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10-05-2022

14:26

Affaire dite de la décennie : Ould Abdel Aziz reste en prison

L'Authentique - L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz ne bénéficiera pas de liberté ! Telle est en substance la réponse qui lui a été adressée après une demande de levée de contrôle judiciaire présentée la semaine dernière par son pôle d’avocats.

Le pôle chargé de l’enquête dans l’affaire dite de la décennie, a décidé de rejeter la requête présentée par le collectif de défense de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz et visant à lever le contrôle judiciaire dont fait l’objet celui-ci.

Pour la Justice, rien ne justifie encore la levée du contrôle judiciaire sur l’ancien président de la République ; surtout parce qu’en la circonstance, aucune justification et aucun fait nouveau n’est intervenu entre temps qui a changé le cours de la procédure judiciaire relative aux mesures de contrôle judiciaire auxquelles Ould Abdel Aziz a été soumis.

N’ayant fourni le moindre document et le moindre justificatif, à propos, le collectif de défense d’Ould Abdel Aziz n’a appuyé sa requête que par la formulation d’une simple demande.

C’est ainsi, la troisième fois que l’ex-président voit sa demande de relaxe rejetée. La dernière fois, c’était quelques semaines avant le mois béni du Ramadan quand ses avocats avaient mis à profit son état de santé.

Ould Abdel Aziz venait alors de voir sa santé détériorée, quelques semaines après qu’il eut subi des soins à l’hôpital de cardiologie de Nouakchott. A l’époque, ses avocats avaient tenté de lui obtenir une autorisation de sortie du territoire national, pour « des soins d’urgence » avaient-ils avancé.

En vain ! En réponse à cette requête, la Justice avait soutenu que l’ex Chef de l’Etat doit rester dans la capitale, Nouakchott, afin de comparaître à tout moment exigé par le parquet général.

Depuis, l’homme est isolé dans sa résidence sise au marché des femmes de Nouakchott. Un domicile placé sous la surveillance d’agents de la Police et dont les visites sont réduites au cercle restreint de la famille présidentielle.

Il faut dire que tout indique que l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz est à présent le principal suspect, voire la seule personne qui serait visée dans cette affaire. En mars dernier, le Parquet avait publié un communiqué annonçant la fin du placement sous contrôle judiciaire de 22 personnes impliquées dans le dossier dit de la Décennie.

Depuis, l’enquête est orientée vers les biens supposés de cet homme, qui lors de ses sorties publiques avait révélé qu’il était immensément riche. Ainsi, en plus de commissions rogatoires envoyées en Europe et en Asie pour la cause judiciaire, la Police des crimes économiques et financiers s’attèlerait toujours à retrouver des « avoirs cachés » de l’homme.

Il y a quelques semaines, cette Police serait parvenue à retrouver un montant de près d’un milliard d’ouguiyas qui appartiendrait à l’ex-président et qui serait confié à un de ses proches.

Les saisies des biens continuent de plus belle. En plus des domaines, des sociétés et d’industries, principalement dans les régions de Nouadhibou et Rosso, sont concernés de nombreux biens fonciers à Nouakchott (marchés, centres commerciaux…).

Le compte Trésor ouvert à l’effet de réceptionner des montants de l’homme auprès de certains de ses concitoyens, aurait dépassé la centaine de milliards d’ouguiyas. On se rappelle encore qu’à l’entame de cette affaire, le Parquet avait annoncé avoir identifié, gelé ou saisi, rien qu’en Mauritanie, des biens immobiliers, sociétés, parcs de véhicules et des sommes d’argent pour un montant évalué à quatre-vingt-seize millions d’euros, dont soixante-sept revenant à l’un des suspects et vingt-et-un millions à son gendre.

Dans la foulée, ses comptes bancaires avaient été gelés. A l’époque, avec les seules saisies opérées sur des personnalités inculpées, le Procureur avait dit avoir récupéré plus de quarante-et-un milliards d’anciennes ouguiyas (près de quatre-vingt-quinze millions d’euros) dont vingt-neuf auprès d’Ould Abdel Aziz et son gendre.

Quoi qu’il en soit, beaucoup de mauritaniens restent encore « sceptiques » face aux lenteurs du dossier. Nombreux ceux qui continuent de se demander si la justice va être dite un jour et si le placement de l’ex-Président en détention préventive chez lui n’augurait pas de sa libération définitive.

MOM



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