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Photographie : Malika Diagana, une histoire en «noir et blanc»
Le Soleil - Née en Mauritanie, Malika Diagana voue une très grande passion pour la photographie en noir et blanc qui, selon elle, traduit «cette dualité existant en chacun de nous». L’artiste fait partie des sélectionnés, cette semaine, par la galerie «Gew-Bi» de l’Institut français de Dakar, dans le cadre d’une exposition virtuelle.
La photographie de Malika Diagana nous fait sentir vivants. Elle réveille des réminiscences, tout en symbolisant une histoire de rencontre et de métissage. Face à l’angoisse et l’incertitude de l’époque, ses clichés en noir et blanc aident à trouver un équilibre au mixeur de la vie où peine et joie se succèdent telle l’alternance du jour et de la nuit dans le temps de l’éternité.
Née en Mauritanie, l’artiste découvre la photographie dans la capitale sénégalaise, Dakar, lors de ses études en vidéo-réalisation. C’est le début d’une «douce folie» dictée par une passion foudroyante.
La jeune femme se cache derrière les clichés pour donner sa vision du monde, son combat pour des principes. Pour elle, «photographier, c’est écrire en lumière». Malika Diagana fait partie, cette semaine, des artistes sélectionnés par la galerie virtuelle «Gew-Bi» de l’Institut français, mise sur pied il y a quelques semaines, en vue de combiner espace d’exposition des œuvres, confrontation avec tous les publics et remise de prix symboliques.
Son travail qui s’intitule «Silence de l’humanité» donne une vision philosophique du monde et de l’existence contemporaine de façon générale. La photographe parle de ce silence s’enracinant au cœur de l’histoire des âmes, de celle du monde et de ses consciences éternelles. Mais aussi s’inscrivant dans le temps, dans la mémoire et restituant cette histoire collective partagée, construite, narrée et si imagée.
«Tant de siècles et de peuples sont passés… Apprendre, comprendre, mais aussi discerner ce moment de réminiscence où l’émotion se transporte, se transforme d’une âme à une autre. Tout ce monde qu’il nous raconte et qui nous échappe encore. Un réveil brutal comme dans un mauvais rêve où l’on ne se sait pas trop ce qui se passe», explique-t-elle à propos de «Silence de l’humanité». Malika évoque cette «posture engagée face au réel, les multiples histoires qui nous sont racontées en silence».
Selon elle, «c’est le silence d’une Humanité qui étouffe mais se libère doucement. Cette histoire que l’on ne vous contera peut-être jamais… Celle des civilisations et des peuples, celle des infinis incommensurables, celle des rencontres de l’infiniment profond… Sans frontière… Ce silence est bruissant de parole». En mode portrait, avec la puissance brute du regard, son personnage semble s’interroger, la main gauche posée sur la bouche. Derrière cette posture dictée par la conscience, l’on ne peut jamais deviner toute l’émotion se cachant derrière chaque âme.
Malika Diagana a opté pour la photographie noir et blanc pour faire parler «cette dualité existant en chacun de nous». Mais aussi ce désir avoué de raconter l’histoire, de partager avec l’autre. Si l’artiste a les yeux rivés sur l’avenir, le passé aussi l’intéresse. Avec son objectif, elle immortalise le présent pour la postérité. Sa photographie est une belle contribution à l’histoire, aux archives.
À l’image de ses clichés, la jeune femme est le fruit d’un métissage, d’une diversité. Elle est issue d’une union entre un soninké et une cap-verdienne. Aujourd’hui, ce mélange est au carrefour de la démarche artistique de cette infographe de formation. Tout le sens de son combat pour l’unité des peuples dans la différence.
Ibrahima BA