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02-11-2021

14:27

Dossier des arrestations politiques avec l'ancien Directeur de la Sûreté de l’Etat, Deddahy Ould Abdallahi

Elfikr – La Direction de la Sûreté de l’Etat a joué un rôle dans la mise en échec de tous les coups d’Etats, eu égard à sa mission, consistant à participer à la collecte des informations, à l'enquête et à l’instruction visant les suspects, le tout sous la supervision et l’encadrement du Procureur général, a affirmé l’ancien Directeur Général de la Sureté Nationale, l’ex Commissaire Deddahy Ould Abdallah.

L’ancien officier a catégoriquement démenti le recours à la torture dans les enquêtes menées sur les personnes accusées d'avoir porté atteinte à la sécurité de l'État.

Il a loué également la situation sécuritaire à l'époque de l'ancien président Maaiouya Ould Sid Ahmed Taya, indiquant que c’est l'une des meilleures ères de la Mauritanie en termes de sécurité et d'orientation saine, affirmant que la sureté de l'État n'a échoué dans aucune des missions qui lui ont été confiées dans le cadre de son travail.

Je n’étais pas convaincu de la démarche d'indemnisation prise par le président Ould Taya dans le cadre du règlement du dossier du passif humanitaire, dès lors où l'Etat n'a commis aucun crime, a-t-il affirmé.


Concernant le dossier de l'ancien détenu Mohamed Ould Sellahi à la prison de Guantanamo et les accusations relatives à son extradition vers les Etats-Unis, le commissaire rappelle que la Mauritanie n'a ni remis, ni marchandé Ould Sellahi, mais l'a plutôt envoyé sur sa propre demande, qualifiant l’ex détenu de Guantanamo, à la fois de génie et d’ami.


Dans cet entretien exclusif en arabe accordé à « Elfilr » Online, le commissaire a abordé plusieurs sujets tels que son parcours académique et professionnel, son lien avec la police pour être l'un des fondateurs du dispositif sécuritaire de l'État, livrant son témoignage sur les événements les plus marquants de la vie politique, y compris le renversement du premier pouvoir civil, la tentative de coup d'État du 16 mars 1981 contre Ould Haidalla, ses relations avec le régime de l'ancien président Maaouiya, son rôle dans l'enquête sur les tentatives de coup d'État de 2003 et 2005 et sa position par rapport au pouvoir de l’ex Chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz.


Ci-après l’intégralité de cette interview :


Question : voudriez-vous bien vous présenter au lecteur, notamment pour ce qui concerne l’état civil, les études, les importantes fonctions que vous avez occupées ?


Deddahy Ould Abdallah : Je suis né dans un village situé à 20 km au Nord de la ville d'Atar appelé "Kseir Tourchane". Je suis originaire de la wilaya de l’Adrar et je m’appelle Deddahy Ould Mohamed Abdallahi. J’ai étudié le Coran et ses premiers cours d’initiation dans la ville d’Atar dans le quartier de Garn Gasba, où habitait mon grand-père, qui officiait en sa qualité de cadi dans cette ville. Il m’emmena de la brousse et me choisit un enseignant coranique avant d’entrer à l'école régulière d'Atar, poursuivant mes études du fondamental jusqu'à la fin de la quatrième année du collège, avec l’obtention du diplôme du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC).


J’ai quitté plus tard la ville pour Nouakchott et j'ai étudié jusqu'à la terminale (étape du Baccalauréat), avant d’être rejoint par l’un de mes proches, m’appelant avec insistance à participer à un concours annoncé par la police pour le recrutement d’inspecteurs. J’ai refusé, mais à force d’insister, il a fini par me convaincre et on a passé tous les deux cet examen, dans lequel nous avons été déclarés admis avec un groupe de collègues dont tous sont décédés, à part moi, mon proche et un homme appelé Saleck Ould Brahim. Notre groupe comptait un homme répondant au nom de Dah Ould Batte, paix à son âme, un autre dit Ahmed Ould Bowba, décédé lui aussi. Nous constitutions, nous les cinq, les éléments de cette promotion, qui a suivi une formation à l’Ecole Nationale de Police avant d’être envoyée en Algérie pour se perfectionner dans les domaines des renseignements et de la documentation.


Je suis resté un temps Nouakchott à mon retour au pays, avant d’être muté à Aïoun El Atrouss en tant que premier responsable de l’unique Commissariat de la ville se trouvant à l’époque à l’Est du pays.


J’ai demeuré là-bas jusqu’à 1975 avant de rejoindre la direction de la police à Nouakchott et d’être nommé Chef de service de ce qu’on appelle le service des ressources et du matériel.


J’ai été nommé le 10 juillet 1978 au poste de commissaire de Sebkha, dans lequel, je suis resté quelques mois, puis affecté au port de Nouakchott où j’ai passé un an, avant d’être muté dans un service appelé Direction Centrale des Renseignements à la Direction de la Sûreté. Certains services centraux étaient détachés à l’époque de la Direction suivant les spécialités dans le domaine sécuritaire avant de se transformer en Direction Générale subdivisée en plus directions centrales et régionales.


Je suis resté à ce stade un certain temps jusqu'aux événements du 16 mars 1981, correspondant à la tentative de putsch à laquelle avait participé un groupe d'officiers supérieurs.


Le non de la Direction Générale fut changé comme cela a été le cas des commissariats qui se trouvaient dans les capitales régionales. Les commissariats sont devenus alors des directions régionales tandis que la Direction Générale s’est transformée en directions centrales.


J’ai été muté à la cité minière de Zouerate, au moment où j’avais le statut d’élève-commissaire, en attente de formation, où j'ai passé moins d'un an. J’avais en 1975 le grade d'officier de police.


Je suis rentré de nouveau à Nouakchott dans le cadre d’un perfectionnement de commissaires à l’Ecole nationale de police, de laquelle je suis sorti en 1983. Certains changements sont intervenus au cours de cette année dans l’organigramme de la direction de la sureté dont le siège avait été déplacé vers l’Ecole nationale de police tandis que des nouvelles directions s’étaient formées dont celles qui sont à l’origine de la création de la direction du renseignement et de la prévention, à laquelle, était rattaché le Groupement Spécial de Maintien de l’Ordre (GSMO) et une direction chargée des stupéfiants au sein de la Direction, à la tête de laquelle, j’ai été nommé, alors que mes collègues avaient été désignés sur d’autres départements.


