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25-11-2021

06:30

Maître Mahfoudh Bettah, président du Conseil National du parti El Islah - INTERVIEW

Le Calame - "Il n’y a pas d’autre solution pour résoudre les problèmes d’un quelconque pays que le dialogue et la concertation", explique le président du Conseil National du parti El Islah et responsable de la commission chargée du dialogue. Entretien

Le Calame : Le mercredi 27 octobre dernier, les acteurs politiques de la majorité et de l’opposition ont tenu une réunion à Nouakchott en vue de mettre en place la commission d’organisation ou de supervision de leurs concertations. Quel était l’ordre du jour de cette première rencontre ? Avez-vous eu, au sortir de celle-ci, la conviction que tous les acteurs étaient dans de bonnes dispositions pour participer aux concertations?


Maître Mahfoudh Bettah : Les acteurs de la vie politique de la majorité et de l’opposition dans notre pays se sont effectivement réunis, opportunément, le Mercredi 27 Octobre dernier.

A cette occasion et pour la première fois depuis la transition 2005-2007, l’ensemble des acteurs politiques (les partis politiques reconnus plus pour cette occurrence les ex candidats à l’élection présidentielle de 2019) ont répondu présents. Il s’agit l’a d’un premier succès que le pouvoir précédent n’a jamais pu réaliser malgré ses ‘’dialogues’’ multiples et la présence de ‘’sa Mauritanie profonde’’.

L’ordre du jour de la réunion était, comme vous le précisez, la mise en place d’une commission chargée de l’organisation de la concertation. À l’issue des échanges entre les participants, un accord de principe a été obtenu sur la mise en place d’une commission paritaire chargée de la préparation de la concertation.

L’opposition et la majorité devant, chacune en ce qui la concerne, faire connaitre ses représentants dans ladite commission, le nombre de ses membres sera déterminé entretemps. Certains ont proposé que la commission soit composée de 10 membres (2x5 membres de chaque côté), d’autres ont proposé plutôt 16 membres (8x2). En réalité, le nombre de membres n’a pas été encore défini mais il ne saurait, en revanche, tarder.

La commission qui verra le jour prochainement aura 28 jours pour préparer la concertation. Elle devra dans ce cadre : proposer une commission de supervision ; définir les critères de participation et le nombre de participants ; fixer, à la lumière de la feuille de route préparée par les partis représentés à l’assemblée nationale revue et corrigée s’il y a lieu, par tous les acteurs ayant pris part à la réunion du 27 Octobre, sur quoi la concertation doit porter c’est à dire l’ensemble des sujets qui seront débattus par les participants ; répondre à la question de savoir quel serait le rôle du gouvernement dans ces assises, devrait-il, d’ailleurs, être présent et si oui à quel niveau doit-il être représenté et quel serait son rôle ?

Au sortir de cette réunion, force est de constater que tous les acteurs politiques conviés étaient dans un état d’esprit constructif de nature, à la fois, à assurer la participation de tous et à permettre d’envisager sereinement la suite, c’est-à-dire le succès de la concertation.

On a comme l’impression, en écoutant certains acteurs politiques qu’un dialogue entre les acteurs est le moyen de régler les problèmes du pays. Avez-vous, à Islah cette conviction ? Avez-vous décelé une volonté politique ou d’autres signaux rassurants du côté du pouvoir quant à la mise en œuvre des résolutions qui sortiraient des concertations ?

- Nous partageons à El Islah cette conviction qui consiste à considérer qu’il n’y a pas d’autre solution pour résoudre les problèmes d’un quelconque pays que le dialogue et la concertation.

La Mauritanie ne fait pas exception à cette règle. Les problèmes du pays doivent trouver leurs solutions dans un cadre apaisé loin de toute confrontation.

C’est cette conviction qui a guidé et soutenu l’action du président de la République depuis son accession au pouvoir et c’est dans ce cadre qu’il a pris l’initiative de recevoir, dès sa prise de fonctions, les acteurs de la vie politique et sociale du pays. Ces acteurs se sont tous félicités de cette initiative et témoigné de la très grande capacité d’écoute du président de la République qui les a accueillis et écoutés de bonne grâce, comme à son habitude d’homme posé et affable.

