuffisance et notre sécurité alimentaire pour l’après Covid 19. Oui, Une autre Mauritanie est possible.

La CGTM s’incline à la mémoire de tous les Martyrs de mai 1968 et encourage tous les travailleurs en lutte pour le recouvrement et la préservation de leurs droits, à l’instar des employés de la société des mines d’or de Tasiast.

Gloire aux Martyrs de Zouerate

Vive la Lutte des Travailleurs et Travailleuses

Nouakchott, le 29 mai 2020

Le comité exécutif





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org