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30-11-2020

17:30

Violences à Paris : que s'est-il passé entre partisans de l'indépendance du Sahara occidental et soutiens du Maroc ?

Libération - Samedi, place de la République, les partisans de l'autonomie sahraouie et ceux de l'unité marocaine ont organisé manifestation et contre-manifestation. Des violences ont éclaté.

Question posée le 29/11/2020

Bonjour,

En marge de la manifestation contre la loi sécurité globale de samedi, des heurts ont éclaté à Paris, place de la République, autour d’un tout autre sujet : le Sahara occidental.

La mobilisation des deux camps – les uns favorables à l’indépendance de ce territoire au sud du Maroc, les autres défendant l’unité du royaume chérifien – semble avoir tourné à l’échange de coups. De nombreuses photos et vidéos circulent en ligne pour montrer les mobilisations plutôt pacifiques des deux côtés. Mais certaines images donnent aussi à voir de vives tensions, des bousculades et des attaques avec des bâtons.

Manifestation sahraouie et contre-manifestation marocaine

Vieille de plusieurs dizaines d’années, l’opposition entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario s’est ravivée, ce 13 novembre, lorsque des tirs ont éclaté à Guerguérat, à la frontière avec la Mauritanie. Chaque camp accuse l’autre d’avoir violé les accords censés garantir le cessez-le-feu signé en 1991.

En début de semaine, des associations de la communauté sahraouie appellent à un rassemblement à Paris, ce samedi, de 14 heures à 17 heures. Dans les jours suivants, c’est la communauté marocaine de France qui organise une contre-manifestation, censée commencer à 13h30, au même endroit et le même jour, selon plusieurs messages postés sur les réseaux sociaux.

Un certain nombre de Facebook live (des vidéos filmées et diffusées en direct sur le réseau social) émanant des deux camps permettent ensuite de reconstituer avec une certaine précision le déroulé de cet après-midi. A 13h30, un contingent de personnes avec des drapeaux marocains est situé au pied du Monument à la République, au centre de la place.

Plus au sud, à quelques dizaines de mètres, les partisans de l’indépendance du Sahara occidental sont eux aussi bien présents, dès 14 heures. Ils sont reconnaissables notamment aux drapeaux du Sahara occidental qu’ils portent (des bandes noire, blanche et verte, bordées d’un triangle rouge et au milieu desquelles figure un croissant et une étoile rouges). Vers 15h30, la situation semble toujours relativement calme. Côté indépendantiste, on entonne un chant «solidarité avec les Sahraouis» ou «une seule solution, arrêter l’occupation».

Coups de bâtons et sprays lacrymogènes

Vers 15h50, certains partisans du Sahara indépendant discourent et discutent toujours au même endroit, mais d’autres - qui crient «Polisario» – se sont rapprochés du Monument à la République, et des pro-Maroc. A un moment, les deux camps, qui se bousculent, agitent leurs drapeaux respectifs sur la statue.

Sans qu’il nous soit possible de déterminer pourquoi, la tension va encore monter d’un cran, et des membres des deux camps vont en venir aux mains, au milieu d’une foule dense. C’est ce dont témoigne une vidéo filmée en hauteur (que nous ne reproduisons pas car on y voit le visage de son auteur, un adolescent).

Une vidéo filmée au même endroit (et potentiellement au même moment) a été diffusée sur la page Facebook de la télévision marocaine Chouf TV. On y voit bien des hommes armés de ce qui semble être des bâtons, du côté des indépendantistes. Face à eux, les partisans de Rabat reculent. C’est aussi ce que montre cette photo diffusée sur un compte pro-Maroc. Les tensions durent au moins jusqu’à 16h30, d’après un autre live Facebook.

Deux autres vidéos, que nous n’avons pas pu replacer dans cette chronologie mais qui sont vraisemblablement postérieures au début des tensions, témoignent de la violence de cette rencontre. Dans l’une, un homme met un coup de tête à un autre (qui porte un masque aux armoiries du royaume marocain). Une deuxième vidéo montre une situation très confuse, sur une place de la République clairsemée. Deux ou trois personnes semblent s’en prendre aux indépendantistes, qui font un mouvement vers l’arrière, avant de se mettre à poursuivre ceux qui les ont attaqués. Des sprays lacrymogènes semblent être utilisés.

Contactés ce dimanche matin, les organisateurs de la manifestation et de la contre-manifestation n’ont pour l’heure pas répondu. Le journaliste sahraoui réfugié en France et auteur de plusieurs vidéos citées dans cet article, Mohamed Radi Ellili, impute les «tensions» de la place de la République à des «provocations» du camp marocain.

Une source policière indique que le «rassemblement intitulé "solidarité avec le peuple sahraoui"» avait bien été déclaré place de la République de 14 heures à 17 heures. Et poursuit : «Une brève altercation physique et verbale a eu lieu sur la place, entre les participants et des opposants. Il n’y a eu ni interpellation, ni blessé recensé par les services de police.»

Par Fabien Leboucq





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