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19-12-2021

20:55

Brutalités policières à Bababé : les victimes réclament la radiation des auteurs de tortures

Iodenews - Les victimes de la répression policière à Bababé le 28 novembre dernier ont demandé aux autorités mauritaniennes d’agir pour que la torture ne soit plus une règle dans les commissariats de police en radiant les auteurs de tortures sur des manifestants pacifiques à Bababé lors d’une conférence de presse organisée ce samedi 28 décembre à Dakar.

Le 28 novembre 2021, des jeunes avaient organisé une manifestation pacifique pour commémorer la pendaison des 28 soldats négro-mauritaniens en 1990. Les éléments du commissariat de Bababé avaient réprimé les manifestants. Cinq parmi eux ont été grièvement blessés et évacués à Dakar pour recevoir des soins.

« Nous voulons savoir pourquoi ils ont agi de la sorte, se demande Abdoulaye Falilou Ba. Nous ne pouvons pas pardonner ».

Les victimes ont subi plusieurs formes de tortures. Thomas Sankara a perdu 10 dents et a une fracture aux niveaux de ses pieds et Seydou Hamidou Diallo a eu une fracture bifocale. Les autres ont eu des fractures au niveau de leurs jambes, bras et œil.

« Nous ne demandons pas leur affectation, explique le porte-parole des victimes. Ils ne doivent pas continuer à travailler. Nous demandons leur radiation pour qu’ils deviennent chômeurs … afin qu’ils puissent regretter ce qu’ils ont commis ».

Les victimes attendent leur retour en Mauritanie pour introduire une plainte pour traduire en justice les auteurs déjà identités.

« Yooltu Houjjama » est un mouvement fondé en 2015 à Bababé par des jeunes de la ville. Il œuvre dans la lutte contre les disparités socio-économiques en Mauritanie.

Le mouvement « Yooltu Houjjama » a organisé une conférence de presse conjointe avec les ressortissants de Ngawlé à Dakar. Ils ont lancé un appel aux organisations nationales et internationales d’agir pour mettre fin à l’expropriation foncière dans les régions de la vallée du fleuve Sénégal.

Oumar Ba.

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DECLARATION DU MOUVEMENT « YOOLTU HUJJA MA »

À la suite des exactions policières de Bababé du 28/11/2021.

Il y a 31 ans, le 28 novembre 1990, 28 militaires afro-mauritaniens étaient exécutés sommairement par leur hiérarchie à Inal dans l’ouest du pays. Ce massacre est symptomatique des graves violations des Droits Humains commises durant ce qui sera appelé plus tard les « années de braises » ou le « Passif Humanitaire ».

Depuis ces années, le 28 novembre qui marque l’indépendance de la Mauritanie n’a pas la même signification pour tous les Mauritaniens. Cette page sombre de l’histoire du pays mérite d’être corrigée et ceci doit se faire pour permettre à tous les Mauritaniens de ressentir la même chose en ce jour d’indépendance. La justice pour les martyrs et leurs familles est nécessaire dans le processus du vivre ensemble !!

Ce sont toutes ces pesanteurs qui font qu’à chaque 28 novembre la ville de Bababé à l’instar des autres villes du pays considère ce jour comme un jour de DEUIL NATIONAL !

Le 28 novembre 2021, le Mouvement YOOLTU HUJJA MA (RECLAME TES DROITS) a organisé une marche pacifique pour réclamer justice, les membres et sympathisants du Mouvement qui ont répondu massivement au devoir de l’humanité ont subi des lynchages physiques orchestrés par le pouvoir et ses apprentis.

Tout a commencé au matin du 28 Novembre à 10 heures précisément des hommes et des femmes qui pensaient avoir le droit de manifester pacifiquement dans un Etat qui se proclame démocratique avec le slogan « 28 NOVEMBRE, ON NE FÊTE PAS » se sont retrouvés piégés par une Police armée jusqu’aux dents.

L’ordre de charger les manifestants fut donné par le Hakem Adjoint Mr IMEHLOU OULD SIDI ALY au Commissaire adjoint SIDI MOHAMED qui n’a pas hésité à exécuter en donnant à son tour des instructions aux agents de police avec des termes comme : « (BOUTTOU HOUM) » littéralement « FRAPPEZ LES ».

Comme une meute de loups affamée, les forces du désordre n’y sont pas allées de main morte, tellement l’acharnement sur les jeunes a atteint son paroxysme, il fallait leur faire la peau à ces petits kowris et le bilan est lourd : 7 blessés dont 5 graves avec des fractures aux jambes, aux bras et aux crânes.

AMADOU DIALLO dit Thomas Sankara (fracture à la jambe et dix (10) dents cassées par la matraque de l’agent de police KHATTRY).

SAIDOU DIALLO dit ILA (Traumatisme crânien)

NOUROU HAMATH BA (Fracture du bras)

OUMAR SALL (Blessure au genou)

ABDOULAYE FALILOU BA dit BAF (Fracture de la jambe gauche)

Certains blessés ont été relâchés et d’autres conduits au commissariat à coups de matraques.

Evacués en premier lieu au CM de Bababé, les blessés ont été transférés à l’hôpital de Boghé. Vu le manque criant de matériel pour faire face à ces traumatismes.

Nous avons finalement été évacués à Dakar pour une prise en charge intégrale par des personnes de bonne volonté.

À la suite de ces événements douloureux, nous réclamons justice et rien que la justice suite aux actes inhumains et barbares dont nous avons été victimes. A cet instant précis, nous nous retrouvons cloitrés sur nos lits à l’hôpital alors que les criminels qui ont causé la mort de milliers de personnes sont libres de leurs mouvements à travers le monde.

Les auteurs de ces crimes doivent être identifiés et traduits en justice, c’est ce que nous réclamons.

Fait à Dakar le 19/12/2021.

Les victimes :

- AMADOU DIALLO alias Thomas Sankara

- SAIDOU DIALLO alias ILA

- NOUROU HAMATH BA

- OUMAR SALL

- ABDOULAYE FALILOU BA alias BAF.

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