J'y suis alors resté jusqu'au coup d'État de 1984 avant que la police ne soit ramenée à son premier état et que ses directions ne soient rebaptisées. Un changement a concerné également la direction du renseignement et de la prévention, devenue Direction de la Sureté de l’Etat. Je suis resté aux commandes de cette direction en dépit des changements apportée=s à son appellation, jusqu'en novembre 2005, avant d’être transféré vers celle de l’inspection et de l'éthique, devenue ultérieurement Direction du contrôle et des relations publiques avec comme mission la surveillance de la police, jusqu'à mon départ à la retraire en 2015, pour me consacrer à l'agriculture et à la plantation de palmiers et consorts, puisque c’est ma passion depuis le début.


J’ai intégré la fédération nationale des agriculteurs à Atar et commencé à m’activer à travers elle pour venir en aide à nos cultivateurs affectés au cours de ces dernières années, en raison du recul de leurs récoltes et du faible soutien pour poursuivre leurs activités, qui ont conduit certains d’entre eux à s’éloigner de leurs lieux d'origine.


Question : L’appareil de la police a-t-il joué un rôle dans la mise en échec du putsch de 1981 ?


DOA : La direction de la sureté et plus particulièrement la direction de la sureté de l’Etat intervient dans tout ce qui menace la sureté de l'Etat ou sa sécurité et y participe, en termes de collecte d'informations, d'enquête et d’instruction visant des personnes suspectées et c'est elle qui s’occupe généralement de cette mission.


Question : Ce qui signifie que vous avez joué un rôle dans l'enquête sur les raisons de ce coup d'État ?


DOA: Il n'y a pas d'enquête sur un coup d'État ou ce qui lui ressemble ou de tentative de putsch, auquel nous n’avons pas été impliqués. Nous avons participé à toutes les investigations se rapportant à des tentatives et à des coup d’Etat, comme nous accordons constamment l’intérêt, même avant que cela arrive, aux menaces qui visent la sécurité et la stabilité de l'État, qu'elles soient internes ou externes ou les deux à la fois.


Question : Cette période a été marquée par un affrontement entre le régime et les mouvements politiques, quelle évaluation faites-vous à celui-ci?


DOA : Les événements sont nombreux et divers, dont certains sont récurrents. Tout ce auquel j’étais témoin se rapportait aux mouvements clandestins, quand l’Etat trouve qu’ils représentent une menace pour la stabilité et la sécurité de l'État. Ces mouvements étaient soumis à une surveillance de notre part. Si je me souviens bien, des éléments appartenant à ces mouvements, avaient une part de responsabilité en semant le désordre au cours des tentatives de coup d'État. Il ne fait l’objet d’aucun doute que bon nombre de ses éléments avaient été poursuivis, certains d'entre eux ont été jugés, d’autres emprisonnés et d’autres n'ont pas été jugés, mais a fait l’objet de mesures administratives sécuritaires, afin que l'État soit à l'abri de leurs intentions de semer des troubles et d’inciter au désordre.


Question : Quelle est la raison de votre confrontation avec le mouvement FLAM ?


DOA : Le mouvement FLAM, comme le reste des mouvements, sachant que tout mouvement a une cause, est une organisation créée par des mains étrangères en Mauritanie. Selon les enquêtes approfondies et les recherches minutieuses que nous avons menées en 1986, nous avons constaté que ceux qui ont ordonné la fondation du mouvement FLAM et ceux qui ont été chargés de le créer étaient d'origine étrangère, comme le reconnaissent d’anciens nègro-mauritaniens appartenant à leurs composantes connues de tous.


Tout le monde sait, qu'à l'époque du colonialisme et du début de l'État Nation, les étrangers avaient une présence importante dans les organes étatiques, que leur progéniture est restée ici. C’est ce qui fait que les négro-mauritaniens se sont sentis harcelés et marginalisés au profit de ces étrangers. C'est cela la raison des mouvements nègres survenus dans les années soixante-dix du siècle dernier. Ceux qui avaient publié ce manifeste avaient soulevé le problème de leur harcèlement par des éléments noirs étrangers, qui ont occupé leur place en Mauritanie.


Il n y avait pas avant 1966 de mouvement en Mauritanie, comme il n’existait pas de mouvement raciste.


Le mouvement des FLAM a été créé en 1983 et c’est à la suite des instructions avec ses éléments en 1986, que nous avons découvert, que c’est un non mauritanien qu’il est à l’origine de l’ordre de sa création, selon les aveux de ses éléments arrêtés à l’époque et touchés par l’enquête.


Chaque fois que l'enquête est achevée et qu’il y a des soupçons d’implication sur le dit mouvement qui pèsent sur une personne ou un groupe de personnes, son agissement est qualifié d'acte légalement interdit et punissable et porté à la connaissance du procureur de la République, qui reçoit en même le PV relatif aux accusations portées contre lui ouvrant la voie au processus de jugement.


A propos des instigateurs de la tentative de coup d'État raciste qui a eu lieu en 1987, ils avaient fait l’objet du même procédé. 99% d'entre eux sont des civils. Tout le monde doit comprendre que l'enquête avec le suspect est le rôle de la police judiciaire auprès des services de la sureté. Cet aspect est effectivement géré par le procureur de la République en sa qualité de responsable central de la police judiciaire.


Question : Quelle est la conclusion la plus importante de vos instructions au sujet de ce coup d'État ?


DOA : La chose la plus importante à laquelle nous sommes parvenus est qu'il s'agit d'une tentative de coup d'État militaire raciste, menée par une organisation secrète avec une aile militaire derrière laquelle se tiennent des étrangers.


Vous devez savoir que certains de ces mouvements clandestins ont des ailes militaires. L’homme qui se trouve à la phase des études, peut intégrer un mouvement quelconque, passe l’examen de l’armée et devient officier alors qu’il a adopté cette idéologie et assiste aux réunions secrètes.


