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Ely Ould Allaf, le patriote….Adieu!!!
Adrar-Info - Il y’a un mois, mardi 19 mai 2020, Ely Ould Allaf quittait ce monde ici bas, au cours, duquel, il avait consacré sa vie, à servir loyalement son pays.
Ely a rejoint, trois semaines après, sa sœur El Khiyr, aux cotés de laquelle, il a tout temps été, et récemment, après un AVC qui l’a alitée depuis 2019, prenant en charge ses traitements médicaux, jusqu’ à son décès le 29 Avril dernier.
Ely, fils ainé de Mohamed Ould Allaf, de sa mère Fatma Mint Ha7heu est né à Atar vers 1933, par référence à la date repère de la mort, une année plutôt, de l’Emir-martyr Sid’Ahmed Ould Ahmed Aida.
Très tôt, orphelin de son père, Ely, à l’image des enfants de son âge, se tourna vers les métiers de grimpeur de palmier et porteur -coursier au marché d’Atar, pour subvenir aux besoins de sa mère et ses deux sœurs.
Ce faisant, le destin lui ouvrit, par deux événements importants, la voie d’une vie prometteuse :
1-Sa mère rencontra un homme ouvert et généreux, en la personne du premier infirmier du centre médical puis de l’hôpital d’Atar, le Sieur Ahmed Ould Ely Aloi, qui devint son père adoptif et ses sœurs ;
2- La chefferie traditionnelle locale d’antan, l’inscrivit, en son nom, dans la première medersa de l’Adrar, sise à Kanaoil, réservée uniquement aux fils des notables. ( Sa date de naissance, a été portée à 1937, pour la circonstance ). L’autre école dite populaire est ouverte au centre-ville d’Atar est destinée aux fils de goumiers, commerçants, agriculteurs etc.
Depuis lors, Ely n’a plus déçu les espoirs, placés en lui.
Il fut, en 1950, le seul admis, au concours scolaire d’entrée en sixième (1 ére année secondaire).
Puis, par sa persévérance, est resté toujours major de sa promotion, tant au collège de Rosso, au Lycée William Ponty, prés de Saint Louis (1957, 1er bachelier de l’Adrar) qu’à l’ Université de Dakar, avec, cumulativement, à la fin de chaque année, les prix d’excellence, d’honneur et les 3 félicitations trimestrielles du jury.
Ensuite, en France, où il décrocha le diplôme du 1er ingénieur mauritanien en télécommunications.
Dés son retour au pays, après ses études en France, il se vit confier plusieurs porte-feuilles :
Directeur des postes et télécommunications, puis ministre successivement de : la Jeunesse, de l’information et des communications (15 décembre 1965), Education Nationale (21 février 1966), Equipement et Transport ( 1969), ambassadeur en Allemagne et en Hollande (1970- 1974), secrétaire général de l’OMVS (janvier 1976), Directeur général de la Snim (janvier 1979), ambassadeur en Allemagne ( avril 1980-1982), ambassadeur en France ( mars 1983), ambassadeur à Koweit refusé.. Ambassadeur à Bruxelles puis en Tunisie (1990).
Durant son cursus de scolarité, professionnel et sa vie après sa retraite, Ely s’est toujours impliqué et marqué de son cachet, les principaux événements qu’à connu le pays, auxquels il avait participés.
Ely, militant estudiantin
Déjà, lors des mouvements indépendantistes des années 50, du siècle dernier, Ely militait au sein du mouvement des jeunes.
En 1957, le fait d’avoir animé à Atar, une conférence concernant le colonialisme et assisté, la même année, à une réunion des cadres à Nouakchott réclamant l’indépendance, lui a valu les remontrances du commandant de cercle de l’Adrar (un français ) et fut, malgré sa réussite major au baccalauréat, orienté, à l’université de Dakar, au lieu de celle de Paris.
Les deux événements de 1957, coïncidaient avec le soulèvement populaire qui aboutirent à « la balle de Néma (au Hodh ) » et au lynchage d’un officier français à Atar.
En 1958, le président Mokhtar Ould daddah, alors tout nouveau Premier ministre du pays, lors d’une rencontre à Saint-Louis, proposa , en présence de son directeur de cabinet Ahmed Bezeid Ould Ahmed Miské à Ely et Mohameden Ould Babah (étudiant comme lui ), une discussion à propos de la conception, de ce que sera le futur drapeau national. Le résultat en fut, le premier emblème vert jaune, qui flotta sur tous les édifices officiels, depuis le 1er jour de l’indépendance de la Mauritanie, le 28 novembre 1960, jusqu’au 15 Aout 2017.