Le style, l’esprit d’ouverture et le souci du respect de la parole donnée plusieurs fois exprimé par le président de la République sont des gages suffisants pour écarter le doute quant à la volonté du pouvoir de mettre en œuvre les résolutions qui sortiraient de la concertation. Le président de la République l’a d’ailleurs dit individuellement aux acteurs qu’il a reçus et l’a exprimé publiquement dans le discours qu’il a prononcé récemment à l’occasion des Etats généraux des travaux publics organisés dernièrement par le Ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de l’aménagement du Territoire.

Il n’y a dès lors plus aucune raison de s’interroger sur la volonté du pouvoir de mettre en œuvre les propositions qui seraient retenues à l’occasion de la concertation.

Qu’est-ce qui, selon vous, a poussé le président de la République à accepter le dialogue ou la concertation alors que, selon lui et ses soutiens, le pays ne vit pas de crise ?

- C’est le style de l’homme et sa manière d’exercer le pouvoir que d’être à l’écoute de tout le monde et principalement de ceux qui ont des opinions à faire valoir sur le présent et l’avenir du pays notamment, en principe, les leaders des partis politique et les acteurs de la vie économique et sociale du pays.

La décision du président de la République d’accepter la concertation procède justement de cet esprit d’ouverture et de modération.

Le président était parfaitement conscient que le pays avait réellement besoin de sortir d’une situation politique marquée par la confortation entre les acteurs politiques. Pour s’en convaincre, il suffit de se rapporter au programme du candidat qu’il fût.

Le Président y avait dit que la recherche d’un climat apaisé guidera constamment son action pour rapprocher sur les questions d’intérêts national les positions des acteurs politiques ; et qu’il croit profondément que la Mauritanie a besoin de toutes ses forces vives et que chacun peut et doit apporter sa contribution à l’œuvre de construction nationale et d’ajouter que nous pouvons être d’accord ou pas mais nous devons pouvoir discuter de toutes les questions d’intérêt national. Je m’engage, dit-il donc, à mettre en place les conditions nécessaires pour qu’il en soit ainsi.

Dans ce cadre, je veillerai à : mettre en place un cadre de concertation permettant de recevoir régulièrement le leader de l’opposition, à consulter les chefs de partis représentés au Parlement sur les questions stratégiques.

Il en résulte que la décision du président la République de cautionner la concertation entre les acteurs de la vie politique n’est le résultat d’aucune crise de quelque nature qu’elle soit ni d’un quelconque rapport de force qui l’aurait contraint à y consentir. Il s’agit plutôt seulement pour le président de la République de la mise en œuvre de son programme politique qui procède incontestablement d’une vision éclairée des problèmes du pays et des voies et moyens d’y faire face.

Dans ces conditions le président de la République et sa majorité, dont nous faisons partie, sont tout à fait fondés à récuser le terme de crise pour qualifier la situation du pays.

Selon vous justement, quels sont les problèmes que vit notre pays et que le dialogue ou concertations pourrait ou devrait régler ?

- Les problèmes du pays sont les problèmes auxquelles font face tous les pays du Tiers monde, ce sont les défis du développement : il faut mettre en œuvre des politiques économiques et sociales pertinentes qui assurent une croissance soutenue et offrent aux citoyens une amélioration continue de leur niveau de vie. Il faut en somme vaincre la pauvreté et l’ignorance qui ne sont pas, par ailleurs, des fatalités. Beaucoup de pays notamment du Sud-Est Asiatique, se sont armés d’une farouche volonté de réaliser cet objectif et ont fini par réussir.

Pour notre part la volonté politique de sortir le pays du sous-développement est réelle. Le président de la République l’a exprimée clairement en s’engageant à réunir et à mettre en œuvre toutes les exigences pour mettre le pays sur le chemin de l’émergence.

Quant à la contribution de la concertation à venir à la solution des problèmes du pays ; il y a lieu de préciser que, quelles que soient les décisions et autres recommandations qui sortiraient de ces rencontres, les problèmes du pays ne s’entrouveraient pas pour autant résolus.

La concertation ne sera pas une baguette magique pour résoudre les problèmes du sous-développement ; tout au plus sera-elle l’occasion de faire émerger un consensus national souhaité par tous, sur les questions stratégiques du pays que les acteurs ont identifiées dans la feuille de route qu’ils ont déjà établie : Il s’agit de l’unité nationale, des réformes démocratiques et de la bonne gouvernance.

Un consensus sur ces questions n’est évidemment pas négligeable. Il constitue d’ailleurs un gage de stabilité politique du pays et de cohésion sociale sans lesquelles aucun projet de développement ne peut réussir.