Nous détenons les preuves de cela, et c’est rare de trouver l’un des mouvements idéologiques qui n'a pas une aile militaire qui nourrit l’organisation d’un putsch dans le but de concrétiser les principes de ce mouvement.


Concernant le mouvement des FLAM, la chose la plus importante que nous ayons conclue est qu'il s'agit d'un mouvement raciste à cachet extérieur, cherchant à renverser le régime mauritanien au profit d’une certaine race.


Le paradoxe à ce stade est que c’est la seule tentative de coup d'État survenu dans ce pays dont tout le monde s'accorde pour dire qu'elle est purement raciste. Le coup d'État est, en principe, criminel, proscrit et illégal, à plus forte raison quand il a un caractère raciste.


Question : Les rumeurs diffusées par les services de renseignement de l'époque, selon lesquelles, les fomenteurs comptaient recourir à une épuration ethnique, étaient-elles exactes ?


DOA : Il est de tradition pour les services de renseignement de ne répandre des informations, sauf en cas de détention de preuves, de n’intervenir que s’ils sont autorisés, mais nous ne le faisons qu'en temps opportun. Le Mouvement des FLAM a publié son document, qui est disponible sur Internet, et comme indiqué dans la déclaration du soi-disant flambeau africain, le but de sa création est de préparer psychologiquement et militairement les noirs afro-mauritaniens à prendre le pouvoir dans ce pays, dont ils sont les premiers ayant-droits.


Question : Certains éléments de mouvement ont-ils fui pendant les arrestations ?


DOA : Il n'y a pas d'arrestations parmi les mouvements secrets qui ne sont pas marquées par des cas de disparition ou de fuite de certains de leurs membres, toutefois tous ceux qui ont été trouvés avaient été conduits devant la justice.


Question : Avez-vous exercé sur eux la torture ?


DOA: Je n'en ai pas connaissance et j'étais le directeur de l'enquête. Mais, la simple arrestation est considérée en soi comme de la torture dans l’esprit du détenu. Il y a quelques jours, la police a arrêté des individus qui avaient affirmé avoir été torturés, alors qu’ils avaient été seulement interrogés par un officier, qui ne leur a demandé que leurs noms et des informations personnelles.


Pour simplifier, quand le policier qui organise la circulation demande au chauffeur, pourquoi il a brulé le feu rouge, cela constitue aux yeux de beaucoup une insulte et une torture, alors que ce n’est pas le cas.


Question : Y a-t-il eu des arrestations après au sein de ce mouvement ?


DOA: Tout ce que je sais sur la question des interpellations, est l'arrestation des membres de l'organisation en 1986 puis celle des éléments de la tentative de coup d'État de 1987.


Question : L'avocate Fatima Mbaye dit que sa sœur avait été violée lors de son arrestation ?


DOA : Ce qu'elle a dit n'est pas exact du tout, et si c'est le cas, pourquoi n'a-t-elle pas porté plainte contre ceux qui l'ont violées. Les agents de sécurité qui se sont relayés sur sa garde sont connus, à moins qu’elle soit tombée d’accord avec celui qui la violée. Il y a par ailleurs au sein de chaque unité plusieurs personnes surveillées par des policiers. Je dis que je n'ai pas connaissance de l'arrestation d'une de ses parentes par la Sûreté de l'État, si elle voulait dire qu'elle avait été violée entre les mains de la police.


Question : Avez-vous arrêté des policiers parmi les personnes accusées de la tentative de coup d'État ?


DOA : Oui, nous avons arrêté des membres de la police, de la gendarmerie et de l'armée ainsi que tous ceux qui étaient associés à l'attentat, leurs noms y ont été mentionnés ou pourraient y être impliqués, avant de les transférer devant le juge, qui décide ce qu'il voit ; notre rôle était de renvoyer le dossier et de ne rien décider.


Question : Certains prétendent que le président Maaouiya a demandé à Mohamed Yehdhih Ould Breidleil de dissoudre l'organisation militaire baasiste. Qu’en est-il au juste?


DOA : Vous pouvez demander au président Maaouiya. Je n’ai pas connaissance de ce sujet.


Question : Vous avez arrêté des civils baasistes, quelle en est la raison ? Ces arrestations ont-elles eu lieu à l'initiative de l'appareil sécuritaire ou sur ordre de la présidence ?


DOA : La présidence ne nous a jamais ordonné d'arrêter qui que ce soit. Nous travaillons dans un domaine bien connu, et informons sur toute personne qui menace la sécurité, le procureur de la République en premier et non le président de la république, puisque nous travaillons sous les ordres du procureur général et du ministère public près de la Cour suprême et du directeur général de la sureté nationale. Les officiers de police judiciaire que nous sommes, sont chargés d’enquêter avant les arrestations et avant les recherches, nous consultons le procureur de la République, soit en l’appelant par téléphone, en envoyant vers lui l’un de nos élements, qui l’informe sur ce qui s'est passé et lui demande les ordres qui devraient être exécutés pour ce cas. Nous menons des enquêtes, et après avoir terminé la procédure légale bien connue, nous remettons les PV au procureur. Si ce dernier ressent de la peur ou de la cupidité envers le président, il prend des mesures en fonction de cela et c’est lui qui détermine le délit et qui ordonne la poursuite ou non.


Question : dans le dossier baasiste, il est dit que vous avez arrêté des personnes qui n'avaient rien à voir avec cette affaire ?


DOA : C’est totalement faux. Nous n'arrêtons que quelqu'un vers qui les enquêtes nous mènent, et quiconque est arrêté par la Sûreté de l'Etat veut dire qu’elle a été menée vers lui par un fil.


Question: Ne pensez-vous pas que le coup que vous avez porté aux baasistes était dur ?


