Journal Le Terroir - Monsieur le Président,

J’ai l’honneur de vous adresser cette lettre pour attirer votre attention sur la poursuite de la politique d’accaparement des terres dans la commune de Dar El Barka (Mouqata’a de Boghé) notamment une superficie de 3200 ha de la cuvette de Karawlatt-Woullou Ndiaye située au sud de l’affluent de Koundi. En effet, depuis 2010, les paysans de cette commune ont été empêchés d’exploiter les terres de cette cuvette qui contituait leur sève nourricière.

La résistance pacifique organisée par les paysans qui exploitent ces terres depuis des décennies avait été violemment réprimée par les forces de l’ordre qui avaient procédé alors à des arrestations suivies de menaces, tortures et brimades de toutes sortes.

Auparavant, les exploitants avaient signé une lettre datée du 13 octobre 2010 et enregistrée sous le N°151 à la Mouqata’a de Boghé et adressé aux autorités de l’époque en invoquant leurs droits de propriété sur ces terres.

Dix ans après, force est de constater que notre requête n’est toujours pas satisfaite et nos terres demeurent entre les mains d’exploitants étrangers.

Monsieur le Président,

Au moment où votre gouvernement s’engage dans une vaste opération d’assainissement des biens publics et de lutte contre la corruption et la gabégie qui ont caractérisé la décennie 2009-2019, nous vous adressons à vous pour demander la restitution de nos terres qui avaient été vendues comme les écoles, les terrains, les véhicules etc.

Notre vie est étroitement liée à notre espece vital car nos populations vivent presqu’exclusivement des ressources agro-pastorales. A l’heure actuelle, cet accaparement se poursuit car en fait, le 8 août 2020, nous avons été surpris de voir des engins abattre des arbres pour une éventuelle exploitation de la cuvette par les mêmes occupants étrangers (saoudiens).

Cette opération qui contribue à la dégradation de l’environnement et étend la politique d’accaparement des terres a entraîné la tenue d’un sit-in exigeant l’arrêt des travaux. C’est dans cette manifestation pacifique qu’un des nôtes, sans doute très éprouvé par cette hécatombe environementale est tombé en syncope et a rendu l’âme quelques heures après.

Face à cette situation chaotique, les pauvres paysans de la Cuvette de Karawlatt-Woullou Ndiaye ne savent plus à quel saint se vouer pour résoudre cette question qui sème les germes de la frustration et qui menace la cohésion sociale et l’unité de notre peuple. En conséquence, nous populations de Dar El Barka demandons :

-L’arrêt de la politique d’accaparement des terres qui a accentué la famine et la pauvreté depuis ces dernières années.

-La rétrocession immédiate de ces terres qui ne sont pas mortes aux ayant-droits pour leur permettre de les exploiter comme ils l’ont font depuis des générations (les traces de cultures qui s’y touvent en sont une parfaite illustration).

-La mise en valeur des terres au profit des exploitants locaux avec l’appui de l’Etat.

Dans l’espoir de trouver auprès de votre très haute bienveillance, une oreille attentive et une suite favorable à nos requêtes, veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, l’expression de mes sentiments distingués et de ma très haute considération.

Cheikh Tahar Amadou Dia,

Président du Comité Local de Karawlatt-Woullou Ndiaye