14:05
Vidéo. Mauritanie: les raisons du résultat catastrophique du bac 2021 avec un taux de réussite de 8%
Le360afrique - Les résultats du baccalauréat de l'année scolaire 2020-2021 sont catastrophiques avec une taux de réussite de 8%, soit le plus bas au monde. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer ces faibles résultats enregistrés au cours de ces dernières années par l'école mauritanienne.
Le système éducatif mauritanien est à l’agonie depuis plusieurs dizaines d’années. Une tendance dont le rappel brutal est fourni par les 8% de réussite enregistrés lors de l'examen du Bac 2021. Un résultat presque identique à celui enregistré l'année dernière.
L'ampleur du mal apparait clairement avec un petit exercice de comparaison par rapport aux voisins de la sous région (Maroc 68,4% à la première session et 81,83% avec la seconde session, 44,65% au Sénégal, 50% au Mali, 64,42% au Bénin,... 82% en France,... En clair, la Mauritanie affiche le taux de réussite au bac le plus bas au monde.
C'est dire que l'école est dans une profonde crise au pays du million de poètes.
Pour Moussa Hamed, ancien professeur, il est pratiquement impossible «de cerner l’ampleur de la crise de l’éducation en Mauritanie» en quelques minutes.
Cet acteur, qui a longtemps enseigné, avant d’exercer de hautes responsabilités dans le milieu des médias, dit ne pas être surpris par ce résultat catastrophique, compte tenu de la faiblesse du niveau réel des candidats. Il décrit la situation «d’un système éducatif qui a subi une dérive depuis plusieurs dizaines d’années à tel point qu’il ne ressemble plus à rien. On ne sait pas ce qu’on fait à l’école, pas de programme, pas d’enseignants bien formés,...».
Après ce constat désolant, il propose des pistes de solutions. Il faut, souligne-t-il, savoir quel type de Mauritanien nous voulons former à l’école et élaborer un programme sur cette base, mettre en place la méthode et les ressources humaines et financières nécessaires à la réalisation des nouvelles ambitions de remise à niveau de l’école et plaide en faveur de la fin de la politisation de l’éducation.
Amadou Hamady Sarr, professeur et directeur des études dans un établissement privé, note également «des résultats catastrophiques, auxquels tout le monde s’attendait pour des raisons multiples et des responsabilités partagées, dont la part la plus importante incombe à l’Etat».
Il déplore «la situation d’un enseignement politisé, avec des matières scientifiques enseignées théoriquement en français et des matières littéraires dispensées en Arabe». Ces langues étant mal maîtrisées par les candidats, les résultats sont forcément catastrophiques.
Sarr relève également le faible niveau des enseignants, qui ont rejeté le principe d’un test préconisé par les autorités académiques, il y a quelques mois, plaide en faveur de l’introduction des langues nationales dans le système éducatif et exhorte le gouvernement à prendre ses responsabilités pour mettre de l’ordre dans l’énorme bazar de l’école en Mauritanie.
Par De notre correspondant à Nouakchott
Amadou Seck