DOA : Oui, c'est vrai, mais vous devez faire la différence entre l'État en tant qu'entité et entre les cadres techniques. Pour votre connaissance, nous et vous collectons des informations et les fournissons aux autorités judiciaires, lesquelles, frappent comme elles l’entendent, avec une épée, un bazooka ou une pioche. Cela ne nous concerne pas, et comme je l'ai dit plus tôt, une fois que la police arrête quelqu'un, celui-ci prétend avoir été torturé, mais ces maltraitances nécessitent des preuves pour être corroborées.


Question : Quelles sont les raisons des arrestations des baasistes ?


DOA : Les mobiles des arrestations sont le fait que le comité militaire au pouvoir à l'époque avait décidé de sortir de l'armée tous les mouvements ayant des ailes militaires, afin d’apurer l’armée des membres des mouvements politiques et pour la mettre à l'abri du risque de déstabilisation de la sécurité.


Nous avons reçu des informations selon lesquelles les baasistes, avec l'aide d'un pays étranger, cherchent à faire un coup d'État. Certains d'entre eux sont allés à l'étranger, se sont réunis et revenus munis d’informations. Lorsque nous les avons arrêtés et interrogés, nous avons trouvé leurs documents qui reflètent leur véritable profils, formations et mouvements en plus d’une étude complète sur tous les mouvements existants sur la scène politique et des détails sur tous les mouvements politiques en Mauritanie.


Leurs archives comprennent par ailleurs des données se rapportant à leurs effectifs, aux plus activistes parmi eux, les salaires qu’ils perçoivent contre la propagande et les activités qu'ils font. Ces archives qui spécifient leurs adresses et leurs fonctions, le militaire et le civil d’entre eux, avaient été établies en collaboration entre le commandement qatari baasiste et un capitaine de la garde nationale, puis remis à un agent de la gendarmerie nationale les jours des arrestations, vers lequel les recherches nous ont conduits.


Question : Ces archives contiennent-elles des informations sur d'autres mouvements clandestins ?


DOA : Elles comprennent une carte de tous les mouvements et de leurs éléments, qu'ils soient dans l'armée, la police, la gendarmerie et la garde et même dans la rue et les gestionnaires des papeteries. Il s’agit d’une étude globale du paysage du mouvement clandestin à l’époque.


Nous ne les avons pas jugés, mais nous avons documenté ce qu'ils faisaient. Comme le photographe, nous prenons le cliché depuis l’évènement ou les événements ou ce qui s’est passé dans le sujet de l’enquête avant de de transmettre cette photo au procureur.


Question : Pourquoi avez-vous fermé les portes à la tendance islamique modérée, telle que l’association culturelle et ses cheikhs centristes, dont Mohamed Moctar ould Gaguiye, Abdou Maham et d’autres ?


DOA : Il semble que vous ne faites pas de différence entre les décisions de l'Etat et de la Sûreté de l’Etat. Quant à nous, nous avons arrêté des personnes soupçonnées d'avoir commis des crimes de déstabilisation de la sécurité, de changement de régime et d'introduction de comportements interdits dans le pays. C’est l'État qui dissout les organisations et c'est lui qui leur permet de fonctionner aussi.


Question : Pourquoi avez-vous arrêté les islamistes si rapidement et les avez libérés si vite ?


DOA: Cela relève de l'Etat, et notre rapport a été adressé aux intéressés auxquels nous avons remis aussi les résultats de l'enquête. L'État n'est pas obligé à se conformer à notre avis. C’est plutôt lui le dernier maître de la décision à prendre. C’est aussi au procureur de la République que revient le droit de demander ou non des poursuites, et c'est ce qui se passe dans tous les cas.


Question : Les arrestations des islamistes en 1994 et celles des baasistes en 1995, sont-elles un moyen pour obtenir des fonds étrangers ?


DOA : Les baasistes ont été exposés à de nombreux cas, sur de longues périodes, et ont eu beaucoup d'ennuis. Ils avaient été arrêtés en 1982 alors que j'étais en stage à l'étranger. Vous pouvez poser la question à l'un de mes collègues chargés de les interroger pendant cette période. Je ne suis pas de ceux qui aiment parler à la presse eu égard aux nombreuses fausses informations dont elle dispose, alors que tu veux me rendre responsable, ainsi que la police, des décisions que l'État avait déjà prises. Mais nous ne sommes qu'un instrument d’exécution utilisé par l'État et je ne sais rien de ce que vous dites. L’Etat sait plus la façon avec laquelle il obtient ses ressources et ses financements.


Question : Avez-vous un rôle dans l'enquête sur la tentative de coup d'État menée par Saleh Ould Hanena en 2000 ?


DOA : Non, nous n'avions aucun rôle, mais l'affaire se limitait à l'intervention de l'armée.


Question : cette tentative était-elle réelle ?


DOA : Je ne sais pas, mais elle a été confirmée parce que ses conspirateurs avaient récidivé et avaient arrêtés par nos éléments la dernière fois.


Question : On disait que la normalisation visait à dissimuler les tueries qui avaient eu lieu contre certaines composantes du pays ?


DOA: Ce sont des mensonges visant à drainer de l'argent. Est-il raisonnable que l'État lutte contre des individus qui travaillent pour lui et les tue, et que des événements se sont produits, et où les informations que nous avons nous et vous à ce sujet sont les mêmes, car je ne suis pas un soldat et je n'étais pas à l'intérieur des casernes militaires. Il y a des gens qui se sont disputés entre eux, dont certains d'entre eux peuvent être blessés et d’autres mourir, à cause de quelques querelles nationales et sectaires. Pour autant que je sache, l'État n'a donné l'ordre à personne de tuer qui que ce soit, et cet enchevêtrement a lieu partout, du marché à la caserne.


Question : Avez-vous licencié des policiers lors de ces événements ?


DOA : Tout celui qui sait au fond de son cœur qu'il est sénégalais s’est enfui avant que nous ne l'arrêtions et la nationalité volée est un crime. Cette question est demandée à l'État et toute personne visée par des mesures le méritent, la naturalisation qui existe en abondance étant illégale.


Question : Avez-vous des informations sur l'ampleur de la naturalisation des étrangers en Mauritanie ?


DOA : Je n'ai pas d'informations détaillées à ce sujet, toutefois, je sais qu’elle est très étendue, qu’elle n’est pas récente et qu’elle a été favorisé par la faiblesse des moyens logistiques qui sont devenus disponibles.