Pensez-vous à Islah que la Mauritanie vit des problèmes dans son unité nationale ?

-Nous pensons à El Islah tout d’abord qu’il y a de bonne raisons de ne pas s’inquiéter outre mesure quant à la force des liens qui unissent le peuple Mauritanien et qui fondent l’unité nationale : la même religion (l’islam sunnite), une tradition du donner et du recevoir dans ce domaine entre les élites religieuses des différentes composantes du pays, une histoire partagée sur plusieurs siècles, des modes de vie pour l’essentiel assez proches et un métissage profond humain et culturel, toutes choses qui concourent à un fondement solide de l’unité nationale.

Nous pensons ensuite que l’existence de fondements solides de l’unité nationale n’est pas synonyme d’absence de problèmes ; les dynamiques sociales, les luttes politiques parfois violentes, l’injustice et l’exclusion sont autant de facteurs qui peuvent parfois durablement porter atteinte à l’unité nationale.

Notre pays n’a pas échappé aux effets négatifs de ces facteurs qui ont engendré un lourd passif humanitaire. Ce passif demeure vivace dans les esprits et doit trouver en conséquence une solution définitive.

Des actions sur le plan symbolique, religieux et matériel ont été déjà faites mais elles demeurent manifestement insuffisantes.

L’Etat doit assumer de nouveau ses responsabilités dans ce domaine en apportant une solution juste et équitable à ce dossier.

Nous pensons, enfin, que la Mauritanie appartient à l’ensemble de ses composantes et ses citoyens et qu’elle est suffisamment étendue et potentiellement très riche pour que chacun y trouve sa place et des raisons suffisantes pour être fier de lui appartenir.

Il faut espérer que la concertation sera l’occasion d’un consensus sur les voies et moyens de panser les plaies du passé et de regarder résolument vers l’avenir que nous souhaitons un avenir de paix, de cohésion, et de prospérité.

Un débat sur la réforme du système éducatif et de la place des langues nationales comme le Pulaar, le Soninké et le Wolof agite la classe politique et les réseaux sociaux. Qu’en pensez-vous ? Comment l’école Républicaine qu’ambitionne le gouvernement pourrait-elle prendre en charge cette question ?

- La réforme de notre système éducatif est d’une impérieuse nécessité ; tout le monde en convient. L’école est en crise depuis fort longtemps et les rares tentatives de la redresser ont notoirement échoué.

L’école a cessé d’être un creuset de l’unité nationale pour devenir un instrument de division de notre peuple : chaque ethnie ayant sa propre école, sa propre langue d’enseignement ; l’enseignement privé pour les nantis, l’enseignement public pour les pauvres ; une école pour les meilleurs et une école pour les médiocres ; un corps enseignant prolétarisé, mal payé et pour l’essentiel mal formé ; des infrastructures insuffisantes et mal reparties sur le territoire, la carte scolaire ne répondant assez souvent qu’à des critères clientélistes ; l’échec scolaire est la règle et la réussite l’exception, il n’y a qu’à se reporter au niveau des taux de réussite des examens de fin de cycle: concours d’entrée au collège, Brevet, Baccalauréat. Le bac en particulier est catastrophique.

Le taux de réussite sur la dernière décennie n’a pas dépassé les 9% pour la première session pour se clôturer aux environs de 13 à 15% en deuxième session. Ces résultats sont les plus bas de toute la sous-région si ce n’est au niveau mondial ; pour boucler la bouche, les élèves reçoivent un enseignement d’un niveau très bas qui ne répond nullement aux besoins de l’emploi. C’est vous dire l’ampleur du désastre que vit notre système éducatif et l’urgence d’y faire face.

Le président de la République a fait de l’éducation l’une de ses premières priorités. C’est ainsi qu’il s’est investi personnellement dans l’action de redressement.

En rehaussant de sa présence les cérémonies de début d’année scolaire, la toute première année 2019 -2020 deux mois seulement après sa prise de fonctions, le Président a donné le ton à l’action qui doit être entreprise. La symbolique très forte attachée à sa présence à ces occasions n’échappe à personne et dénote d’une conscience aigüe à la fois de la crise de notre école et de l’impératif de lui apporter les solutions requises.

Le programme du président de la République est on peut plus clair sur cette question. Il ambitionne de mettre en place un système éducatif performant, une école qui unit et qui dispense un enseignement de qualité, une école qui éduque aux valeurs de civisme et de citoyenneté.

