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03-11-2020

09:03

Hiba Mohamed Moussa, étudiante, Nouakchott : pourquoi je n'achète plus rien ''Fabriqué en France''

BBC Afrique - Ce mouvement de contestation au sein de la communauté musulmane survient alors que la politique française en matière de lutte contre l'islam radical s'intensifie depuis le meurtre d'un instituteur français qui avait montré les caricatures du prophète à ses élèves et d'une deuxième attaque au cours de laquelle trois personnes sont mortes dans le sud de la France.

De la Turquie au Bangladesh et de la Jordanie à la Malaisie, il y a eu des manifestations généralisées exhortant les gens à boycotter les produits français.

Certains supermarchés ont vidé leurs étagères de tout ce qui porte l'étiquette ''Made in France'', et des hashtags tels que #BoycottFrenchProducts ont été partagés plus de 100 000 fois sur les réseaux sociaux toute la semaine.

Ces réactions ont été suscitées par les propos du président français Emmanuel Macron après le meurtre d'un professeur de français qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet à des élèves d'une classe sur la liberté d'expression.

M. Macron a déclaré que le professeur "a été tué parce que les islamistes veulent notre futur", mais que la France "ne renoncera pas aux caricatures".

Les caricatures auxquelles il faisait référence étaient des dessins du prophète Mahomet publiés dans le magazine satirique français Charlie Hebdo en 2006, qui ont irrité de nombreux musulmans du monde entier ; ces derniers considérant toute représentation du prophète profondément offensante.

Le président Macron a été félicité pour avoir défendu la laïcité et la liberté d'expression dans son propre pays, où les sentiments sont vifs après le meurtre jeudi de trois personnes dans une église de la ville méridionale de Nice dans ce que le président Macron a qualifié d '"attaque terroriste islamiste".

Mais Emmanuel Macron est devenu une figure de haine dans les pays à majorité musulmane comme le Bangladesh, où des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue mercredi pour appeler au boycott des produits français.

La BBC s'est entretenue avec trois personnes (avant les attentats de Nice) qui disent que cela les a poussées à ne plus acheter de produits français :

- Hiba Mohamed Moussa - Etudiante - Nouakchott, Mauritanie

J'ai participé à des manifestations à Nouakchott avec ma famille et mes amis pour condamner ce qui se passe en France.

Nous boycottons tous les produits français dans l'espoir que l'économie française s'effondre et que Macron s'excuse auprès des deux milliards de musulmans qu'il a offensés avec son discours haineux.

Au lieu du fromage de la vache qui rit, nous consommons des produits turcs. J'ai des parfums français comme Lacoste mais une fois le flacon terminé, je n'en achèterai plus.

J'ai écrit une lettre au président Macron pour demander des excuses. Dans la lettre, je lui ai demandé si son enseignant est digne de respect, qu'en est-il de nos prophètes, qui sont aussi des enseignants ?

Ce qui nous a le plus irrité, c'est son discours islamophobe liant l'islam à la barbarie. C'est une injustice et une provocation que nous ne pouvons tout simplement pas tolérer.

Un président d'un pays comme la France qui accepte que des images humiliantes sur groupe particulier figurent en couverture, ce n'est pas ce qu'on peut appeler la liberté d'expression, mais plutôt une attaque contre un groupe religieux particulier. C'est un moyen bon marché d'augmenter les points qu'il envisage de gagner dans sa course politique.

J'étais trop jeune pour me souvenir de la première publication de la caricature du Prophète Muhammad par Charlie Hebdo, mais je me souviens de l'attaque contre les bureaux du magazine. Tout le monde changeait sa photo de profil sur les réseaux sociaux en "Je suis Charlie".

J'avais réussi à ne pas voir le dessin pendant tout ce temps, mais lorsque je faisais défiler Twitter l'autre jour, je suis tombé dessus. Je me suis senti insultée et méprisée. Pourquoi l'islam ne peut-il pas être respecté comme le judaïsme ou le christianisme ?

Reportage, par Sodaba Haidare




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