Question : Reconnaissez-vous ceux dont la nationalité est française ?


DOA: Nous n'avions pas d'état civil contrôlé dans le passé, et la naturalisation ne peut être éliminée à la lumière de la propagation, de la pauvreté et du dénuement généralisés qui causent le recours à la corruption. Cela ouvre la porte à un groupe de pratiques illégales dont les auteurs sont parfois identifiés et sanctionnés et parfois ne le sont pas.


Question : Ne voyez-vous pas que l'appareil de sécurité de l'État n'a pas réussi à découvrir le coup d'État de 2003 ?


DOA: Cette nuit-là, j'étais à l'extérieur de la capitale et j'ai appris le coup d'État après avoir atteint le PK 27 sur la route Atar-Nouakchott. Je suis entré dans la ville et j'ai commencé à contacter mes chefs et à connaître leur situation.


Après m'être assuré qu’ils sont en sécurité, je suis resté en contact avec eux, leur fournissant les informations que j'ai reçues, jusqu'à la mise en échec du complot et la fuite de ses cerveaux.


Nous avons commencé à mener des enquêtes pour découvrir les mobiles du putsch et les raisons qui ont permis de le déjouer. Nous avons continué à les suivre et à recueillir des informations à leur sujet jusqu'à leur retour et leur arrestation après leur entrée dans le pays. Nous étions au courant de leur retour et nous savions où nous allions les cueillir. Nous les avons interrogés et traduits en justice et malgré tout, nous sommes, à votre point de vue, des ratés !


Si nous étions tels, vous ne seriez pas assis avec moi et me poser des questions. Cette période est l'une des meilleures en Mauritanie, en termes de sécurité et d'orientation saine, puisque nous n’avons connu aucun échec dans l’exécution de nos missions.


Question : Comment avez-vous arrêté Saleh Ould Hanena et l'avez-vous torturé ?


DOA: Vous pouvez lui demander. Je ne l'ai pas torturé, et quiconque dit que je l'ai torturé, qu'il vienne m’apporter des preuves. Il n'y a pas de mouvement sur lequel je n’ai pas mené des investigations et si je n’ai pas agi ainsi, vous seriez aujourd’hui dans une guerre civile ou dans une spirale sans fin.


Question : Êtes-vous content de l'échec du coup d'État des Cavaliers du changement en 2003 ?


DOA : Je suis heureux que toutes les tentatives qui ne sont pas sur la bonne voie aient échoué.


Question : Pourquoi avez-vous accepté de coopérer avec le coup d'État de 2005 ?


DOA: Je ne l'ai appris qu’à mon arrivée le matin à la direction générale de la police.


Question : Comment n'en avez-vous pas entendu parler alors qu’on en murmure depuis le début de 2004, quand il a été dit à l’époque, que le projet de renversement du pouvoir préparé par un groupe d'officiers, composé notamment d’Abderrahmane Ould Boubacar, le président Mohamed Ould Abdel Aziz et l'actuel président, Mohamed Ould Cheikh -Ghazouani, est fin prêt ?


DOA: Nous avons obtenu beaucoup d'informations sur des groupes de l'armée qui se préparent chacun à son niveau à mener un putsch, de sources diverses dont les enquêtes que nous effectuons avec certains accusés et nous avons informés les concernés.


Les autorités ont peut-être laissé le groupe mener le putsch, comme l'a fait le président Mokhtar Ould Daddah avec le groupe d'officiers qui l'avaient évincé.


Question : Est-il vrai que le président Maaouiya Ould Taya avait l'intention d'envoyer Mohamed Ould Abdel Aziz à Lemgheity ?


DOA : Vous pouvez demander au président Maaouiya ou au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Pour ce qui me concerne, je n'ai aucune information à ce sujet.


Question : Le président Maaouiya s'attendait-il à un coup d'État ?


DOA : Je ne sais pas, mais Maaouiya est un officier âgé de l'armée venu au pouvoir par un coup d'État militaire et devait logiquement s’attendre à un putsch contre lui, puisque c’est grâce à ce procédé qu’il est venu au pouvoir. A propos, il était l'un des meilleurs officiers.


Question : Quelle est votre évaluation de la performance du président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya ?


DOA : Tout ce que je sais, c'est qu'il est l'un des meilleurs officiers, le meilleur d'entre eux en formation, et le plus ouvert à la démocratie. J’apprécie ce qu'il a accompli pendant sa présidence et dont l'État avait besoin. Mais ces réalisations sont restées vaines.


Question : Quelle est votre appréciation du président Ely Ould Mohamed Vall ?


DOA: C'était un homme de bonne moralité, juste et honnête. Nous n’entretenons que de bonnes relations. La raison de mon licenciement était due au fait que je faisais partie d'un système et que celui-ci a disparu.


Question : Et du président Mohamed Ould Abdel Aziz?


DOA : je ne dirai pas un mot sur lui.


Question : ainsi que du président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ?


DOA : Qu’Allah lui accorde sa Miséricorde. Je n'ai pas d’information à son sujet. Il n'est pas de ma génération.


Question : Pourquoi se trouvent parmi les victimes du 16 mars 1981, des policiers qui ne sont pas issus du corps militaire ?


DOA: Certaines personnes traitent les affaires à partir d’angles qui ne devaient pas l’être. Le commissaire de la police de la capitale ne devrait pas se rendre à la présidence, s'il entend des coups de feu, mais l’heure a sonné et c’est la décision irrévocable d’Allah.


Les victimes sont les deux officiers, feu Ende Habib et Ghotob Ould Maham et l'agent Yacoub. Ende Habib a demandé à Ghotob d’aller ensemble à la présidence pour s’informer sur ce qui se passe. Ghotob a accepté. J’étais à l’époque dans la ville de Zouerate pendant toute la période de la guerre du Sahara. Il était de mon habitude de n'aller à aucune fusillade à moins d'en connaître la source, mais Ende Habib a insisté et dès qu'ils ont atteint le quartier général de la Banque Centrale, ils ont croisé le commando à sa sortie du palais, qui les a mitraillé. Ende Habib et l’ancien agent sont tombés tandis Ghotob a continué à saigner jusqu’au passage de l’ancien maire de la commune du Ksar Sid’Ahmed Ould Zeine, qui l’a porté vers l’hôpital. Ce qui s’est produit ne dépasse guère son aspect de destin. C’est une faute stratégique. Nous n'avons pas enquêté sur le commando, mais c’est plutôt l'armée qui s’est chargé de cela.


