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25-07-2021

21:37

Interview |Général DIA Adama Oumar : "Je suis farouchement opposé à tout accaparement de terre injustifié"

Terroir Journal - Général d'armée à la retraite depuis fin 2018, DIA Adama Oumar, président de la fédération des agriculteurs de Mauritanie a occupé plusieurs postes stratégiques au sein de l'appareil militaire pendant qu'il était aux affaires.

Le plus prestigieux d'entre eux, fut l'intendance à l'état major entre les années 1996 et 2005. Après une brève traversée de désert, il revient en force en 2009 à la faveur du coup d'état orchestré par l'ancien président Mohamed O Abdel Aziz contre Sidi O Cheikh Abdallahi, le président démocratiquement élu. Ainsi, il sera propulsé chef d'état major du président Abdel Aziz avant de se voir confier la gestion du dossier du passif humanitaire.

Maintenant qu'il est à la retraite, il est propulsé à la tête de la Fédération Mauritanienne des Agriculteurs. Il a accepté de nous accorder une interview par rapport à la campagne de contre saison en cours d'exécution et la nouvelle politique agricole du pays.


Le Terroir/NGENNDI: En tant que président de la fédération des agriculteurs de Mauritanie, général DIA, que pensez-vous de la nouvelle politique agricole envisagée par les pouvoirs publics ?


DIA Adama Oumar : On ne peut pas manquer de tout sur le plan alimentaire alors que toutes les conditions sont réunies ici pour réaliser notre autosuffisance en tout cas dans la plupart des spéculations que nous importons, y'a pas de raison à ça, s'il y'a une raison, elle est dans notre fainéantise, on n’a jamais manqué de dire que les conditions doivent être créées pour permettre aux mauritaniens de produire eux mêmes.


Sans importer. En tout cas lorsqu’on importe, cela devrait signifier que la denrée en question ne peut être produite localement. Autrement, il y'a pas de raison d'importer. Les conditions sont réunies. Il y'a l'eau, il y'a la terre fertile et le soleil. Se sont les trois conditions qu'il faut réunir pour, normalement produire. Je pense à un moment donné, ça n'a pas intéressé les gens. Nos politiques agricoles ont souvent été très mal ficelées, en fait ils ont cherché plutôt à refonder une société en faisant de ceux qui n'ont aucune une vocation d'être paysans, des paysans alors que le paysannat est un problème de culture aussi. Il y'a le profit mais il y'a la culture aussi. On va au champ, on produit, bon an mal an, on récolte, l'année est bonne, c'est bien, l’année n'est pas bonne, on s'en va. On revient l'année suivante avec le même enthousiasme affronter la terre. C'est ça le paysan, nous le savons tous ici.


On a cru à un certain moment donné à faire en sorte que les gens changent d'habitude, ce qui fait que toutes nos politiques agricoles ont souvent échoué! A un certain moment donné, il fallait chercher à faire les choses autrement, c'est à dire voir les gens en quoi, ils excellent, les unifier et mettre en singerie les compétences naturelles des gens. Chacun produisant dans un secteur et on fait le tout ensemble. Quand on voit en miniature ce qu'il y'avait vers les années 1960, la vallée avec un régime hydrographique très favorable, toutes les basse et hautes terres de la vallée inondées et cultivées, on avait notre subsistance et les excédents. Les chameaux du nord venaient récupérer la nourriture, deux cent chameaux attachés les uns à la queue des autres venaient prendre tout ça! Contre un troc, où eux aussi ils amènent le sel, la guinée ainsi de suite. Et tout le monde trouvait son compte. Rien n'a changé.


Evidement, on est à une plus grande échelle, la population à attribuer. C'est bien que les conditions hydrographiques ont été bouleversées par les barrages, désormais, il faut irriguer pour cultiver. Il y'a des gens qui n'ont pas les moyens d'irriguer et de ce fait les terres sont devenues mortes, on les a tué en réalité, elles ne sont pas mortes. Désormais, il fallait permettre aux mêmes paysans qui ont les mêmes attitudes, qui ont les mêmes réflexes par rapport au sol de se mettre au travail. En introduisant de nouvelles techniques culturales d'une certaine valeur. Bon je pense qu'à certain moment, on a raté le coach et nous avons continué à importer tout alors que nous avions toutes les potentialités chez nous. Bon certains évènements ont accéléré la compréhension du phénomène.