Ely, ministre de l’éducation nationale
La mise en application de la loi introduisant la langue arabe dans l’enseignement, approuvée par le parlement en janvier 1965, a suscité les communément appelés « mouvements ethniques » en 1966. Ely est nommé par le président Mokhtar ministre de l’Education Nationale, dans le but de juguler cette crise.
Pour se donner le temps de recueillir tous les contours de la situation, il décida- de sitôt- fermer les établissements secondaires le reste de l’année et pris les mesures urgentes permettant l’ouverture, dans de bonnes conditions, de l’année scolaire 1967-1968 :
Il lista les étudiants et le personnel enseignant (dont des ressortissants étrangers et des syndicalistes éminents) impliqués dans les événements et instruisit de renvoyer les premiers et de procéder aux affectations et mutations des seconds.
Il mauritanisa tout l’encadrement scolaire (les proviseurs des lycées de Nouakchott et Rosso étaient des français) et par soucis de cultiver la cohésion, l’entente et la citoyenneté, décida de rassembler les élèves venant des différentes régions, dans un même établissement, avec institution du système d’internat.
Il donna instruction de ne pas intégrer, dans les examens scolaires, la note obtenue en « arabe », pour les étudiants qui n’ont pas appris cette langue au primaire.
Par ailleurs et, « en application des décisions du Congrès d’Aöun-el-Atrouss (24-26 juin 1966) une commission nationale des affaires culturelles, inaugurée le 18 juillet 1966, puis une sous-commission remettant son rapport le 15 septembre 1966 ont abouti au rapport du ministre, Ely Ould Allaf, le 18 février 1967, et à la loi du 11 janvier 1968 portant réorganisation de l’enseignement du premier degré, suivie de la loi du 25 juillet 1970 relative à l’enseignement supérieur » (: http://mauritanie-ouldkaige.blogspot.com/2008/06/anniversaires-5-juin-1965-8-9-juin-1976.html)
Ely, ministre de l’équipement et des transports
Le problème de ravitaillement en eau de Nouakchott se posait avec acuité, en 1970.
Il fallut ne pas compter sur l’usine expérimentale de dessalement d’eau de mer, ni sûre ni suffisante.
Deux études sont lancées visant à alimenter la capitale en eau, à partir du fleuve Sénégal ou de la nappe phréatique d’Idini.
Peu avant, son départ de ce ministère Ely avait constaté que le dossier « Idini » était bien ficelé. Ce que ne tarda pas Maitre Mokhtar d’emporter avec lui en Chine. Quelques temps plus tard, Nouakchott est alimentée suffisamment en eau potable, quoique sa population ait si vite doublée.
Ely, ambassadeur
Par ces deux fois, ambassadeur en Allemagne, Ely a contribué à renforcer les relations bilatérales de ce pays avec la Mauritanie et porter au haut niveau les relations avec l’Union européenne.
Entre autres dossiers importants traités, Ely a longuement négocié et réussi avec tact, l’entrée de la Mauritanie parmi les pays bénéficiaires de l’accord l’UE / ACP et Caraibes.
C’est lui aussi, qui a signé avec le gouvernement allemand, la convention portant sur l’étude, le financement et la réalisation du bac de Rosso.
Envoyé en Hollande, il est chargé du dossier du Sahara occidental porté devant la Cour internationale de la Haye. Se joindra à lui, la délégation mauritanienne dirigée par Ould Moulaye El Hassen et comprenant l’historien, Mohamed Ould Mouloud Ould Daddah, le juriste Yedaly Ould Cheikh et d’autres experts et personnalités éminentes.
Pour Ely, la mauritanité du Sahara est incontestable, surtout en sa partie Wad Dheheb (Rio de Oro). Il avait écrit en 1959, encore étudiant, un article à ce propos.
Au fil de toutes les tracasseries diplomatiques, politiques, sociales et militaires, qui ont emmaillé la problématique du Sahara, Ely est resté fidele à ses convictions de jeunesse, se fondant sur les raisons :
-L’entrée des espagnols au Sahara fait l’objet d’un pacte signé avec l’Emir de l’Adrar.
- Les tribus sahraouies sont le prolongement des tribus mauritaniennes.
- Les représentants de ces tribus, ont tous assisté au grand rassemblement historique, de toutes les tribus maures hassanophones, tenu à F’derick en Mauritanie.
Ely n’a jamais apprécié la décision des militaires au pouvoir, concernant la résolution de la question du Sahara. Il a même pronostiqué, que ce dossier ne trouverait plus de solution , tant que l’Algérie et le Maroc ne le décident d’un commun accord. Un pari presque impossible.
