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12-02-2023

06:29

Souvi Djibril, le Georges Floyd mauritanien

Med Yahya Abdel Wedoud - I cant breathe. Mangued netnefess. Je ne peux plus respirer.

La mort d'un homme noir américain à la suite d'une violente arrestation a déclenché mardi 27 mai 2020 la colère à Minneapolis, sa famille dénonçant un usage "excessif et inhumain" de la force et le racisme de la police de cette ville du Minnesota, dans le nord des États-Unis.

La mort d'un homme noir mauritanien à la suite d'une violente arrestation a déclenché samedi 11 février 2023 la colère à Dar Naim. Sa famille dénonce un "usage excessif et inhumain" de la force de la police de cette ville la wilaya éponyme, dansle nord de Nouakchott, capitale de Mauritanie.

Mot pour mot, les résumés de ces deux drames se ressemblent, tout comme les images, du reste insoutenables. Là, un policier blanc écrase avec le genou un homme noir. Ici, deux policiers maures écrasent avec le genou un homme noir. "I cant breathe", hurle Georges Floyd. Mangued netnefess, hurle Souvi.

Dites-moi, où est la différence.

"S'il vous plaît, je ne peux plus respirer. Mon estomac me fait mal. Mon cou me fait mal. Tout me fait mal". Voilà les dernières paroles de George Floyd.

La scène, filmée lundi soir par une passante sur Facebook Live, montre un homme plaqué au sol sur le ventre par un policier qui l'immobilise avec un genou sur le cou. L'homme, George Floyd, se plaint pendant de longues minutes de ne pas pouvoir respirer et d'avoir mal, tandis que l'agent, lui dit de rester calme.

Un second policier tient à distance les passants qui commencent à s’emporter alors que George Floyd ne bouge plus et semble inconscient. "Il ne respire plus, il ne bouge plus, prenez son pouls", répète un témoin tandis que les policiers attendent une ambulance qui arrive après plusieurs minutes. Il a été transporté dans un hôpital où il est décédé peu après.

"Je ne peux plus respirer. Mon ventre me fait mal. Mon cou me fait mal. Ma tête me fait mal. Vous voulez me tuer? Qu'est-ce que j'ai fait?". Aurait-il pu dire. Les dernières paroles de Souvi ressemblent sûrement à celles de George Floyd.

La scène, filmée jeudi soir et diffusées sur Facebook, montrent un homme plaqué au sol sur le ventre par deux policiers qui l'immobilisent chacun avec un genou sur le cou. L'homme, Souvi Ould Djibril, hurle de douleurs pendant de longues minutes de ne pas pouvoir respirer et d'avoir mal, tandis que les agents, poursuivent leur torture, lui enjoignant de se taire!

La rue américaine peut devenir un lieu de non droit, où il arrive que la police tue. Des passants, témoins du drame d'Atlanta, compatissants et de plus en plus en colère, avertissent un deuxième policier, qui les tient à distance que George Floyd ne bouge plus et semble inconscient. "Il ne respire plus, il ne bouge plus, prenez son pouls".

Une ambulance arrive après plusieurs minutes pour transporter Floyd vers un hôpital où il décèdera peu après.

En Mauritanie, c'est le Commissariat qui peut devenir un lieu de non droit, où il arrive que la police tue. Les visiteurs n'entendent rien ou font mine de ne rien entendre. Seuls témoins du drame du drame de Dar Naim, des policiers impitoyables et sans cœur, qui continuent leur routine : thé, pain, arachides, blagues, cigarettes, meneïje, bonhomie de mauritaniens flemmards et ... assassins. Du jamais vu. Un policier dit que Souvi Ould Djibril ne bouge plus. Quant à "Il ne respire plus, prenez son pouls", impitoyable et dépourvu d'humanité, il n'y songe même pas! Souvi est mort seul, tragiquement seul, abandonné au milieu d'une bande d'ennemis qui lui en veulent à mort!

Il n'y aura pas d'ambulance pour transporter Souvi vers un hôpital. Les policiers le jettent à l'arrière de leur Toyota pick-up et l'abandonnent à l'hôpital. Pardon, à la morgue de l'hôpital, car il est mort depuis un moment.

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Med Yahya Abdel Wedoud

Journaliste, Dakar





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