Cridem

Lancer l'impression
20-08-2020

18:40

La caverne d’Ali Baba / Par Sidi Mohamed Hanene, ancien Ambassadeur

Sidi Mohamed Hanene - Apparemment, la caverne d’Ali Baba n’a pas encore livré tous ses secrets, chaque jour a son lot de découvertes inimaginables :

des grosses cylindrées, beaucoup de voitures de différents types, du matériel lourd, des véhicules militaires et même des bidons d’essence. Nous savons maintenant qu’il y’avait des systèmes parallèles qui fonctionnaient indépendamment l’un de l’autre.

1-une structure officielle de l’État qui n’est pas compétente en ce qui concerne les marchés juteux.

2-une autre structure d’état mafieuse s’occupant de tout sans avoir la compétence légale qui reçoit les ordres seulement de la famille de l’ancien président. Cette structure parallèle était plus efficace que toutes les structures légales de l’État. Nous savons également qu’il y’avait des sociétés de pêche, opérant dans nos eaux territoriales depuis une décennie sans aucune licence ni autorisation et personne ne pouvait les contrôler.

Au port, il y’avait deux douanes : une chargée du prélèvement des taxes et une autre douane chargée justement d’exonérer le milieu concerné des taxes applicables aux autres seulement.

Cette façon de gouverner sans faire la différence entre le public et le privé rappelle les méthodes du moyen-âge ou les systèmes maffieux. Cette dualité des Institutions était perceptible au niveau de nos missions diplomatiques.

Je citerai un seul exemple parmi d’autres. J’étais en poste à Abu Dhabi de 2014 à 2018 et pendant cette période un ressortissant Émirati m’a contacté pour introduire une autorisation de chasse dans le désert mauritanien que j’ai transmise au Ministère comme je le fais toujours bien qu’aucune demande par la voie normale n’a été satisfaite, c’est ce que je n’ai pas compris au début et je ne comprendrai jamais qu’il y’a deux systèmes parallèles et surtout s’il ya des intérêts économiques même minimes soient-ils ?

Après l’échec de toutes mes tentatives pour obtenir une autorisation de chasse pour des personnalités émiraties et après avoir compris que la voie administrative régulière n’est pas du tout productive, j’ai contacté un conseiller de l’ancien président chargé de ce genre de dossiers. Ce dernier, quand il compris de quoi il s’agit, m’a instruit de demander à la personne concernée de le contacter directement, ce que j’ai fait et depuis lors l’Émirati a rompu le contact avec l’Ambassade, vous comprendrez la suite.

Quelque temps après, une délégation du ministère de l’environnement accompagnée d’un membre de la famille du président est venue à Abu Dhabi sans informer l’ambassade et sans l’associer évidemment pour signer un contrat octroyant un zone protégée et pour autre chose qui ne nous a pas été révélé.

Toute cette transaction sera portée à notre connaissance par l’avocat de la famille Émiratie, un mauritanien en exprimant son étonnement lorsqu’il n’a pas vu un représentant de l’ambassade assister à la signature d’un contrat pas comme les autres entre une personne physique et un État au profit de la personne et non l’Etat comme il nous a confirmé. Quant à nous, nous n’avons aucune idée car ça ne nous concerne pas au niveau de l’ambassade selon la conception des maîtres du moment.

Ces méthodes ne s’apparentent pas à celles utilisées par les États au moyen-âge ou par la maffia.

Sidi Mohamed Hanene

Ancien Ambassadeur





"Libre Expression" est une rubrique où nos lecteurs peuvent s'exprimer en toute liberté dans le respect de la CHARTE affichée.

Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org