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06-06-2021

11:51

La GDS au centre d’un webinaire du CCME

Initiatives News - La problématique lancinante de la gestion des déchets solides en Mauritanie a fait l’objet d’un webinaire organisé samedi 05 juin par le Collectif des Cadres Mauritaniens Expatriés (CCME), en partenariat avec l’Association des Maires de Mauritanie (AMM).

Cette conférence virtuelle s’est tenue sous le thème : «Gestion des déchets solides(GDS) en Mauritanie : état des lieux et pistes de réflexion ».

Un panel de haut niveau composé de représentants de l’Etat, de la société civile, des collectivités territoriales et du CCME a animé cette rencontre.

Il y avait Mme Fatimetou Mint ABDEL MALICK. Présidente du Conseil régional de Nouakchott, M. Sidi Ould KHALIFA, Secrétaire Général de l’Association des Maires de Mauritanie (AMM),Mohamed Lemine Ould HAMADI, Conseiller Technique auprès du Premier Ministre, M. Sidi Ould ALOUEIMINE, Chargé de mission au Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, M. Abdi Ould HORMA, Directeur Général des Collectivités Territoriales au Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation, M. Cheikh DIA, Expert international (CCME),M. Brahim Ould ABDEL WEDOUD, Expert International (CCME) et enfin M. Abdoulaye DIAGANA, Expert International (CCME) qui a dirigé les débats en sa qualité de modérateur.

Le coup d’envoi de la conférence a été donné à partir de Houston en Azizona (USA) par la lecture de quelques versets du saint coran, une lecture assurée par Saada Kelly. Le mot de bienvenue du président du CCME Moustapha Ould Béchir a été prononcé par Mamadou Baro qui a présenté le CCME comme un cadre unitaire où se retrouvent des mauritaniens de tout bord.

C’est une organisation apolitique qui n’est aligné ni derrière l’Etat mauritanien ni derrière une entité étrangère.

Baro a par la suite prononcé le mot de contexte affirmant qu’il s’agit là d’un thème important, un thème central qui est lié à la santé des populations. Cette problématique a-t-il ajouté est pluridimensionnelle. Il a enfin remercié l’implication des maires pour la résolution de ce problème et a annoncé que cette conférence est la première d’une série qui va impliquer tous les acteurs concernés par cette question.

A son tour Cheikh Dia, expert de la Banque Mondiale basé à Kinshasa a présenté la vision du CCME concernant ce sujet. Il a affirmé au passage l’importance accordée à l’Etat et à la jeunesse par son organisation.

Pour Sidi Ould Khalifa Secrétaire général de l’association des maires de Mauritanie a affirmé cette question fondamentale préoccupe le pouvoir, les populations et les visiteurs étrangers. Et d’assurer au passage qu’une nouvelle dynamique est née avec l’arrivée au pouvoir des nouvelles autorités du pays.

Il a souligné la spécificité de la ville de Nouakchott qui dispose de plusieurs communes et d’un Conseil Régional. L’Etat s’intéresse de plus en plus à cette question dit-il donnant pour preuve l’action énergique menée en 2019-2020 avec le projet qui a consisté à débloquer 1,5 milliard MRO pour investir dans ce domaine à l’intérieur du pays avec la création de 2500 emplois. Il y a eu aussi un transfert de compétences vers les communes.

Le Conseiller Technique auprès du Premier Ministre, a révélé que le gouvernement a mis sur pied un programme de 30 mois composé de 5 axes pour la création d’emplois verts. Il s’ait d’un projet spécifique pour le nettoyage de 33 communes du pays, Nouakchott et Nouadhibou n’étant pas concernées.

De son côté, le Conseiller du ministre de l’Environnement a assuré que la gestion des déchets solides est l’une des priorités du ministère.

Lui succédant, Abdi Ould Horma a noté que cette gestion des déchets constitue une quadrature du cercle. Selon lui le projet des 33 communes n’en est pas un en réalité car il s’ait en réalité d’une intervention pour atténuer les effets du Covid qui a couvert 700000 personnes.

Mais a-t-il poursuivi il a contribué à l’émergence d’une nouvelle mentalité des ménages par rapport à la question des déchets. Il y a eu une offre de services de déchets qui n’existait pas. Il y a en effet un problème de sensibilisation et d’information des populations qui ne sont pas motivées pour contribuer à la solution.

Mais Ould Horma reconnait l’existence d’une coordination des efforts entre les ministères de l’intérieur et de l’environnement afin de trouver des solutions. Pour lui la solution réside dans une vision et une stratégie qui doit être réalisée dans les règles de l’art.

La gestion des déchets ne peut pas être confiée seulement à l’Etat ou aux collectivités locales. Dans le monde se sont les opérateurs privés qui s’en care note le Directeur Général des Collectivités Territoriales.

La présidente du Conseil Régional de Nouakchott a fait une présentation sur la gestion des déchets ménagers à Nouakchott en mettant l’accent sur le Centre d’enfouissement Technique (CET). Après avoir donné un aperçu sur la région, elle a rappelé que l’étude technique du CET a démarré en 2000 sur un financement de 2,5 millions de dollars de la Banque Mondiale.