Ely, secrétaire général de l’OMVS
A sa prise de fonction à l’OMVS, Ely a constaté que le haut commissaire de cette organisation, de nationalité malienne, se démenait pour empêcher la réalisation du barrage de Manantali, qui, selon sa perception, limiterait la navigabilité du fleuve, coté Mali.
Ely, au contraire, était un fervent défenseur de ce projet, dont le moindre intérêt est d’empêcher l’eau du fleuve de remonter jusqu’à Boghé, en su de ses avantages pour l’agriculture et la production de l’électricité.
Le conflit né de ce bras de fer entre les deux dirigeants, ne prendra fin que lorsque le Sénégal a hérité du poste de haut commissaire de l’OMVS, en raison de l’intérêt de ce barrage pour ce pays.
Ely, directeur général de la SNIM
La Snim en 1979, se remettait à peine des affres de la guerre du Sahara. Deux volumineux dossiers attendent sur le bureau du nouveau directeur général :
-La restructuration et le changement du statut de l’entreprise pour la transformer en une société d’état mixte (SEM) avec l’entrée des capitaux arabes.
- Le lancement du projet d’une usine d’enrichissement des milliards de tonnes de fer pauvres que renferment les guelbs du Tiris Zemmour, qui se substituerait au minerai de fer riche de la Kédia à la limite de l’épuisement. Le financement de ce projet est estimé à 500 Millions de dollars.
Malgré la courte période (13 mois) passée à la tête de cette entreprise, (son départ n’est en fait, qu’un caprice des militaires au pouvoir, est intervenu semble-t-il, suite à un bulletin de renseignement (BR) portant sur une affaire personnelle de loyer à Nouakchott), Ely a réussi, en moins de six mois, à boucler le financement que nécessitait le moment, pour éviter au pilier de l’économie nationale du pays, de sombrer dans la banqueroute.
Après sa retraite, Ely s’est investi dans la promotion des droits de l’Homme et la défense des causes justes.
Il fut membre de : la Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme (LMDH), de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), du groupe des personnalités indépendantes, du Manifeste des haratines etc…
Les témoignages de ces différents organismes et institutions, qu’Ely a toujours placé les intérêts supérieurs de la Nation au dessus de toutes autres considérations.
Et qu’il a constamment fait preuve de patriotisme et d’attachement à la justice, à l’égalité et à la fraternité entre tous les citoyens et toutes les communautés mauritaniennes, sans aucune distinction, ont inondé la presse, après son décès.
A Mariem, la mère de famille réfléchie, l’épouse atypique, qui a rendu un hommage posthume exaltant à Ely : « Il est parti mon compagnon après 55 ans de vie commune. Le meilleur des maris, jamais un mot déplacé, un respect total, tout était à ma disposition, la liberté pour tout ce que j’entreprenais. Jamais il n’a demandé à ce que je me plie aux règles et coutumes du pays, à l’habillement. Il m’aimait comme j’étais et par amour, j’ai toujours évité ce qui pouvait lui déplaire. Nous avions les mêmes principes de justice, d’humanité. Repose en paix Ely ».
A Nouredine, Fatma, Khairallah, Soukeina, la rédaction adrar.info exprime sa profonde compassion.
Que l’exemple patriotique d’Ely serve à tous les mauritaniens qui assument une responsabilité nationale.
Puisse Allah, Le Miséricordieux accueillir Ely Ould Mohamed Ould Allaf en son saint paradis ! Amine !
A Dieu, nous appartenons. A Dieu nous revenons !!!
Ely Salem Khayar
Liens des émissions TV avec ELY en arabe :
https://www.youtube.com/watch?v=t_6zHwGNFrI
https://www.youtube.com/watch?v=AlfNfLlO2_Y
https://www.youtube.com/watch?v=hAn6Q6HO6tA
https://www.youtube.com/watch?v=sBSn5TpkzLI
https://www.youtube.com/watch?v=-X_Mok-janY
https://www.youtube.com/watch?v=omcyZDlnbaU
en français : https://m.youtube.com/watch?v=jjl3Kj7n2K4
Liens des hommages à ELY dans la presse :
http://adrar-info.net/?p=38565
http://adrar-info.net/?p=63235
http://adrar-info.net/?p=63012
http://adrar-info.net/?p=63027
http://adrar-info.net/?p=63050
http://lecalame.info/?q=node/10360
Journal officiel :
http://anac.mr/ANAC/JOf/1970/272-273%20fr%20sc.pdf
en rapport avec le sujet :
http://mauritanie-ouldkaige.blogspot.com/2008/06/anniversaires-5-juin-1965-8-9-juin-1976.html
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