A moment, on a maille à partir avec deux belligérants sur nos frontières nord se sont affrontés, le ravitaillement qui nous venaient du nord un peu facilement a été interrompu et on s'est retrouvés presque affamés. Ajouté à cela, il y'a eu la COVID-19, on ne sait même pas ce qu'elle va accoucher encore, elle est venue nous montrer que si vous n'avez pas les moyens de vous autosuffir, les moyens de vivre chez vous, vous n'êtes pas un pays viable.


Le Terroir/Ngenndi: C'est donc ce qui a poussé l’Etat mauritanien à engager une campagne agricole de contre saison pour combler ce déficit alimentaire occasionné par la crise, peut-on dire ?


DIA Adama Oumar : En partie si, peut-on affirmer. Mais les campagnes contre saisons ont toujours eu lieu dans notre pays, monsieur DIOP.


Il fallait faire en sorte que les gens assume cette réalité et se mettent au travail; c'est ce qui explique que les pouvoirs publics s'engagent à introduire de nouvelles techniques, de nouvelles approches par rapport à l'agriculture et cette nouvelle approche, il faut la vulgariser auprès des paysans dont notamment la culture maraîchère. Bon, c'est vrai qu'on cultive beaucoup de riz maintenant mais le riz à lui seul ne nourrit pas les gens, adjoindre à ce riz là, beaucoup de légumes. Eviter de les importer avec le riz sinon ça dévient beaucoup plus cher que le riz. Donc, l'état a pensé qu'à défaut de forcer les gens à y aller, il faut montrer l'exemple. C'est ce qui explique qu'à travers la SONADER, on essaye de réhabiliter la culture maraîchère qui, en tout cas chez nous, à Boghé avait déjà décollé. On se souvient encore du temps où le canal était tout le temps rempli. Les gens de Sayé, Thialgou et Boghé Dow qui faisaient du maraîchage et particulièrement à Thialgou. Les gens récoltaient beaucoup d'oignons et plusieurs spéculations qui alimentaient le marché local et qui allaient jusqu'à l'EST. Mais à un certain moment pour de petits problèmes de sot d'humeur, le canal a été asséché exprès, on ne comprend pas, comme si c'était de la malédiction, on ne sait pas!


Les efforts comme ça quand ils naissent, il faut les encourager et ne pas les décourager. Si on pense que les gens doivent payer une redevance, il faut la fixer et qu'elle soit juste et que les gens payent. Mais assécher le canal et empêcher les gens de travailler tout une saison, alors que cela est possible, c'est un gâchis. On nous ramène à une chose à laquelle nous étions déjà familiers. Dans la zone de Boghé, il y'a initialement deux zones bien distinct, une zone de polyculture destinée uniquement au maraîchage et la zone de riziculture. C'est par défaut qu'on la transformé en zone de riziculture.


Il faut restaurer ça! Vous savez que les gens sont toujours frileux quand il 'agit d'innover; il y'a que l'état qui doit innover qui met ses moyens. Il faut donc que ça réussisse pour que ça puisse impulser l'action. Si ça ne réussit pas ça décourage plutôt. Ça devrait réussir même si j'objecte que cela a été un peu tardif. Vous conviendrai avec moi que nous sommes entrain d'aborder la période des grandes chaleurs. Pour beaucoup de spéculations comme l'oignon ça peut ne pas répondre aux attentes. Les idées sont bonnes, la volonté y est, j'espère que cette fois-ci, pour la toute première ne donne pas, il ne faut pas se décourager, il faut y aller. On entend n'importe quelle sorte de rumeurs mais cela est dit au fait les gens appréhende mal l'approche de communication qui entoure ce grand projet.


