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L’assurance Qualité au cœur du dispositif de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Mauritanie
AMAQ-ES -
L’accroissement des effectifs de bacheliers et de la hausse des coûts de la formation à l’étranger, ont conduit la Mauritanie à s’engager, au début des années 80, dans la mise en place d’un système d’enseignement supérieur quasiment à partir de… Rien ! Ni infrastructure, ni personnel enseignant qualifié …
De plus, l’exigence d’un enseignement supérieur, d’une recherche scientifique jouant le rôle de levier du développement économique, social et culturel a constitué, ces dernières années, l’objectif cible de la politique sectorielle de notre département.
Le système a pris finalement corps, et nous nous retrouvons aujourd’hui avec :
► Un campus universitaire aligné sur les normes internationales composé de 4 facultés (FLSH, FSJE, FST, FM) et un institut (IUP)
► 4 instituts : ISCAE, ISET, ISPELTI et ISA
► Une académie navale composée de l’ESO et de l’ISSM
► 2 écoles : ENS et ESP abritant en son sein 4 instituts (ISMBTU, IPGEI, EMMZ, IS)
Le département a également engagé une série d’actions tendant :
- à la réorientation de l’enseignement supérieur vers les STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques)
- au renforcement de l’utilisation des TIC pour élargir l’accès et l’efficacité interne,
- à la diversification de l’offre de formation technique et scientifique.
Ce sont là, les raisons qui ont prévalu à la création de l’ESP, de l’IPGEI ; de l’Académie Navale ; de l’Ecole des Mines et des Métiers de Zouérat……….
Mais, au-delà de cette diversification, il y’a un défi majeur qu’il est impératif de gagner afin d’atteindre en dernière instance l’objectif du département. Il s’agit du défi de la qualité.
Avoir de multiples instituts de formation technique et scientifique est excellent mais encore faut-il que ses formations soient qualitativement pertinentes et rendues dans les conditions requises par les standards internationaux.
C’est précisément pour cette raison que le département a fait de l’assurance qualité la question centrale de son plan d’action de 2015-2021.
Il est donc incontestable que l’enseignement supérieur en Mauritanie a enregistré d’importants progrès au niveau de l’évolution de son cadre institutionnel, de ses infrastructures, de son efficacité interne et externe, de sa gestion et de sa gouvernance…
Toutes les réformes que nous avons engagées ces dernières années convergent vers cet objectif central. L’idée de départ fut une volonté forte et clairement exprimée par son excellence monsieur le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des TIC réaffirmant la nécessité de procéder à une mise en adéquation des contenus d’enseignement et de formation avec les exigences du marché, de l’économie et du développement technique et scientifique du pays.
Certes, beaucoup d’insuffisances et de dysfonctionnements demeurent mais le département travaille sans cesse à les corriger.
La mise en place de la Cellule de Suivi et d’Evaluation en 2015 s’inscrit dans ce cadre. Cette structure rattachée au cabinet du Ministre en charge de l’enseignement supérieur étudiait, donnait son avis et soumettait au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (CNESRS) les offres de formation pour accréditations.
Pour compléter, approfondir et renforcer le travail de cette cellule, le département a mis en place une Autorité Mauritanienne d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur (AMAQ-ES).
Le suivi et l’évaluation constituent, pour tout système soucieux d’efficacité et de performance, les piliers essentiels du pilotage et de la gestion. Ils permettent, en effet, un ajustement permanent des actions à partir de la rétroaction sur les résultats, en vue d’atteindre les objectifs cibles ou encore au maintien et à la restauration de l’équilibre d’un système par l’introduction des correctifs appropriés.
En effet, là où il n’y a pas de déclinaison par les principaux acteurs d’objectifs opérationalisables à court et moyen terme avec définition de cibles à atteindre associés à la mise en place d’indicateurs, il n’y a pas d’évaluation à proprement parler.