Le débat qui agite la classe politique et les réseaux sociaux sur cette question est tout à fait légitime eu égard à l’importance du système éducatif dans la vie économique et sociale de tout pays. Il est pertinent de noter à cet égard que les pays du Sud-Est Asiatique qui sont devenus un modèle de développement ont surtout concentré leurs efforts sur l’éducation et ont en conséquence bénéficié des retombées positives de ce choix occupant ainsi des rangs très avancés dans le classement des nations du point de vue du progrès social et technologique.

Quant aux langues nationales, mis à part l’extrémisme de certains et l’aveuglement de certains autres, celles-ci doivent trouver leur place dans notre système éducatif.

La concertation actuellement en cours au niveau du Ministère de l’éducation nationale à laquelle ont été conviés l’ensemble des acteurs politiques et sociaux devrait être l’occasion de déterminer à quel niveau du cursus scolaire, les langues nationales seraient introduites.

L’introduction attendue de l’enseignement des langues nationales constitue un facteur important dans le renforcement de la cohésion nationale. En attendant que la réforme, actuellement en discussion, livre ses premières promotions, il est nécessaire de faire face à l’impératif d’une administration qui comprend et se fait comprendre de ses administrés.

Les fonctionnaires de l’Etat qui servent dans les régions du sud du pays et qui ne parlent pas la langue des populations devraient entretemps faire l’apprentissage des langues nationales. La même obligation doit être également pour ceux des fonctionnaires qui ne maitrisent pas l’arabe ou le Hassaniya et qui sont amenés à servir dans le reste du pays.

Il faut dans ce cadre se féliciter de l’ouverture récente à l’école nationale d’Administration, de magistrature et de journalisme d’une section des langues nationales Pulaar, Soninké et Wolof. Il n’est effectivement pas admissible que ceux qui ont pour mission de représenter l’Etat (Walis, Hakems, Magistrats, Fonctionnaires de la sureté, responsables des services sociaux régionaux), continument de se faire assister d’interprètes comme le faisaient les administrateurs coloniaux. En même temps qu’elle tend à renforcer l’unité nationale, cette initiative permettra une plus grande efficacité de l’action des services de l’Etat dans les régions concernées.

J’en viens maintenant à la partie de votre question relative à la manière pour l’école républicaine qu’ambitionne le Gouvernement de prendre en charge la question des langues nationales. Pour répondre à cette question, il convient de rappeler de prime abord que le concept de l’école républicaine est un concept que nous empruntons à la France. Or l’école Républicaine Française n’a jamais eu pour vocation de prendre en charge la diversité des langues parlées en France.

Savez-vous que la France compte plus de dix langues, dites langues régionales ou minoritaires historiquement et géographiquement implantés sur le territoire Français (le basque, le Breton, le catalan, le corse, les dialectes allemands d’Alsace et de Moselle etc…), aucune de ces langues n’a fait l’objet d’une quelconque prise en compte dans l’enseignement Français. Au contraire, elles étaient interdites de locution au sein de l’école et qualifiées, parfois par mépris, de patois.

Ce n’est donc pas dans l’école Républicaine qui fut historiquement et demeure une école d’intégration voire d’assimilation que les langues nationales trouveraient leurs places. C’est plutôt dans les valeurs de la démocratie qui par principe préserve et promeut la diversité notamment culturelle qu’il faut trouver place aux langues nationales. Disons que notre école doit être à la fois républicaine et démocratique.

Il y a quelques mois, le parti Islah a tenu son congrès ordinaire et procédé aux renouvellements de ses instances. Quelle place occupe votre parti au sein de l’arène politique mauritanienne ?

-Le Parti El Islah a effectivement tenu son congrès le mois de Février dernier. L’objectif principal de ce congrès était de refonder le Parti sur des bases nouvelles qui tiennent compte à la fois des consensus politiques obtenus à l’occasion de l’intégration en son sein de groupes politiques importants et de plusieurs partis politiques et de l’apport en ressources humaines qu’ils ont apportés ainsi que l’arrivée massive au Parti de cadres d’origines et de compétences diverses.

Il fallait donc tenir compte de tout ça, du point de vue du projet politique et de l’organisation du Parti. C’est chose faite, le Parti El Islah repart d’un pied ferme avec un projet politique rénové et des structures qui ont fait place à plus de 600 cadres.

Dans ces conditions notre ambition à El Islah est d’être autre chose qu’un instrument de mobilisation.