Quand vous m'apportez de l'or et vous ne me dites pas que c'est à moi et je vois tout ça, je suis tenté de croire qu'on est entrain de m'arnaquer. Or il ne s'agit pas du tout de cela. Il s'agit de vulgariser une nouvelle politique agricole pour nous libérer un peu des importations dans une période dont nous ne maîtrisons pas les choses car la situation peut se détériorer à tout moment dans le nord, la COVID-19 peut prendre des dimensions vertigineuses aussi. Dans tout ça, il importe de prendre les devants contre d’éventuelles déconvenues que nous ne voulons pas mais que nous sommes obligés de prendre en charge. Moi, je crois que tout ceci est en bonne voie, prometteur encore une fois, il faudrait qu'on aille au delà d'une seule volonté et qu'on se mette au travail. Je pense globalement que c'est très positif.


Le Terroir/Ngenndi : Les moyens vont-ils suivre?


DIA Adama Oumar : La nouvelle politique agricole de l'état est très audacieuse, dirai-je. Elle répond en partie à nos sollicitations. Cependant, entre les vœux et la réalisation, il peut y avoir des décalages! Nous ne sommes des génies pour envisager des décalages virtuels qui ne sont pas là mais nous pensons que le vœu est hautement pieux et très honorable. Pour la réussite, cela dépend de nous tous, pour l'amener à bon port. La nouvelle politique agricole poursuit des objectifs d'autosuffisance alimentaire. Nous disons que la terre est là, l'eau est disponible en abondance et le soleil aussi. Les conditions sont réunies pour produire davantage. Mais il faudrait que sur le plan juridique que l'on s'engage dans une réforme équitable qui permette aux mauritaniens de travailler ensemble et de produire.


Jusqu'ici nos politiques ont suscité beaucoup de retenus à raison me parait-il, qu'elles poursuivent des objectifs de dépossession des terres, d'aliénation du patrimoine coutumier de cultivateurs traditionnels pour les substituer des gens qui ont le capital. Et cela est naturellement porteur de troubles. Notre agriculture peut être un ciment pour toute la Mauritanie mais aussi une source d'explosion sociale. Moi je pense que du point de vue du droit coutumier, la loi doit s'appliquer dans toute la rigueur du terme, elle doit être codifiée. Toutes les normes ou règles juridiques codifiés quand elles ne se réfèrent pas à la coutume, elles n'ont de chance d'être appliquées par la coercition. Donc, ça ne réussit pas. La Mauritanie est riche, les mauritaniens ont de l'argent, ils ne sont pas pauvres, ils ont les moyens. Il y' a des gens qui maîtrisent les techniques culturales et qui n'ont rien. L'état arbitre; peut amener les mauritaniens à exploiter ensemble ce sol, chacun apportant une partie. Le propriétaire terrien disponibilise sa terre et celui qui a l’argent disponibilise son capital.


La formule de contractualisation profitable à chacun au lieu que ce soit un étranger. Travailler de sorte que chacun de nous en profite. Au lieu que ce soit un étranger, l'idéal est que ce soit un mauritanien. Entre mauritaniens, toi tu apportes ta terre, toi tu apportes ton capital, tout cela conjugué ensemble nous permet de travailler ensemble en parfaite harmonie et de produire et de partager. Ce qui va générer forcément des liens très forts entre ces différents acteurs qui peuvent nous amener à réaliser une fusion qui est difficile d'envisager autrement. Mais si on ne travaille pas ensemble, on n'a pas d'intérêts communs sur le même terrain, il y'a de forte chance qu'on se côtoie en chien et chat, chacun préservant ce qui est à lui. Je pense qu'il faut avoir l'audace d'innover et dire aux mauritaniens, écouter vous allez vivre ensemble, vous allez travaillez ensemble, chacun de vous ne qu'à amener ce qu'il a de mieux, pour qu'on travaille ensemble.


