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Mauritanie : le groupe de rap Diam Min Tekky interdit de concert pour la sortie de son album "30 ANS"
Cridem Culture -
Le groupe Diam Min Tekky s’est vu interdire de concert pour la sortie de son album « 30 ans » prévue ce samedi 5 mars, à l’Arena de Sebkha, dans la banlieue de la capitale mauritanienne, a annoncé vendredi un proche du groupe de rap mauritanien.
« L’Etat mauritanien a décidé de retirer l’autorisation qui a été accordée par le hakem (préfet) de Cinquième au groupe Diam Min Tekky pour la sortie de leur album, le samedi 5 mars. […] », a indiqué dans une courte vidéo diffusée sur Facebook, Khally Diallo, porte-parole du collectif de rap, rentré mercredi soir en Mauritanie, après 10 ans d’exil en Belgique.
Dans son dernier album « 30 ANS », Diam Min Tekky rend hommage aux 28 militaires négro-mauritaniens tués à Inal, dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990. Un évènement douloureux raconté dans le livre L'enfer d'Inal, par l'un des rescapés, Mahamadou Sy.
En novembre 1990, 250 prisonniers ont été conduits à Inal, mais seuls 96 auront la chance d'en repartir, selon des chiffres fournis par des organisations de défense des droits de l’Homme proches des victimes. Au total, des centaines de militaires mauritaniens noirs seront tués entre 1989 et 1991 dans le pays. Les tortionnaires sont eux protégés par la loi d'amnistie adoptée deux ans plus tard, en 1993 par l'Assemblée Nationale.
« L’état mauritanien nous interdit de faire un concert où on parle des évènements de 89 », a déploré Khally Diallo.
« Diam Min Tekky n’est pas un parti politique. C’est un groupe de rap. Nous ne sommes pas des bandits. Nous ne prônons pas la violence. Nous prônons la justice, l’égalité, un pays dans lequel où tout le monde a sa place. Nous avons aujourd’hui la preuve que l’ouverture démocratique tant criée par le pouvoir actuel n’existe pas », a-t-il encore rappelé.
En Mauritanie, le massacre d’Inal reste un sujet tabou. En 2015, une conférence sur la question organisée par le parti AJD-MR (Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la Rénovation) a été interdite par les autorités.
Par Babacar BAYE NDIAYE
Journaliste à Cridem
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