Cridem

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29-05-2021

20:34

Mauritanie, des femmes racontent leur difficile parcours de défenseure des droits de l’Homme

Menaces, pressions, mauvais traitements…En Mauritanie, mener un combat de défense des droits de l’Homme est loin d’être un fleuve tranquille, notamment pour les femmes.

Ce samedi 29 mai, nous avons rencontré trois défenseures des droits de l’Homme lors d’un atelier d’échanges et de concertation organisé à Nouakchott par le Forum des Organisations Nationales de Droits Humains(FONADH). « A chaque fois, il y’a des menaces, vous risquez de subir la prison », raconte Siniya Haidara, présidente de l’Association des femmes éducatrices pour la promotion des droits humains.

Cette défenseure des droits de l’Homme se souvient de ce 28 novembre 2019.

« J’ai été arrêtée et placée en garde-à-vue pendant quelques jours. Deux semaines avant mon arrestation, j’avais dit dans des vocaux sur WhatsApp que personne ne devrait fêter le 28 novembre. J’ai été appelée par la Sûreté. A la sûreté, j’ai affirmé que des gens de la Vallée ont été tués, exécutés le 28 novembre pour dire que je ne fêterai jamais le 28 novembre. Ils m’ont dit que je suis en train de semer la pagaille, que je suis radicale, que je suis extrémiste. Ils m’ont emmené à la police, pendant 3jours. Ils ne m’ont pas arrêté directement, c’est une ONG soi-disant de droits de l’Homme qui a porté plainte contre moi. J’ai été libérée par la suite et ils m’ont fait comprendre que la prochaine fois, je risquais la prison. »

Fin mars dernier, une présumée affaire d’esclave donnée en cadeau de noce défraie la chronique. L’histoire se serait déroulée à Ouadane, située nord-est de Chinguetti, dans l’Adrar. Celle qui l’a dévoilé au grand jour se nomme Aziza Brahim, la représentante de SOS Esclaves, à Atar, capitale de la wilaya de l’Adrar,dans le centre-ouest de la Mauritanie.

Avoir révélé cette histoire, c'est le début de la turbulence pour elle.

« On m’a arrêté pendant que je participais à un atelier, mon téléphone confisqué. Durant ma détention, la police m’a refusé les visites de ma famille », se souvient Aziza Brahim.

« Cet épisode de la vie m’a donné plus de courage. Les choses ont été brisées. J’ai dénoncé des vérités, je me suis rendu compte que j’étais utile dans ce que je faisais. Je suis convaincu de ma mission malgré les pressions de l’entourage, des autorités, le wali, le hakem. Être sur la bonne voie me donne davantage de courage », ajoute Aziza Brahim.

Chez Mama Moussa, mêmes motivations et mêmes ambitions pour un Etat de droit en Mauritanie. Cette jeune femme est membre d’IRA-Mauritanie,un symbole de la résistance face au pouvoir répressif de l’ex-président Mohamed ould Abdel Aziz. Beaucoup de membres d’IRA-Mauritanie porteront pour toujours les stigmates des violences policières.

« J’ai été victime de violences policières. Lors de l’une de nos manifestations, à Nouakchott, mon bras a été cassé. Au lieu de m’amener à l’hôpital, on m’a conduit au commissariat de police. A la police, j’ai subi des violences verbales et psychologiques de la part des policiers », raconte Mama Moussa.

Babacar BAYE NDIAYE - Journaliste à Cridem

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