L'agriculture peut réussir en Mauritanie, elle a toutes les chances. La nouvelle politique, je dirai, est incontournable! Ou nous la faisons ou elle nous fait. Quand on ne sait pas se nourrir, on n’est pas libre. Quand il faut attendre tout d'ailleurs. On dit que la main qui reçoit est toujours au dessous de celle qui donne. Nous allons rester tributaires de la volonté et de la fantaisie des autres et notre indépendance à tout point de vue sera compromise; on ne peut pas à mon avis éterniser dans une telle attitude. Il faut bouger et la politique agricole actuelle est très audacieuse, à ce qu'elle permet de bouger, de déplacer les lignes vers quelque chose de positif et je pense qu'il faut s'y inscrire. Quand on nous demande de produire, produire, produire, oui, il faut produire. Quand je donne une expérience personnelle que j'ai vécu, moi même j'ai produit dans le passé beaucoup de tonnes d'oignons que j'ai fini par donner au bétail.


Le Terroir/Ngenndi : Des tonnes d’oignons, vous dites Mr le président ?


Dia Adama Oumar: Absolument ! Des tonnes d'oignons dis-je. Je pense que nous avons le droit de disposer d'une autorité de régulation qui, en amont permet de cerner, de définir les besoins dans les différentes spéculations, encourager leurs productions et superviser la politique de commercialisation de manière à ce que notre agriculture puisse véritablement nous nourrir. Mais quand on doit produire pour se livrer à aux fantaisies du petit spéculateur, l'exemple tous les soirs au marché de Boghé où des voitures transportent des légumes et qui finissent par le brader. De cette façon là, l'agriculture ne pourra pas se développer. On aura beau subventionner, si le paysan n'écoule pas sa production, l'agriculture ne pourra pas se développer.


Le Terroir/Ngenndi : Si nous comprenons, vous voulez dire que l'agriculture demande à être financée ?


Dia Adama Oumar : Bien sûr, l'agriculture demande à être financée et elle est aléatoire. En terme d'agriculture, c'est vrai le profit est toujours là, derrière ce profit, il y'a une portée stratégique considérable. Parce que nous ne serons un pays viable que si nous avons les aptitudes de nous nourrir sinon nous n'existerons pas. D'où l'impérieuse nécessité d'organiser le secteur agricole en le finançant. Il faut que le paysan trouve les moyens de ses ambitions, il puisse produire. Je pense le capital national doit servir au développement agricole. Nous avons des hommes d'affaires très riches. Par exemple, un homme d'affaire peut fournir un demi-milliard d'ouguiya à importateur qui va en Europe acheter des tomates concentrées à un prix nettement abordable.


Vous le revendez à un prix bénéfique pour vous mais cet argent qui vous appartient est au aussi l'argent des mauritaniens. Si par contre l'état juste veut décourager cette activité, les finances publiques offrent la possibilité, par exemple de surtaxer vos produits. Dire à un commerçant de créer une usine de transformation à côté des champs. Ils vont produire et dans le cadre d'une formule de contractualisation, vous pouvez trouvez un accord, les tomates vous sont destinées et des mauritaniens vont travailler la dans. L'agriculteur fera du produit, toi tu revendras et des mauritaniens y travaillerons. Ton argent aura servi à développer tout le monde. Donc je pense au lieu de vouloir amener les uns à spolier les autres, créer des rapports conflictuels entre les gens, il faudrait plutôt à les amener à s'entendre et travailler ensemble.


Cela est possible et il n y'a que l'état qui peut y parvenir en se tenant dans une position de bon arbitre. Il faut qu'on arrête de voir le diable par la queue. A un certain moment, les gens avaient raison. Quand on vient dans ma plaine, on me l'exproprie facilement là. Si on se donne une telle attitude, pour que ça change, il va falloir beaucoup de tact de négociation, d'ouverture d'esprit. D'ailleurs la nouvelle politique agricole ambitionne d'aller dans ce sens là.


Le Terroir/NGENNDI: Pensez-vous cette nouvelle politique prendra en compte la politique d'accaparement des terres que le pays a connu ces dernières années particulièrement ces temps-ci dans la localité de Ferralla dans le département de MBAGNE ?


