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10-10-2022

11:56

Fraude sur l’âge : un virus plus néfaste que le Corona !

Mauriweb - Les rideaux se sont refermés sur le tournoi U-17 de l’UFOA-A à Nouakchott avec le sacre de l’équipe du Mali aux dépends de celle du Sénégal, mais traînant à ses chevilles son lot de suspicions sur les âges avec l’invalidation de l’équipe du Libéria et son exclusion de la compétition.

On ne le dira jamais assez, en Afrique la fraude sur l’âge prend des proportions inquiétantes chaque fois qu’une compétition de petite catégorie est organisée. L’avenir de beaucoup de jeunes footballeurs qui voient leurs compétitions ‘’squattées’’ par d’autres footballeurs qui ne sont pas éligibles, à la catégorie se fissure et ils se retrouvent ainsi pénalisé du fait de cette pratique scandaleuse.

Aujourd’hui, pas une compétition de jeunes en Afrique ne se passe s’en que l’on ne crie à la tricherie.

Ceci remet du coup en cause et met à l’eau le labeur de certaines fédérations qui veulent travailler dans la durée et dans la pérennité. Tandis que pour d’autres, c’est la course effrénée en vue d’obtenir un trophée ou d’un statut par tous les moyens, même par des méthodes illégales.

Ces fédérations auront beau bosser, mais ne réussiront guère à anéantir l’appétit de certains responsables qui semblent faire de cette triche, un sacerdoce. Conséquence, beaucoup de joueurs repérés dans ces tournois comme étant des "pépites" et enrôlés par les clubs Européens, disparaissent au bout de 3 ou 4 ans plus tard. Motif, la carrière est arrivée à son apogée, car la manipulation de l’âge est passée par là. Les exemples sont légion dans le continent!

Une pratique qui semble se généraliser en Afrique, le grenier du football. Les dirigeants doivent apprendre à gagner sur le rectangle vert par le travail et l’instauration d’une vision claire pour le futur des jeunes footballeurs et le bien-être du football qu’ils sont sensés protéger et/ou promouvoir.

Une mesure fondamentale de la CAF

Même si on ne peut pas faire porter à la CAF cette "carapace", elle endosse tout de même une part de responsabilité, tant bien que des efforts sont annoncés pour endiguer le phénomène, le mal demeure toujours. En effet, le comité exécutif de la CAF avait approuvé une mesure radicale pour lutter contre la fraude sur l’âge à l’occasion de la phase finale de la CAN des moins de 17 ans, qui aura lieu en Algérie (8 au 30 avril 2023), mais c’est sans compter sur la pugnacité de certains dirigeants qui ne l’entendent pas de cet oreille et n’ont pas dit leur dernier mot.

Une décision faisant suite au championnat scolaire U-16 qui s’est tenu en RDC en février dernier, qui malheureusement a été entaché de forts soupçons de fraudes sur l’âge. Le pays hôte vainqueur en finale face au Sénégal (3-1) avait notamment été pointé du doigt par les autres délégations et par plusieurs observateurs.

Une étincelle qui a mit le "feu" et fin à la conférence de presse d’après-match Lors de la CAN U-20 en Mauritanie, le match d’ouverture entre la Mauritanie et le Cameroun sentait le roussi et l’atmosphère était suspicieuse, tant la conférence de presse d’après-match s’est achevée en queue de poisson, suite à une question d’un journaliste Mauritanien qui fâche et qui avait soulevé le courroux de l’entraineur de l’équipe Camerounaise qui s’est estimé ‘’offensé’’ par la question du journaliste qui "accusait" certains joueurs Camerounais d’avoir dépassé l’âge requis.

Un duel controversé entre Sierra- Léonnais et Mauritaniens!

On se rappelle récemment encore du tollé occasionné par le retrait de l’équipe des U-15 de la Mauritanie qui prenait part au tournoi de l’Union des Fédérations Ouest-Africaines de Football de la zone A (UFOA U-15) au Libéria, après le duel controversé qui a vu les petits « Mourabitounes » lourdement surclassés par la formation Sierra-Léonaise U-15 sur le score de 6-0. Visiblement, les joueurs Mauritaniens ressemblant à des gamins face à des adultes endurcis.

Eliminatoires de la Coupe Cecafa : Djibouti et Soudan épinglés

Aujourd’hui encore, c’est une histoire de fraude sur l’âge qui plombe les ailes des éliminatoires de la Coupe Cecafa U-17, le Djibouti et le Soudan étant exclus de la compétition, pour fraude concernant l’âge réel de certains footballeurs.

Après l’utilisation de l’IRM, les tests ont montré que les deux équipes (Djibouti et Somalie) ont fraudé concernant l’âge réel de certains footballeurs qui ont plus de 17 ans et les deux équipes ont été suspendues du tournoi. Une décision basée sur le règlement de la Coupe d’Afrique des Nations U-17 de la Confédération africaine de football (CAF), qui stipule en son article 27.4 : « Si après avoir effectué le test d'éligibilité d'âge (IRM) pour une équipe participante et qu'un joueur a été jugé non éligible, l'équipe participante sera disqualifiée», précise le Communiqué.