Question : Qu'en est-il de l'arrestation de Mohameden Ould Ichedou ?


DOA : C'était avant que j'intègre la police, et la dernière période où celle-ci s’est mise à la recherche de Ould Ichedou, c’était en 1974. Seul Dah Ould Abdel Jelil parmi les kadihines, avait été emprisonné avec les nassériens et libéré après le coup d'État de 1984.


Question : Comment Moulaye Hachem s'est-il évadé de prison ?


DOA : Oui, il s'est enfui de la prison et nous l’avons poursuivi jusqu’à son arrestation. Nous avons beaucoup de collaborateurs dont je ne parlerai pas. L'important est qu'il s'est évadé de Kaédi, et nous l'avons arrêté et ramené à la prison d'où il s'est enfui.


Question : Avez-vous rencontré le président Mohamed Khouna Ould Haidalla, Cheikh Ould Horma, paix à son âme et le président Ahmed Ould Daddah ? Et pourquoi ce jeu. Pourquoi accusez-vous ces Chefs d'une tentative de coup d'État montée (Grab 1) ?


DOA: Oui, l’appareil a mené des enquêtes sur eux. Personnellement, je ne l'ai pas fait, mais j’ai envoyé certains collaborateurs parmi les officiers pour l’instruction, en raison d’autres occupations. Je ne les ai pas vu jusqu’à l’instant.


Question : Pensez-vous que le plan Grab était réel ?


DOA : Oui, c'était vrai. Je remplissais des fonctions, notamment contrer les coups d'État militaires et surveiller leurs conspirateurs. Et lorsqu'ils passent au stade de l'action, je participe à l'enquête et aux procédures pour déjouer la tentative, ou faire poursuivre les personnes qui y sont impliquées.


Question : Avez-vous interrogé les présidents Ahmed Ould Daddah, Messaoud Ould Boulkheir et Hamdi Ould Mouknass ?


DOA : Je me souviens qu'ils avaient été conduits devant moi pour être interrogés sur des questions les concernant individuellement, et il en était de même pour feu Hamdi Ould Mouknass.


Question : On dit que vous mettiez des politiciens dans une pièce pleine de fumée de cigarettes et disent que vous fumez beaucoup devant eux. Qu’en dites-vous ?


DOA : C'est faux. Jamais. Je fume mais quand je reçois l’un d’entre eux, je ne fume jamais devant lui et je ne laisse aucun de mes collaborateurs le faire. Vous pouvez demander à ceux qui étaient présents parmi eux, à Ahmed Ould Daddah et Messaoud Ould Boulkheir. Cheikh Ould Horma ne faisait pas partie des détenus dans l'affaire "Grab", puisqu’il était en Libye dans l’espoir d’obtenir des fonds. Je ne sais pas combien d’argent il a reçu, mais ces fonds sont parvenus à Sidi Mohamed Ould Haidalla, qui les a acheminés vers Londres et partagé avec les jeunes du mouvement Conscience et Résistance.


Question : Mais vous les avez arrêtés en 2004 avec les cavaliers, même si ce sont des vieux?


DOA : La direction de la sureté de l'État ne les a pas arrêtés au cours de cette période et il n’est pas exclu qu’ils aient été interpellés par l’un des autres dispositifs. Quand une personne est soupçonnée du délit, la question de l'âge disparait, qu’il s’agisse de vieux ou de jeune. Lorsque j'ai enquêté sur eux, je n'ai trouvé aucune preuve contre les interpellés. Par conséquent, je les ai relâchés.


Question : Cela signifie-t-il que le document « Grab » est faux ?


DOA: Je ne l’infirme pas ni l’affirme. Ce n'est pas mon affaire.


Question : Qu'en est-il de la question des déchets israéliens, avez-vous enquêté là-dessus ?


DOA : J'ai entendu parler d’eux par la presse. Toute cette histoire porte sur l’intention qu’avait un groupe de personnalités dont un consul, un ou deux ministres, de faire venir un groupe de la capitale espagnole, Madrid, sous prétexte d'investissement. Les autorités mauritaniennes avaient enquêté sur l'affaire et sont arrivées à l’identifier, empêchant le groupe qui devait se rendre en Mauritanie et demandé aux personnalités mauritaniennes de se retirer du sujet ; cet à quoi elles s’étaient conformées. L’affaire fut close.


Question : Vous souvenez-vous de votre interrogatoire de Sidi Abdallah Ould Ahmed Youra, l'ancien directeur de l’OMVS ? N’a-t-il pas fait l’objet d’une injustice ?


DOA: Je me souviens de lui, qu’Allah lui accorde sa Miséricorde. Il n’a pas fait l’objet d’injustice comme il n’avait pas été blanchi. Je sais comment il a été arrêté et libéré. Je ne parlerai pas de lui, puisqu’il n’est plus là et que nous devons nous abstenir de cela.


Question : Il est dit que l'ancien président, Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya avait tenté d’ «absenter » ou d’écarter l'imam Bouddah Ould Bousseiry de l’Imamat. Quant est-il au juste ?


DOA : Jamais, je n'en ai aucune connaissance et je ne pense pas que ce soit vrai. Bouddah n’a quitté Nouakchott, que lorsqu’il n’était plus en mesure d’assurer son autonomie motrice. C'est un érudit respecté et vénéré de tous auprès duquel je me rendais régulièrement pour le visiter seulement. Il a faibli au point de ne plus être en mesure de recevoir de messages. Il s'est rendu dans la zone d’El Aghel près de Nouakchott.


