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24-11-2022

10:33

Rentrée politique : Que se passe-t-il à l’INSAF?

Le Calame - Que se passe-t-il au sein du principal parti de la majorité présidentielle ? Légitime question… Après l’annonce du report du meeting sonnant la rentrée politique de cette formation, on a en effet assisté à un rétropédalage.

Le meeting s’est bel et bien tenu au Palais des congrès à la date prévue. Remue-ménage interne ou intervention du Palais ? L’INSAF serait-il tourmenté par la volonté du président de la République de le réformer, pour ne pas dire refondre, avec la désignation à sa tête d’un homme réputé proche et de confiance ?

La décision de tenir coûte que coûte le meeting du samedi 19 Novembre 2022 est intervenue quelques jours après un sérieux clash entre le parti et le désormais ex-ambassadeur de Mauritanie à l’UNESCO, Cheikhna ould Nenni, beau-frère du président de la République.

Cheikhna était limogé dans la foulée et les raisons n’en sont toujours pas officialisées. À en croire les ragots des salons nouakchottois, des médias et autres réseaux sociaux, Ould Nenni avait entrepris de mettre en place, comme tant d’autres, une initiative politique pour « apporter son soutien au président de la République ».

C’est, semble-t-il, au niveau de la représentation du parti au meeting prévu par l’ex-ambassadeur que les divergences d’appréciations sont apparues. Le 9 Novembre, une réunion rassemblait à la Primature le directeur de cabinet du président de la République, le ministre secrétaire général de la Présidence, le ministre de l’Intérieur et le président de l’INSAF.

Dans un communiqué publié à cette occasion, un appel était lancé aux auteurs d’initiatives de se placer sous le paravent du parti, en donnant la primauté à ses représentants. Tous les regards se sont alors tournés vers Cheikhna ould Nenni et, dans une moindre mesure, la Coordination nationale des amis de Ghazwani, présidée par Diallo Amadou Goral, attaché à la Primature.

La qualité des participants à ladite réunion laisse penser que le différend entre l’ex-ambassadeur et le parti était pris au sérieux. L’ambassadeur dispose, dit-on, d’une grande capacité de mobilisation qu’il ne fallait pas sacrifier à la veille d’importantes élections, véritable test pour la prochaine présidentielle.

La rencontre révélait également la faiblesse du parti, incapable d’éteindre seul le feu. Mauvaise image à la veille de lancer ses missions de sensibilisation et de préparation aux prochains scrutins… Si le choix des coordinateurs a fait grincer les dents, cette incapacité à régler en interne les différends en rajoute encore. Comme tout le monde l’imagine, les missionnaires auront à faire régner la discipline au sein du parti, particulièrement quand il s’agira de désigner les candidats aux prochaines élections. Dans un tel marasme ?

Voilà peut-être pourquoi le président de la République a-t-il réuni les partis de sa majorité afin de les exhorter à unir leurs forces. Une Première dans les rapports entre le gouvernement et le parti du pouvoir. Jusque-là, le principal parti de la majorité jouait seul sa partition et gérait à sa manière ses relations avec les autres qu’il traitait en « vassaux ».

Il aura fallu l’approche des élections, la mollesse du gouvernement et les querelles minant le parti pour que le président de la République demande aux uns et aux autres d’arrêter de se livrer à des querelles de clocher et de multiplier les initiatives qui tirent chacune de son côté pour entrer dans les grâces du prince… au détriment de l’unité. L’INSAF risque-t-il de perdre son hégémonie au sein de la majorité ?

En tous les cas, certains partis de celle-ci paraissent ne plus accepter de se laisser tirer par le bout du nez par celui-là. Ils travaillent à plus de proximité avec le Président qui a besoin de leurs votes. Et tandis que les guéguerres de positionnements deviennent perceptibles au sein de la galaxie présidentielle, les rumeurs de coalitions au sein de l’opposition préoccuperaient jusqu’au Palais…

L’opposition : s’unir ou périr ?

Pendant que la marmite du principal parti de la majorité présidentielle bouillonne, l’opposition mauritanienne se mure dans un silence préoccupant. Depuis que plusieurs de ses membres ont signé l’accord du 26 Septembre avec le ministère de l’Intérieur mais surtout après la désignation du directoire de la CENI, les principaux leaders ont déserté plateaux et journaux. Seul l’APP du président Messaoud Boulkheïr a organisé une sortie à El Mina.

Silence radio pour tous les autres. Regrettent-ils déjà l’accord ou la mise en place de la CENI dont l’accouchement a révélé une sérieuse fracture au sein de l’opposition ? Certains prônaient une CENI constituée de personnalités indépendantes tandis que d’autres plaidaient pour une CENI représentante des partis politiques. C’est cette dernière aile qui a obtenu gain de cause.

Que se passe-t-il donc au sein de cette opposition divisée ? Que reste-t-il de la coordination des partis politiques représentés à l’Assemblée nationale, elle qui avait réussi, il faut le rappeler, à pousser le pouvoir dans un processus de dialogue, hélas avorté quelques jours avant son lancement ?

Si l’un de ses membres – l’AJD/MR – avait boudé les concertations avec le ministère de l’Intérieur, tous doivent être conscients que le silence ou l’absence d’activités, à quelques mois des décisives élections locales de 2023, n’augure rien de bon de ce test grandeur nature pour la présidentielle de 2024. La proportionnelle, dit un des leaders de l’opposition, constitue un atout mais il faut savoir dépasser les querelles d’egos et, partant, s’unir dans des coalitions fortes afin de s’imposer.

S’inspirer de la leçon donnée par l’opposition sénégalaise il y a quelques mois. Il faut exploiter toutes les failles du parti au pouvoir pour grappiller le maximum de sièges. 

À en croire diverses rumeurs, des manœuvres seraient de fait en cours pour monter à cette fin divers regroupements et coalitions. Les partis politiques de l’opposition non encore reconnus n’entendent pas non plus rester en marge. Si l’idée de les associer aux concertations avec le ministère de l’Intérieur n’a pas abouti, c’est évidemment faute de volonté politique de la part du pouvoir mais aussi de solidarité des autres partis politiques. Manqueront-ils de leur tendre les mains à la veille des élections ?

C’est fort peu probable, alors que se multiplient déjà les rencontres de sensibilisation dans les quartiers et villages de l’intérieur du pays. La fièvre électorale commence à gagner les Mauritaniens. L’INSAF a inauguré ses activités avec son meeting au Palais des congrès le 19 Novembre. Moins de bruits chez ses adversaires… Mais cela ne signifie en rien qu’ils soient résignés.

Dalay Lam





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