Nous pensons que les partis politiques ont jusqu’à présent occulté l’une de leurs missions essentielles qui est celle de contribuer à l’émergence d’une conscience politique claire chez nos compatriotes de ce que la citoyenneté et ses attributs veulent dire, de ce que sont leurs droits politiques en premier lieu mais également leurs devoirs envers la nation ; de l’importance du rôle qu’ils devraient jouer dans l’orientation politique du pays ;de la nécessaire loyauté à l’Etat plus qu’aux autres appartenances (ethnique, tribales, régionales, etc…) ;et du respect de la chose publique etc…

Nous avons également en tant que Parti de la majorité présidentielle l’ambition de contribuer amplement à l’élargissement et au raffermissement de la base populaire de soutien au président de la République. Nous pensons que jusqu’à présent la majorité n’a pas fait tout ce qu’elle peut et devrait faire dans ce domaine, notamment, en matière de communication sur l’ambitieux programme du président de la République et sur les politiques mises en œuvre par le gouvernement en application de celui-ci.

Concernant notre place sur l’échiquier politique national, je vous dirai que le Parti El Islah est déjà un parti très actif dans le cadre de la majorité présidentielle et ambitionne d’être, à l’occasion des élections législatives prochaines, l’un des premières Partis de la représentation nationale.

Que pensez-vous des augmentations récurrentes des prix des denrées de première nécessité et des mesures prises par le gouvernement pour les juguler? Vous paraissent-elles efficaces ?

- Les augmentations récurrentes des prix des produits de première nécessité sont en tout état de cause insupportables pour l’écrasante majorité de la population mais de là à les imputer au gouvernement me semble être un jugement hâtif qui ne fait pas la part des choses.

Pour être juste, il faut tenir compte d’un premier constat : nous importons tout (Blé, huile, sucre, thé, lait, riz etc.).Or tous ces produits ont vu leurs prix augmenter vertigineusement sur le marché international, le blé par exemple a connu une augmentation de 40% au titre de l’année en cours. Il faut tenir compte également de la très grande hausse du prix du transport maritime aggravé et entretenue par la pandémie du COVID. La haussé a été de plus de 300% voire plus sur certains trajets. Le transport d’un conteneur de 40 pieds de Chine sur Nouakchott était avant la crise de 2.800 USD, il est passé à un peu moins de 15.000 USD.

Le gouvernement a très vite pris la mesuré de l’ampleur de l’effet négatif de la hausse des prix sur le pouvoir d’achat des ménages et mis en œuvre des mesures importantes. Certains mesure ont une portée générale notamment :Un arrêté définissant les prix des principaux produits de première nécessité ; la création d’une nouvelle entité chargé de l’importation pour le compte de l’Etat de ces produits qui seront vendus à des prix raisonnables. Cette entité va permettre de réguler le marché et freiner ainsi l’ardeur de certains acteurs du domaine avides, de réaliser le maximum de profit qu’ils peuvent obtenir sur le compte des consommateurs.

D’autres mesures ont concerné de façon spécifique les couches de la population les plus démunies. Il s’agit pour le gouvernement de redynamiser et d’élargir à la fois le réseau de boutiques Emel en leur fournissant les quantités suffisantes pour satisfaire la demande de leur clientèle. Ces boutiques comme vous le savez pratiquent des prix qui sont parfois 50% moins élevés que dans le commerce ou s’approvisionnent les autres consommateurs. Et celui de la société Mauritanienne de distribution du poisson qui offre à la population sur presque l’ensemble du territoire le poisson à des prix dérisoires.

Il y a lieu d’ajouter à cet effort le soutien en numéraire apporté plusieurs fois à 200 mille ménages ; la prise en charge par l’Etat des factures d’eau et d’électricité également des ménages dont le revenu ne dépasse pas un certain niveau ; l’assurance maladie offerte à plus de 100.000 familles, la hausse des pensions de retraites.

Certaines de ces mesures ont été prises dans le cadre de l’action contre les retombées négatives de la pandémie sur la population mais il n’en demeure pas moins qu’elles contribuent en même temps à faire face aux retombées négatives de la hausse des prix des produits de première nécessité.

En somme le gouvernement s’est acquitté largement de son devoir d’assistance aux populations dans une conjoncture internationale marquée par une hausse exponentielle des prix. Même les économies les plus solides n’ont pas échappé à ce phénomène de hausse des prix. C’est ainsi que l’inflation s’installe durablement aux Etats Unis et en Europe.

Propos recueillis par Daly Lam



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