L’équipe du Libéria évincée !

Même son de cloche en Mauritanie, dans le cadre des éliminatoires du tournoi U-17 de l’UFOA- A (1èr au 10 octobre 2022), la CAF a encore décidé d’exclure la sélection du Libéria du tournoi, en raison de l’inéligibilité de certains de ses joueurs qui ont échoué à l’obligatoire test de l’âge par le biais de l’IRM et par conséquent l’équipe est exclue du tournoi, annonce un tout autre communiqué.

Des cas, en reproduction !

Tous ces "nouveaux cas" précédés par des suspicions et de nombreuses accusations qui avaient plané sur l’âge de certains joueurs lors de l’édition 2019 en Tanzanie (remporté par le Cameroun face à la Guinée) et le constat amer de ce malheureux épisode qui avait vu la disqualification de cette dernière et son retrait de la liste du carré des équipes africaines devant participer à la Coupe du Monde, à cette époque, n’ont pas tempéré l’ardeur des fraudeurs.

Non sans rappeler que lors du tournoi de qualification de la zone UFOA B, le Bénin avait en effet été disqualifié, une dizaine de joueurs des 18 Béninois cadets ayant été recalés aux tests IRM. Que dire de certaines compétitions où les tests IRM ne sont pas exigés, à cause de la cherté des analyses, c’est du rififi à ciel, ouvert ?! Les tests ont-ils, une fiabilité ?

C’est la question qui mérite d’être posée, en mettant en épigraphe que ces épreuves IRM n'ont pas mis fin aux soupçons de fraudes sur l'âge. Aussi strictement effectuées soient-elles, certains estiment que leur fiabilité n’est pas authentique, d’autant plus que les analyses ne peuvent prendre en compte les cas divergents, c’est-à-dire les personnes ayant eu une maturation osseuse précoce, ou au contraire tardive. Au vu de ce schéma descriptif, peut-on dire alors que certains joueurs arrivent tout de même à passer entre les mailles des filets de ces analyses ?

Néanmoins, certains prétendus fraudeurs, clament que c’est un problème d’interprétation et de lecture des résultats, tout en prétendant que les tests sont effectués par une machine et les résultats ne sont pas forcément fiables à 100% et qu’ils sont ainsi approximatifs. La polémique relative aux fraudes sur l'âge à de beaux jours devant elle, encore ! Dans tous les cas, les joueurs suspects, tout comme les parrains de ces pratiques néfastes (fraude sur l’âge ou manipulation de l’identité) décrédibilisent et nuisent au football africain.

A qui la faute et quelles solutions adopter ?

Une part de responsabilité revient bien évidemment aux fédérations indexées dont certains responsables cherchent à s’attribuer des trophées par tous les moyens quitte à user de cette pratique frauduleuse et néfaste, en acceptant d’enrôler des joueurs inéligibles, mais vraisemblablement ne connaissent pas non plus, le cursus scolaire ou encore sportif de leurs protégés qui doivent normalement avoir un parcours, sans équivoques.

Ainsi, à défaut de l’établissement d’un passeport sportif pour les joueurs des petites catégories (ceci relève des compétences étatiques, évidemment), on sait bien que les instances fédérales ne détiennent pas l’usage de l’Etat Civil et font ainsi confiance aux administrations qui émettent ces dossiers, mais il faudra une bonne organisation, un travail en amont et en parfaite harmonie avec les Académies, les écoles ou centres de football et un regard pointu sur les compétitions de jeunes dans les différents pays, dont beaucoup n’organisent pas de championnat U-17, à partir duquel on est sensé faire une présélection nationale. Comme dit le dicton : "Tout le monde est coupable, mais personne n’est responsable".

Sans chercher à accabler ou accuser personne, nous (fédérations, responsables de clubs, académies, parents et administrations) devons sauver l’avenir de nos jeunes, en cessant de cautionner ces tricheries.

Pour ce faire la Confédération Africaine de Football doit accentuer le contrôle pour dissuader ceux qui s’adonnent à cette duperie et durcir les sanctions contre les contrevenants (suspension pendant quelques années des compétitions d’une équipe fraudeuse). Comme du reste l’approbation de la mesure radicale pour lutter contre la fraude sur l’âge lors des prochaines CAN et l’annonce de l’exigence désormais des tests IRM.

Il convient de noter que l’imagerie à Résonance Magnétique consiste à connaître plus ou moins l’âge d’une personne à travers un test d’ossement, il revient dès lors à la CAF de vérifier par la suite si l’âge biologique de chaque joueur est conforme avec l’âge administratif. Néanmoins, il est difficile d’affirmer si ces tests seront fiables à 100%, quoiqu’ils permettent certainement de lutter contre ce fléau qui ne cesse de miner le football africain, mais n’a malheureusement pas la latitude de savoir, si l’âge avancé est bien réel.

Enfin et en dépit de nombreuses interpellations d’experts et de personnalités sportives sur le phénomène, poursuit son bout de chemin.

Hachim

Mauriweb.info





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