Question : Il est dit que les opposants au président Maaouiya, avaient créé de toutes pièces à la fin de son règne, des problèmes avec les tribus et les régions, afin d’instaurer les conditions propices à son renversement. Pourquoi ne lui avez-vous pas envoyé de rapports pour attirer son attention sur cet état?


DOA : Je ne nie ni ne confirme cela, mais il est difficile que je ressens quoi que ce soit sans envoyer des rapports à l'Etat, abstraction faite de la personnalité du président, puisque je suis un agent de l'Etat et un policier travaillant pour le compte de son Etat, quel que soit le président et sa personne et parce que j'exerce mon devoir et que je ne peux donc pas être au courant de quelque chose qui pourrait nuire à l'État, porter atteinte à sa sécurité ou nuire à son président et hésiter à le signaler. Si par contre, il n’arrive pas à mes oreilles, je n'en suis pas responsable.


Question : Il y a eu des arrestations dans les rangs de la police, dans ce qu'on appelait le dossier de la drogue. Il a été dit à l'époque que c'était une accusation sans fondement, qu'en pensez-vous ?


DOA : Je n'étais pas présent au moment de l'enquête, et c'est le directeur adjoint, Abdallah Ould Mohamed Mahmoud, qu’Allah ait pitié de lui, qui a fait les recherches. J’ai trouvé à mon retour que le dossier est vide de toute preuve incriminant les concernés. J’ai donc rédigé un rapport en vertu duquel ils avaient été libérés et avaient repris leur travail.


Question: Le président Maaouiya a-t-il accordé des indemnisations, dans ce qu’on appelle le dossier du passif humanitaire?


DOA: J'ai entendu cela, et si c'est vrai, cela ne devait pas l’être, puisque l'État ne doit pas avouer un crime qu'il n'a pas commis, et je ne suis pas convaincu que l'État ait commis un délit, mais a par contre combattu avec tous ses moyens, ceux qui tentent de commettre des crimes dans le pays. C’est son devoir et sa responsabilité, car l’Etat n’a pas donné l’ordre de tuer quelqu’un, mais des menaces étaient là et avaient été surmontées.


Question : Mais personne n'a été tué et aucune station-service n'a pas été incendiée ?


DOA: Tout cela est dû à la vigilance et à la présence des autorités sécuritaires. Des menaces similaires avaient également existé mais n’avaient pas été exécutées, El Hamdoullillah.


Question : Pourquoi avez-vous remis des citoyens mauritaniens à des parties extérieures, et confirmez-vous que vous avez médiatisé à l'étranger que vous avez des citoyens terroristes ?


DOA : Oui, la Mauritanie a des accords avec certains pays. Nous n'avons pas extradé Ould Sellahi. Il nous a quitté et nous ne l'avons pas vendu. Il a intégré al-Qaïda pendant ses études en Allemagne. Il a reconnu lors de la clôture des journées de l'Association culturelle islamique qu'il était d'Al-Qaïda. Nous l'avons interrogé et avons découvert qu'il n'avait pas l'intention de faire des actes en Mauritanie. Nos services ont commencé à traiter avec lui, sollicitant sa collaboration chaque fois que le besoin se fait sentir. Il récite le Coran et jouit d’une intelligence inouïe. Il connait aussi le mouvement islamique à l’échelle mondiale, sa création, son expansion, ses dissensions, les nouveautés relatives à ses dirigeants. Il nous livrait les informations dont nous avons besoin, mais lorsque les événements du 11 septembre 2001 se sont produits, la collaboration avec douceur et légalité s’est dissipée et des recherches avaient été lancées dans toutes les directions pour tout ce qui concernait la lutte contre le terrorisme. Une réunion s’est tenue à ce sujet. Il nous a été demandé de l’envoyer, ce que nous avons fait, mais n’est revenu par la suite. Nous avons demandé à son sujet plus tard et appris qu’il a été envoyé en Afghanistan. Nous ne l'avons pas livré, mais il est devenu un de nos agents, et il avait l'habitude de venir chez son frère Hamoud. C’était la dernière fois que je le voyais jusqu’à son retour de la prison de Guantanamo.


Question : On dit qu'il avait été torturé avec violence en Jordanie, est-ce vrai ?


DOA : Comment puis-je savoir sur les brutalités ou non qu’il a subies, alors que je suis à Kseir Tourchane !


Question : Avez-vous reçu un ordre de la présidence de le remettre ?


DOA : Non, pas du tout. Au contraire, l'ordre de l'envoyer en mission et non de le remettre est venu du directeur général de la sureté, puisqu’il est devenu un de nos agents. Ces lettres que nous remettons à sa famille nous parvenait par ailleurs à travers la croix rouge.


Question : le maraichage souffre au niveau de la wilaya de l’Adrar du manque de routes, de moyens de froid et des effectifs en baisse des habitants. Le défi s'est accentué en raison de la route reliant la Mauritanie et le Maroc. Quel est le bilan de la fédération des agriculteurs en Adrar ?


DOA : le programme de Son Excellence le Président, « Mes engagements », accorde la priorité au développement et à l'agriculture. La fédération dont je suis membre, n’était pas performante au cours des dernières années, au point de ne pas exister au niveau de certains wilayas du pays, comme l’Adrar à titre d’exemple, où les élections s’étaient tenues cette année, avec la désignation d’un bureau relevant de la fédération de l’agriculture.


Le bureau exécutif de la fédération des agriculteurs s’est réuni la semaine passée, dans le cadre de sa première session ordinaire.


Il est arrivé à la conclusion selon laquelle, la fédération est confrontée à plusieurs difficultés qu'il faut surmonter pour pouvoir accomplir sa mission dont la mise en place d’un programme technique constituant une feuille de route et une stratégie d’action pour elle.


Parmi les améliorations nécessaires on note la restructuration de la fédération, le renouvellement de ses statuts tout en les complétant et avoir des contacts avec des responsables de l'État pour tendre la main à cette organisation pour être un appui aux agriculteurs.


Question : Certains pensent que la nécessité d'avoir de l'eau pour extraire le fer peut accélérer l’arrivée à une issue à la crise de l'eau dans le nord.