Cette exigence de qualité des systèmes d’enseignement supérieur et de recherche scientifique est, en outre, fortement requise par la mondialisation de certaines professions, la mise en place de zones d’intégration économique, l’harmonisation des diplômes à travers l’introduction du système LMD, la mobilité professionnelle croissante, l’expansion des offres de formation publiques et privées, et l’importance de la reconnaissance des diplômes sur le marché international de l’emploi.
Mais répondre efficacement à cette exigence de qualité au niveau national n’est pas une tâche aisée. En effet, dans notre pays, à l’instar des pays de la sous-région, l’augmentation continue des effectifs des étudiants, l’insuffisance qualitative et quantitative du personnel enseignant, de recherche et d’encadrement, le niveau modeste d’expérience en gestion pédagogique et administrative ainsi que la diversification des filières consécutive à l’adoption pas toujours très bien préparée du système LMD, constituent des défis majeurs à relever sur la voie de la préservation et de l’amélioration de la qualité dans notre système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Pour faire face à cette situation, le Ministère en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a arrêté et mis en œuvre, ces dernières années, une stratégie nationale basée sur un investissement massif dans la construction et l’équipement des infrastructures de base, une politique de recrutement régulier des ressources humaines ainsi que l’adoption d’importantes réformes institutionnelles.
Outre les actions menées supra, on peut citer parmi ces réformes, d’une part, l’autonomie administrative, financière et pédagogique accordée aux établissements d’enseignement supérieur en vue de leur laisser davantage d’initiatives pour penser leurs programmes, améliorer leur environnement d’apprentissage et mettre en place leur propre dispositif de maintien et d’amélioration de la qualité et d’autre part, la mise en place du CNESRS dont l’une des principales missions est l’évaluation régulière, par l’intermédiaire d’une instance nationale autonome d’assurance qualité, créée à cet effet, de notre système d’enseignement supérieur et de recherche scientifique, de ses établissements d’enseignement et de recherche.
Nous pouvons citer également les outils d’amélioration de la qualité édictés au niveau central à travers les dispositions réglementaires relatives au système LMD, aux conditions d’admission des étudiants aux différents niveaux des formations, à leurs modalités d’évaluation, aux qualifications minimales des enseignants chercheurs et leurs charges horaires statutaires, à la conformité des maquettes de formation aux normes pédagogiques requises et aux dispositifs d’évaluation des enseignements par les étudiants et du suivi de l’insertion des diplômés.
Ces réformes et outils étaient indubitablement nécessaires mais, l’expérience internationale a montré qu’une prise en charge efficace du problème de la qualité dans l’enseignement supérieur passe nécessairement par la conception et la mise en place d’un système national d’assurance qualité basé sur une démarche d’assurance qualité externe articulant la pratique de l’auto-évaluation par les institutions avec l’évaluation externe par les pairs, le tout sur la base de standards et de critères d’évaluation élaborés par l’instance en charge de l’assurance qualité.
Telle est aujourd’hui la mission assignée à l’Autorité Mauritanienne d’Assurance Qualité de l’Enseignement Supérieur (AMAQ-ES), instance nationale d’assurance qualité, créée par le décret No 2017-093 en date du 10 juillet 2017 et mise en place en ce début de l’année 2020.
L’accomplissement de cette mission conformément aux normes internationales en vigueur et en harmonie avec les objectifs et les spécificités de notre système d’enseignement supérieur, requiert bien évidemment du temps et des moyens mais et surtout des compétences techniques et professionnelles spécialisées tant au niveau de l’AMAQ-ES qu’au niveau des établissements d’enseignement supérieur et des structures de la recherche scientifique.
C’est ce défi majeur qu’il va falloir relever en faisant de la formation et de l’expertise dans le domaine de l’assurance qualité une des principales priorités du plan d’action de l’AMAQ-ES.
Amadou Gueye KONTE,
Directeur de Autorité Mauritanienne d’Assurance Qualité
De l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique