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14-10-2021

08:35

« Pas d’amertume » mais « un sentiment d’inachevé » pour Corentin Martins, après sept ans en Mauritanie

Le Télégramme - Limogé de son poste de sélectionneur de la Mauritanie, le Brestois Corentin Martins retient le positif de cette aventure de sept ans.

Débutée en octobre 2014, l’aventure mauritanienne de Corentin Martins a pris fin lundi dernier. « Sans aigreur » assure le natif de Brest qui préfère retenir une mission sportive réussie et une aventure humaine inégalable.

« Pas d’amertume » mais « un sentiment d’inachevé » pour Corentin Martins, après sept ans en Mauritanie.

Pour quelles raisons n’êtes-vous plus le sélectionneur de la Mauritanie ?

Il n’y a pas eu spécialement de raisons… Quand un entraîneur est limogé, on parle de résultats. Me concernant, on restait sur trois défaites et un nul (en qualifications pour le Mondial 2022). Les décideurs ont estimé que cela n’était pas suffisant malgré une année 2021 avec une qualification à la CAN et à la Coupe arabe…

C’était l’objectif de se qualifier pour le Mondial 2022 ?

On veut toujours tout gagner. Après, en étant un minimum réaliste, la Mauritanie en Coupe du monde, pour moi, c’est une utopie aujourd’hui.

Vous sentiez-vous au bout de l’aventure ou vous voyiez-vous encore durer ?

Je n’étais pas essoufflé du tout. On a fait un mauvais match contre la Tunisie jeudi dernier (défaite 3-0). Mais on a très bien réagi en faisant un match nul contre les Tunisiens (0-0). L’équipe avait montré un autre visage…

Cela va être un regret de ne pas pouvoir participer à votre deuxième CAN, alors que vous avez aidé à qualifier l’équipe ?

Automatiquement… Il y a un sentiment d’inachevé quelque part. Je n’ai pas spécialement d’aigreur et d’amertume. C’est un choix qui a été fait et je passe à autre chose.

Avant votre arrivée, la Mauritanie était 137e au classement FIFA et n’avait jamais connu une grande compétition. Désormais, elle est 104e et a participé à la CAN 2019 et va participer à celle de 2022. C’est mission réussie ?

Oui complètement, surtout après la première qualification à la CAN qui était l’objectif majeur. On a réussi à confirmer lors de l’édition suivante… Sur mes sept ans en Mauritanie, on a obtenu le meilleur classement mondial de la sélection (82e).

La qualification pour la CAN 2019, cela restera votre plus beau souvenir ?

Oui car c’était une première. Puis, on a vu la fierté et le bonheur qu’on a apporté au peuple mauritanien. Ça a été une, voire la plus belle émotion sportive de ma carrière. C’était fort de voir des gens d’un certain âge pleurer, me remercier car, avec cette qualification, on avait su réunir tous les Mauritaniens, soixante ans après l’indépendance. Ce sont des mots forts… À lire sur le sujet CAN 2019. Martins : « Ma plus belle émotion… »

Vous disposiez d’un groupe sans grand nom, comment l’avez-vous abordé, avec quelles méthodes ?

Naturellement, en essayant de les faire progresser dans tous les domaines. La réussite a été au niveau de la confiance en eux. Les premiers mois, ce que j’arrivais à lire dans le regard des joueurs avant chaque match, c’était une peur, une crainte, c’était « combien on allait perdre ? ». À force de gagner des matchs et de les faire progresser, on a abordé le match pour gagner. Il y avait une bonne relation entre les joueurs et moi. À tel point qu’ils ont été surpris de la décision quand je leur ai annoncé à l’hôtel, après le match. Les joueurs ne voulaient pas quitter le restaurant…

Est-ce que cette expérience vous a fait évoluer comme entraîneur ?

C’est ce que j’ai dit aux joueurs : on a grandi ensemble. Sept ans, c’est énorme. Avec ce groupe, ce sont des objectifs élevés, sans star, sans joueur qui joue en Ligue 1 ou Ligue 2, qui ont été remplis. Je pense avoir obtenu le maximum du groupe. Et je pense que les joueurs ne sont peut-être pas reconnus à leur juste valeur.

Sur le plan humain aussi ?

Si je devais retenir quelque chose, c’est une superbe aventure humaine. Je ne retrouverai pas les mêmes rapports que j’ai pu avoir avec tous les joueurs dans l’avenir. Je l’espère mais j’en suis quasiment sûr.

Votre envie désormais, c’est de retrouver rapidement un banc ou de faire une pause ?

Je ne me sens pas fatigué, je veux poursuivre en fonction des opportunités qui se présenteront. Je n’ai pas décidé si c’est comme sélectionneur ou dans un club…

Pourquoi pas de nouveau en Afrique ?

Je ne suis pas contre une nouvelle expérience en Afrique, cela dépendra des opportunités et des projets.





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