4 points avaient été pressentis pour abriter le site. En 2002, l’Etat par l’intermédiaire du ministère des finances a affecté un terrain de 204 ha au projet. Son exploitation effective a eu lieu à partir de 2007. 51 ha seulement ont été utilisés. Mint Abdel Malek a également parlé des modalités de traitement des déchets au niveau du CET. Ainsi depuis 20072.551.229 millions de tonnes seulement ont été traités contre 6 millions de T par an au Cameroun par exemple.

En direct de GOMA en RD du Congo Cheikh Dia a fait une présentation sur les déchets solides en Mauritanie (Etat des lieux et pistes de réflexion). Il a abordé tour à tour le contexte général, le cadre institutionnel et juridique, les contraintes, les solutions et les recommandations. Il a souligné l’évidence du caractère transversal du traitement des déchets solides.

Pour M.Dia le déchet est une ressource et peut constituer une source de revenus. Il a affirmé l’absence en Mauritanie de stratégie de GDS et d’un système de gestion conforme aux standards internationaux. Les modes en vigueur sont partiels.

Pour ce qui est des statistiques on a dénombré selon la GIZ 800000 T de déchets en 2014 soit 0,5 k par personne en milieu urbain et 0,3 en milieu rural. La production des déchets médicaux fut de 1200 T par an.

Sur le plan juridique y a plusieurs lois et la promotion de la gestion des déchets solides revient à la Direction des pollutions et des urgences environnementales (Ministère de l’Environnement et du DD). Quant aux contraintes, elles sont d’ordre institutionnel, technique et financier.

Pour les recommandations il faut doter les communes de moyens financiers suffisants et faire usage des alvéoles qui sont adaptées à l’environnement mauritanien.

Brahim Ould Abdel Wedoud a fait un témoignage de son expérience de près de plus de 20 ans sur l’évolution de la question. Il a parlé entres autres de l’important financement de la Banque Mondiale en 2001, du recyclage et de la récupération qui existent ici depuis belle lurette et de l’implication précoce du secteur privé (1990) avec l’échec du premier appel d’offres car l’engagement de l’Etat n’était pas réel. Autre problème souligné, l’absence de site de transit.

Et pour Brahim le départ de PIZZORNO n’avait pas été préparé et après son départ ce fut la pagaille généralisée.

La récupération et l’incinération sont les seuls créneaux des GDS. La première est couteuse ce qui explique la réticence du secteur privé.

Après les panélistes les intervenants sélectionnés ont abondé dans le même sens. Ils ont insisté sur la nécessité d’une volonté politique, d’associer la société civile, de mieux communiquer et sensibiliser, et de donner aux communes les moyens de faire face aux GDS.

Amed Senoury directeur du PRCM a mis en exergue les conséquences n néfastes des déchets plastiques en milieu marin, sur la façade maritime et dans les zones côtières. Il a cloué au pilori les filets des pêcheurs, les engins pour pêcher le Poulpe, les pots utilisés dont 35 pour cent restent au fond de l’océan.

Selon les statistiques de l’IMROP 7 millions de pots ont été rejetés dans la mer en 2017. Ces pots se retrouvent au Cap-Vert et jusque sur les côtes des USA et du Brésil.

Pour M.Senoury la solution c’est l’éducation environnementale à l’école.

Da h Ould Cheikh Sidi a déploré l’incinération à l’air libre des déchets pharmaceutiques, ce qui est très dangereux. Il préconise un plaidoyer pour arrêter cela.

En réponse aux nombreuses questions posées, le directeur des collectivités locales a dit que la vraie question c’est de se demander pourquoi plus de 60 ans après l’indépendance il y a toujours ce problème des déchets. Sa réponse est sans équivoque.

C’est un problème de gouvernance. Il faut donc réhabiliter le service public. Les institutions doivent selon lui être au cœur des solutions. Il faut que l’Etat de droit fonctionne normalement. Ce sont les lois qui doivent réguler tout ça.

C’est aussi l’avis de la Présidente du Conseil Régional qui a fait allusion à un trafic de pièces détachées des camions qui étaient destinées à la gestion des ordures. Pour elle le contrôle et le suivi des projets doivent être de mise.

La Présidente a dit qu’il n’ya pas eu d’amélioration malgré l’augmentation du budget destiné à la gestion des ordures à la mairie de Tevrak Zeina qui est passé de 4 millions par mois en 2001 à 800 millions aujourd’hui.

Selon elle le problème en Mauritanie c’est qu’on ne tire pas les leçons des expériences passées. On ne capitalise pas sur les expériences. Et il faut qu’on pose le problème poursuit Mint Abdel Malek de manière désintéressée et éviter les tiraillements entre les ministères. Ce problème est national conclut-elle et il ne faut pas qu’un seul département s’en accapare.

Pour le Conseiller du Premier ministre le financement pose toujours problème et l’une des solutions envisageable c’est le Partenariat Public-privé.

Rappelons enfin que le débat qui vient d’être enclenché par le CCME sur cette question cruciale de la GDS va se poursuivre à l’occasion d’autres débats prévus ultérieurement.

Bakari Guèye



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