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07-01-2023

15:24

Entretien avec Kane Oumar Mamadou, Directeur de la distribution à la SNDE

Initiatives News - Dans l’interview qu’il a accordé au mensuel Spécial HORIZONS l’ingénieur Kane Oumar Mamadou, Directeur de la distribution à la SNDE fait le point sur les réalisations accomplies au cours des trois dernières années et revient sur les modalités d’abonnement qui font souvent couler beaucoup d’eau sous les ponts.

 « Aujourd’hui les branchements sont presque gratuits. La société prend en charge le matériel et les frais liés à la main d’œuvre. Le client paie seulement 1000 MRU au lieu de 7000 MRU. Il s’agit là d’une somme symbolique que le client règle lors du paiement de sa première facture. » a-t-il déclaré. Interview.

-Pouvez-vous nous faire une petite présentation de la direction de la distribution ?

La direction de la distribution est responsable de la gestion des stations de pompage et des réseaux de distribution au niveau national. Ce réseau est long de 4500 km. Pour la seule ville de Nouakchott ce réseau couvre 3000 km dont 2500 pour le nouveau réseau et 500 pour l’ancien.

Les 2500 km du nouveau réseau ont été installés dans le cadre du projet de réhabilitation et de renforcement du réseau de distribution de la ville.

Ce projet est un complément du méga projet de l’Aftout Essahili qui a été inauguré en 2010.

Le nouveau réseau de la ville de Nouakchott obéit aux standards internationaux avec des conduites en Polyéthylène (PHD) adaptés à la nature agressive du sol (salinité, humidité…).

Il s’agit d’un réseau intelligent équipé d’outils d’enregistrement et de transmission des données à distance et en temps réel. Ainsi grâce à sa configuration il est facile à gérer. Ce nouveau réseau est divisé en plusieurs secteurs hydrauliques. Chaque secteur est doté de compteurs intelligents qui enregistrent et transmettent les données. Ces secteurs hydrauliques sont conformes à la sectorisation commerciale. Cela permet de faire une évaluation technique et commerciale exacte ainsi que la productivité de chaque centre.

On peut également suivre en temps réel le volume d’eau disponible au niveau de chaque secteur et cela tous les quarts d’heure.

-Et qu’en est-il du taux de couverture et des branchements à Nouakchott notamment ?

Le taux de couverture du réseau de Nouakchott est estimé à 85%. Quant au taux des raccordements, 300.000 familles sont raccordées au réseau national dont 185000 à Nouakchott, 25000 à Nouadhibou et le reste pour les autres villes de l’intérieur.

-Quelles sont les principales missions de la direction de la distribution ?

La première responsabilité c’est d’assurer la continuité du service en distribuant le volume disponible de façon équilibrée et équitable à travers la mise en place de plans de régulation ; car dans la majorité de nos villes il y a un déficit de production.

Les autres missions assignées à la direction sont les suivantes :

-Entretien du réseau national long de plus de 4500 km de conduites ; la réparation des fuites dont le nombre est estimé à 700/mois. Donc on fait près de 700 interventions mensuelles. Pour ce faire, 16 équipes sont mobilisées dont 09 à Nouakchott, 02 à Nouadhibou et le reste dans les autres capitales régionales.

Il y a 2 autres activités. D’abord satisfaire les demandes de branchements faîtes par les nouveaux clients. Chaque mois on fait environ 250 nouveaux branchements dont 200 à Nouakchott.

Aujourd’hui les branchements sont presque gratuits. La société prend en charge le matériel et les frais liés à la main d’œuvre. Le client paie seulement 1000 MRU au lieu de 7000 MRU. Il s’agit là d’une somme symbolique que le client règle lors du paiement de sa première facture.

-Nous avons aussi la responsabilité de procéder aux extensions des réseaux au niveau des zones non couvertes. En 2022 nous avons réalisé 55 km et 50 km sont en cours de réalisation au niveau national.

-Autre mission, nous sommes responsables de la vérification de la fiabilité des compteurs. On peut intervenir en cas de litige. Nous avons pour cela un laboratoire, un banc d’essai qui permet de procéder aux analyses nécessaires.

-Nous sommes aussi responsables de la sauvegarde du patrimoine de la société. Pour assurer cette préservation nous dressons une cartographie en utilisant les nouvelles technologies avec des logiciels comme ARC-GIS et AUTOCAD.

-Nous sommes chargés aussi des études pour la réalisation des renforcements et des extensions des réseaux dans les différentes villes du pays.

-Nous sommes responsables de l’entretien des réservoirs et des stations de pompage au niveau du réseau national.

-Pourquoi les fuites d’eau continuent malgré la qualité supposée des nouvelles conduites ?

