Cridem

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03-12-2020

23:00

Le 28 novembre 2020 encore un jour mi-figue mi-raisin

Dina Talla - Le 28 novembre, super, c’est l’indépendance de la Mauritanie! L’unité nationale, le défilé militaire, la fierté des nôtres! Oups ! On en oublie le groupe de manifestants similaire à un cortège funèbre.

Mais qui sont-ils? Que veulent-ils? Le 28 novembre 1990, un jour qui fait tâche dans l’histoire de la Mauritanie... au delà de l’événement qui a eu lieu en 1989...c’est 28 militaires noirs pendus à Inal en 1990 en guise de célébration de la fête de l’indépendance.

Le 28 novembre 1960 signe que la République Islamique de Mauritanie prend son autonomie et son indépendance par rapport à la République Française qui la comptait parmi ses colonies en Afrique.

Elle est ensuite confrontée aux divisions internes et la lutte de pouvoir. Ainsi, c’est à nouveau les cinq cultures soit cinq langues nationales qui cohabitent avec tantôt une langue officielle l’arabe tantôt deux avec le français. Une société traditionnelle qui a dû mal à passer le cap. Parfois complexée, tournée vers le monde arabe et d’autres fois vers l’Afrique. Un tiraillement sans cesse qui au fil du temps fini par devenir une constante.

Encore en 2020, c’est comme s’il n’y avait jamais eu de changement pour certains. Les problèmes et incompréhensions restent les mêmes. Des plaies ouvertes espèrent encore d’être refermées. Les placebos et pansements n’ont pas suffit pour cicatriser les blessures.

C’est à cœur ouvert ou le cœur en miette que les descendants des victimes ce sont rendus dans les rues pour défier l’autorité et demander justice.

Devons nous arrêter de célébrer l’indépendance?

Non, la question n’a même pas lieu d’être. Il est important de faire la part des choses. Une poignée d’homme d’un côté comme d’un autre ne doit en aucun cas être légitimé au détriment de la majorité. Tous pays anciennement colonisé est aujourd’hui construit suite à son indépendance qui est une date clef de son histoire. On n’effacent pas l’histoire, on l’oublie pas, comme pour la tragédie survenue en 1990. On l’accepte, on la reconnaît et on l’inscrit dans son histoire. Aucun État est blanc comme neige, aucune barbarie, aucun acte raciste, sexiste, fasciste et autres allant dans ce sens ne doivent être toléré. Ici, c’est la justice qui doit faire son travail.

S’il y a discussion et débat, y aura t-il un changement ?

Langage de sourd...

Il est difficile de parler de débat quand la discussion n’a lieu qu’entre des personnes qui pensent plus ou moins pareilles, où la question est plus de savoir que doit faire l’Etat et de quoi est-il coupable? Le manque d’objectivité et la forte prise de partie des intervenants n’aident pas à la construction de réflexions permettant l’ouverture du dialogue et la recherche d’une solution durable évitant la répétition à l’infini de 28 novembre amères.

Dans l’attente d’une réflexion commune constructive de la part de nos représentants, puisque le peuple les a élus à la majorité pour qu’ils puissent prendre les décisions nécessaires et objectives. Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne et heureuse fête de l’indépendance. HONNEUR FRATERNITÉ ET JUSTICE.

Dina Talla

Directrice Générale de Wonibik TV





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