DIA ADAMA OUMAR : Moi, en tant que citoyen d'abord, en ma qualité de président de la fédération des agriculteurs de Mauritanie, je suis farouchement opposé à tout accaparement injustifié. Je suis tout à la fois opposé au fait qu'on meurt de faim alors qu'il y'a de la terre et de l'eau. Je pense que qu'il y'a si l'on veut la possibilité d'allier le mode de tenure traditionnel des terres aux impératifs de développement modernistes, cela est possible mais il faut un préalable, une reconnaissance de cela du fait que moi je suis citoyen parce que je possède quelque chose ici et cette possession est antérieur à l'Etat tel qu'il existe aujourd'hui. Et l'état pour qu’il soit fort, il faut qu'il intègre tout cela, ça c'est capital. Dès lors que cela est acquis, comme je dis, amener les gens dans une forme de partenariat à mettre à disposition tout ce dont il dispose et travailler ensemble.


Mais, accaparer ou récupérer un terrain qui appartient à quelqu'un au seul fait qu'il n'a pas de papiers, comment peux-je avoir des papiers alors que moi, je suis antérieur à l'état ici! Je ne peux pas avoir de papiers et personne n'a fait l'effort de me régulariser ça. Donc, tant qu'on s'engage dans des débats pareils, on ne construit pas notre pays mais on le détruit. Je suis sûr que les mauritaniens sont doués de bons sens et sont comme tous les autres. Des impératifs nouveaux exigent une nouvelle approche. On ne peut unifier les gens qu'à travers des intérêts matériels évidents.


Le Terroir/Ngenndi : Il y'a une institution à Boghé nommée GIE (groupement d'intérêt économique) qui gère le casier pilote de Boghé (la plaine en général), que pensez-vous de cette structure et sa façon de piloter les paysans qui exploitent le CPB ?


DIA ADAMA OUMAR : D'entrée de jeu, je peux souligner deux aspects: un déficit de communication et une petite dose de mauvaise foi. Malheureusement dans nos cultures et nos traditions cette dose de mauvaise foi n'a pas de place. L'organisation en GIE procède d'un processus que moi je connais parfaitement bien même si à un moment donné j'en ai été distant pour des raisons particulières. Au départ, l'absence de communication impact négativement sur tout ce que l'on fait même quand ça procède d'une la bonne volonté.


La population de Boghé avait formulé le vœu de procéder à l'extension du casier pilote de Boghé. De façon récurrente, pendant trente ans, les Boghéens ont toujours demandé l'aménagement de la superficie restante. En désespoir de cause, ils ont arrêté et oublié finalement. Tout d'un coup, l'état débarque avec ses bulldozers et se sont mis à casser les arbres pour honorer cet engagement. Ça a failli générer une révolte populaire. Qui connait le Kalajo, on peut tout faire mais ce patrimoine, il ne faut pas y toucher, c'est sa raison d'être. On ne peut pas le comprendre. Il n'est ce qu'il est que par cette terre là, on la lui arrache mais il est prêt à mourir pour ça. Il y'a eu l'accalmie, tout le monde a fini par comprendre. Les travaux ont commencé. Les cadres Boghé regardant les travaux se dérouler on constaté qu'il y'avait beaucoup d'imperfections ou de mal façon tout simplement. Et que cela risquerait d'accoucher d'un éléphant blanc qui ne servirait pas à grand chose. Ils ont formulé le voeu d'accompagner cela par leur expérience propre. C'est des gens du génie civil, des administrateurs.


Ce n’est pas parce que je suis de Boghé mais je sais que ce ne sont pas des cadres qui nous manquent et nous en disposons assez. L'état a accepté et un comité de pilotage a été formé. Après la réception de cette plaine, il y'a eu transformation de ce bénévolat en une structure qui a unifié toute la plaine traversée par des divisions entre paysans. Cela n'aurait pas été possible si les paysans ne le voulaient pas. Je connais très bien ce terroir, nous sommes un ramassi de rebelles depuis tout le temps. (Rires). La démarche empruntée par le GIE suscite beaucoup d'équivoques, beaucoup d'incompréhensions. Le problème de communication a généré des incompréhensions qui ont fait qu'il y'a une espèce de chisme, des clans qui sont devenus des rivaux où on évoque que des invectives, du n'importe quoi des choses très graves. Sur le groupe watsapp du GIE, je vois mon nom partout mais je n'interviens jamais (rires) mais j'écoute tout ce qu'ils disent.