Aujourd’hui, il n’ a presque plus de fuites. 95% des fuites proviennent des raccordements des branchements des particuliers. 5% seulement concernent le réseau. Ces 95% de fuites sont observées dans des zones où il n’y a pas encore le nouveau réseau. Il est prévu de supplanter les conduites de l’ancien réseau dans le cadre de la 2ème phase du projet d’approvisionnement en eau de Nouakchott.

Concernant les branchements au niveau du nouveau réseau où on observe des fuites, cela s’explique par le fait que ces branchements ne sont pas profonds (40 cm seulement) et par le fait qu’il n’y a pas de trottoirs pour les protéger. Il s’agit d’un problème urbanistique.

-Quelles sont vos principales réalisations au cours des 3 dernières années ?

A Nouakchott la production a augmenté de 29000 m3 à travers le champ d’Idini.

De 2019 à nos jours il y a eu plus de 50000 clients supplémentaires.

Au cours des 3 dernières années il y a eu la pose de 1000 km de réseau dont 850 dans le cadre du projet d’approvisionnement en eau de Nouakchott.

Au cours des 3 dernières années, nous avons démarré 2 nouvelles pompes au niveau du site du château d’eau central. Démarrage également d’une nouvelle pompe à la station de pompage de Toujounine.

Au cours des 3 ans il y a eu des interventions dans plusieurs villes de l’intérieur afin de renforcer et organiser les réseaux de distribution. Les villes suivantes étaient concernées : Guérou, Kiffa, Kankossa, Tintane, Tamchekett, Kaédi, Boghé, Sélibaby, Rosso, Akjoujt, Tidjikja…

Pour la ville d’Atar il a eu un projet de renforcement de l’approvisionnement de la ville à partir du champ de Téyaret Sdar.

Ce projet comprend le raccordement de 5 nouveaux puits, la construction d’un réservoir, 2 centrales de pompage et 28 km de canaux de refoulement et de distribution ainsi que la réhabilitation du château d’eau de Ghseysila.

Actuellement les travaux se poursuivent dans cette ville pour la réhabilitation de l’ancien réseau avec le changement des conduites en amiante-ciment jugées à risque pour la santé. Il y a la pose de 10km de conduites en polyéthylène. Ce projet sera réceptionné en octobre 2023.

A Nouadhibou on note la réalisation et le raccordement de 4 forages au niveau du champ captant de Boulenouar ; il a aussi la réhabilitation de la station de dessalement avec une capacité de 3000m3/j ;la réalisation d’une nouvelle station de pompage et la pose de 2,5 km de conduites pour alimenter les zones situées en hauteur (Dubai, etc).

Ce projet a permis de faire passer la production à Nouadhibou de 15000 à 19000 m3/j.

On note aussi la mise en service des installations du projet Dhar qui a permis l’alimentation en eau potable des villes d’Aioun, Ouweynat Zbel, Timbedra, Djiguéni, Amourj, Adel Bagrou, ainsi que plusieurs autres localités dont Achemime, Bongou, Hassi Tila, Béri Bava…

-Quelle est le volume actuel destiné à l’approvisionnement en eau de la ville de Nouakchott ? Est-il suffisant pour couvrir les besoins ?

A Nouakchott on avait avant 140000 m3 dont 115000 venant de l’Aftout Essahili et 25000 d’Idini. Tout dernièrement cette production a connu une amélioration avec l’ajout d’un volume supplémentaire de 20000 m3 provenant d’Idini et ramenant la production à 160000 m3/j.

Cela est insuffisant pour la ville de Nouakchott mais il a d’autres projets en cours pour combler ce déficit.

2 projets sont en cours. Le premier concerne l’entretien des installations d’Aftout Essahili et va permettre de passer à une production de 115000 m3/j à 150000 m3/J. Le 2ème projet prévu aussi pour 2023 est celui de la sécurisation de l’approvisionnement de la ville de Nouakchott avec la réhabilitation complète des installations du champ captant d’Idini et l’installation de nouvelles conduites dont la conduite principale de 1200 mm, qui aura une capacité de production de 100000 m3/J.

Cela fera passer la production totale à 250000 m3/j et permettra de régler les besoins de la ville jusqu’à l’horizon 2030.

D’autres projets stratégiques sont aussi en cours d’étude au niveau de la SNDE dont le projet d’extension des installations de l’Aftout Essahili qui permettra d’avoir 275000 m3/j.

Le 2ème projet stratégique est celui de l’exécution de la station de dessalement des eaux de mer à Nouakchott, avec une capacité totale de 200000 m3/j. Ce projet sera divisé en 3 modules, deux modules de 50000 m3/j et un module de 100000 m3/j.

Propos recueillis Par Bakari Gueye 

Source:Spécial HORIZONS/ N°030/Janvier 2023



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