DOA: le fer est exporté depuis la création de MIFERMA en 1952, sans que l’eau soit utilisée pour le pulvériser. J'ai lu un livre de l’initiateur de l’idée de création de la société MIFERMA, dans lequel il explique cette idée. On sait qu'il n'y a pas d'eau à Tiris Zammour. On dit que le coût de drainage de l’eau est financièrement élevé et s’effectuera depuis le fleuve.


L’Etat irakien avait l'intention de construire des canalisations dans l’Afout Essahli, mais s’est heurté au pouvoir de Ould Haidalla au point d’arriver à la rupture des relations entre les deux pays. Avec l’arrivée du pouvoir de Ould Taya, celui-ci a voulu poursuivre le projet à travers ce qu’on appelle le dessalement des eaux d’Aftout Essahli, que les bailleurs avaient rejeté, du fait qu’il constituait un nouveau fardeau financier. Le projet a fini par l’acheminement de l’eau à travers des canalisations pour irriguer la ville de Nouakchott.


Question : Quelle est la meilleure option si l'État ne trouve pas d'eau ?


DOA : Nous nous attendons à tous les scénarios, et si l'eau n'est pas apportée, nous nous attendons au pire, mais les historiens évoquent de nombreuses, longues et dures périodes de sécheresse auxquelles la région du nord était confrontée par le passé. La population du nord a également baissé et se limite actuellement à des effectifs limités.


Question : Êtes-vous d'accord pour dire que le barrage de Seguelil est bien construit ?


DOA : L'intention initiale était de collecter de l'eau pour irriguer les zones et les réservoirs adjacents au barrage, mais je ne sais pas si l'idée était bonne et les défaillances qui y sont liées sont fréquentes.


Il renferme actuellement une eau salée et acide, en raison de sa construction sur un marais. Je ne trouve pas son idée correcte, puisque deux à trois ans après sa création, il n’a donné aucun résultat.


Question : Les autorités concernées ont-elles consulté les habitants avant de construire le barrage ?


DOA : Je n'ai pas connaissance de consultations avec la population, et je ne pense pas qu'elles aient eu lieu. Ce que l'Etat compte faire, doit être au service des populations.


Question : Comment s’alimente la ville d'Atar en eau?


DOA: La ville d'Atar est approvisionnée à partir de cinq puits se trouvant dans la zone de Teyarett. Leur eau n'est pas assez douce, mais toutefois utilisée. Les eaux douces de certains puits sont vendues à des prix très élevés, à 4 000 anciennes ouguiyas la tonne, en raison de leur rareté, puisque ceux qui les commercent essaient de puiser une ou deux tonnes pendant la journée à 7 km de la ville et plus on est éloigné, plus le prix est élevé.


Question : Y a-t-il une solution à ce problème à l'horizon ?


DOA : J'ai entendu dire que les autorités concernées ont alloué des sommes importantes à la recherche d'eau, que la SNDE a l'intention de son côté, d'augmenter les puits de Teyarett de cinq nouveaux afin de renforcer l’alimentation de la ville. L’eau de ces puits que la société compte forer est douce, m’a indiqué le wali.


Question : La situation de la wilaya est-elle similaire en termes de manque d'eau ?


DOA: La situation est similaire dans toute la wilaya à cause de la sécheresse et le problème réside peut-être dans l’absence de foreuses capables de creuser en profondeur.


Question : qu'en est-il des chutes d’eau de Tergit et peuvent-elle être exploitées et étendues ?


DOA: Leurs propriétaires n'aiment pas qu'on les touche, et il y avait une autre oasis semblable à celle-ci. Quand il a été procédé à son expansion, ses eaux se sont asséchées en raison de la sécheresse.


Question : Le lac Boulenouar n'est-il pas plus proche de vous que d'autres régions ?


DOA : L'eau peut exister. Le problème, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, ce sont les foreuses puisque celles qu’on utilise actuellement ne creusent pas à fond et sont donc insuffisantes.


Question : Que pensez-vous de l’usine des dattes ?


DOA : Je n'ai vu aucun résultat à citer, puisqu’elle n’a été créée qu’après la baisse de production des dattes, alors qu’elle était censée produire dans sa première année 500 tonnes de dattes, mais n’est pas parvenue à ce résultat. Relèvant du Projet des Oasis, cette usine a bénéficié de certains financements.


Question : On dit qu’elle a contracté des dettes. Qu'en pensez-vous ?

DOA : Ce n’est pas exact. Elle dépend du Projet Oasis et n’est redevable d’aucune créance.


Question : Pourquoi n'exigez-vous pas que le projet d'oasis soit transformé en un ministère ?


DOA: Il n'a rien réalisé. C'est un projet visant à partager certains fonds. Alors qu’adviendra-t-il s’il devient un ministère ! je ne vois pas qu’il est utile. Sa gestion est mauvaise et la vision suivie ne profite ni aux agriculteurs ni à la filière, avec de l’argent dépensé sans servir à quoi que ce soit.


Question : qu’en est-il de l’amélioration des espèces du palmier dattier et de l’importation d’un groupe de palmiers dattiers des Emirats Arabes Unis ?


DOA : Le projet a été orienté vers des lieux de pâturage et non vers des lieux de culture des palmiers dattiers. Par conséquent, il a gâché l’opportunité aux agriculteurs, laissant les palmiers mourir. Le problème le plus important dont souffrent les palmiers est la soif.


Question : Si l'eau est drainée vers la wilaya et que la tonne d'eau soit vendue à 100 ou 200 ouguiyas, l'agriculture pourra-t-elle réaliser un excédent capable de payer les coûts de l'eau ?


DOA : Sans nul doute. Si l'eau est importée, les dattes rembourseront les frais. Un kilogramme peut être vendu à 3000 ouguiyas anciennes. Mais ce que l'usine fait actuellement n'est pas à la hauteur de la concurrence en raison de la précarité des moyens de fabrication et de traitement.


Question : Un dernier mot ?


DOA: Je dis que cet entretien avec vous est sans précédent. J’ai une conduite envers les médias. Vous êtes le bienvenu.


Traduit de l’Arabe par CRIDEM


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