Moi, je suis battant et ma langue n'est pas dans la poche mais quand je ne sais pas que dire, je préfère me taire plutôt que de verser dans des considérations sans issues. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Quand on revient au problème de financement de l'agriculture qui est la clé de tout cela, la république islamique de Mauritanie à travers le CAM qui est une succursale de la CDD dispose de deux milliards d'ouguiyas pour le financement de l'agriculture, c'est une aiguille dans une boite de foin. Deux milliards d'ouguiyas, rien que pour la riziculture. Quand vous cumulez la saison normale et la contre saison chaude, vous avez 70 mille hectares pour la riziculture seulement. Et ça, il faut le saluer, on n’est pas loin de l'autosuffisance alimentaire en terme de riz.


Notre riz est compétitif aujourd'hui. Il y a plus de problème ce riz n'est pas bon ou de mauvaise qualité. Le riz mauritanien se vend et se comporte très bien. Avec ces 70 mille hectares, si nous considérons qu'il faut en moyenne 250 mille ouguiyas pour l'exploitation d'un hectare depuis le début de l'exploitation des travaux jusqu'à la récolte (l'irrigation, les semences et les engrais, le tout). 25 milliards d'ouguiyas pour le tout. Comptez l'ensemble des exploitations villageoises, le CPB, le PPG1 et PPG2 de Kaédi et quelques petits trucs à Rosso là, y compris le privée, ce que je déplore d'ailleurs. Même s'il faut admettre que le développement passe par cette combinaison de possibilité et de pouvoirs entre les gens mais si cela n'est pas structuré, n'est pas organisé, le plus faible va prendre un sacré coup. Parce qu'on va entrer dans des joutes spéculatives qui vont finir par tuer le plus pauvre. Donc qui finance ça, pauser la question. C'est que chez nous, il y'a déjà comme vous connaissez tout bon mauritanien affairiste quand il comprend que l'état prend le tout en charge, il s'installe.


Aujourd'hui, il y'a 35 usines de décorticage de riz à Rosso seulement qui disposent des technologies les plus avancées et qui décortiquent bien le riz. Qu’est ce qui pourrait se passer si ces promoteurs n'ont pas de riz pour le décortiquer ? Des niches de rats après certainement! De part cette position, ils sont obligé de financer l'agriculture, à quel prix ? S'est on posé la question, je pense que non ! Personne ne s'est posée la question et pourtant c'est là où le bas blesse. Les banques donnent à ces usiniers au taux de 14% et tenez vous bien, sans aucune garantis, sans rien vont prêter aux paysans parce qu'ils n'ont pas le choix. Un mode de fonctionnement très aléatoire où on prend le risque. Mais quand le commerçant prend des risques, il tient le trajet haut. Je suis sûr même s'ils ne le disent pas, le taux imposable aux paysans doit être de 30%.


Et qu'est ce qu'ils vont gagner ? Des miettes. Dans ces conditions, nous petits exploitants, nous ne pouvons pas réussir des choses comme ça et on n’a pas le capital qu'il faut aussi. Si l'état ne le fait pas pour nous, on n’a pas ce capital là. En tout cas, jusqu'à ce que l'on reforme le système de financement de l'agriculture et on y est, pas d'autre choix que de trouver les formules les plus avantageuses pour nous. La formule c'est quoi, c'est entrer dans un processus d'autonomisation au bout duquel, nous parviendrons nous même à financer notre agriculture. J'avoue que je ne comprenais pas au départ moi aussi.


Propos recueillis par
Daouda Abdel Kader DIOP





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