Le Calame - L’affaire de l’étudiant Habib Ethmane, admis au baccalauréat série Sciences naturelles avec une moyenne générale de 16,75/20 lors de la première session du baccalauréat 2022, continue de cristalliser l’attention de l’opinion.
Autorisé à poursuivre ses études à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, avec une moyenne d’orientation de 17/20 et un classement de huitième, Habib Ethmane s’est vu refuser son droit à une bourse pour étudier la médecine générale.
Le ministère de l’Enseignement Supérieur avait prétexté l’âge pour recaler Habib, alors que le jeune a fêté ses 19 ans le 1erJanvier dernier et que le seuil fixé varie entre 18 et 20 ans pour entreprendre un tel cursus au Sénégal.
Plusieurs personnalités de la Société civile ont manifesté leur soutien au jeune étudiant.
Interrogé sur ce cas, mercredi dernier, lors de la traditionnelle conférence de presse d’après conseil des ministres, du mercredi dernier, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) a avancé que le système d’orientation est automatisé depuis 2013, de sorte que nul ne puisse intervenir.
« Il prend en compte toute l’année civile dans le calcul de l’âge de l’étudiant et cela même s’il est né le dernier jour de l’année », a rappelé le ministre, ajoutant qu’un nouveau texte réglementaire a été introduit en 2017, énonçant que le calcul de l’âge prend aussi en compte l’année académique pour laquelle la bourse est octroyée. Selon lui, « l’étudiant en question n’a donc pas été victime d’une injustice. »
Le ministre a par ailleurs déclaré que « le système oriente entre six et neuf mille étudiants sans accrocs. »Interpellé sur la position du ministère par rapport à une éventuelle décision de justice, « s’il y en a une », a-t-il affirmé, « elle sera respectée et appliquée. »
Rétorquant à cette sortie, le comité de défense de l’étudiant Habib a indiqué que « Mohamed Lemine Aboye a tout simplement répété les arguments déjà avancés par la commission des bourses visant à violer le droit de notre client, en y ajoutant que son département respecte le pouvoir judiciaire et exécute ses décisions.
[…] La déclaration du ministre contredit la réalité et la loi […] elle n'est qu'une tentative désespérée de justifier la violation des droits de notre client car ce même système programmé électroniquement, conformément aux exigences de l’arrêté 424 du 18/04/2017, a bien donné un résultat en faveur de notre client qui n’a été exclu que par l'intervention d'un travail humain et volontaire.Ceci est attesté par le document d'orientation ci-joint, émis par la Direction d’orientation et confirmant l’orientation de Habib pour étudier la médecine au Sénégal. »
Quant à l'exécution des décisions judiciaires et au respect par le personnel du Ministère de celles-ci, le discours du ministre « contredit à nouveau la réalité de la situation », signale le comité, « comme en témoigne le fait que le ministère a violé et s'est abstenu d'exécuter l’ordonnance de référé n° 61/22 émise par la chambre administrative de la Cour suprême, suspendant l'exécution du procès-verbal de la commission des bourses invoquée par le ministre.
[…] Dire en outre que, comptabilisée en totalité, l'année de naissance est indivisible,tout comme l'année d'octroi de la bourse, est une fraude manifeste car tous ces mots sont étrangers et n'ont aucun lien avec l’arrêté n° 424/2017 dont tous les articles sont dépourvus de tels termes. […]
[Au final], même en comptabilisant deux années supplémentaires à son âge, notre client répond aux conditions d'entrée en médecine à l'Université Cheikh Anta Diop à Dakar, avec la preuve de l'acceptation de sa pré-inscription sur sa plateforme électronique. […] Habib avait bel et bien 18 ans, au jour de l'ouverture des inscriptions pour l'année académique à l'Université Cheikh Anta Diop, il en a aujourd'hui 19, avec un agrément pour son inscription prouvant qu'il en remplit toutes les conditions. Rien ne l'empêche donc de poursuivre sa carrière scientifique… sauf l'intransigeance du ministère et le mépris des décisions judiciaires. »
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