Cridem

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16-03-2023

15:03

L’arrestation de l’idéologue de AQMI, «Majlissi » a-t-elle un lien avec la mutinerie à la prison civile de Nouakchott?

La Dépêche - Les autorités sécuritaires ont, selon nos confrères de «Cridem », procédé mercredi à l’arrestation du prédicateur, proche de Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Mohamed Salem Ould Mohamed Al-Amine dit « al-Majlissi ». Quoiqu’apparemment rangé ces derniers temps, «Majlissi » aurait-il rompu le pacte conclu?

Dimanche 5 mars 2023, une mutinerie éclate à la prison civile de Nouakchott. Les terroristes tuent deux éléments de la garde nationale et en blessent deux autres avant de prendre la fuite.

Ils sont rattrapés samedi 11 mars 2023 et 3 d’entre tués lors d’un accrochage avec des unités d’élites de la gendarmerie en Adrar. Un 4ème a été fait prisonnier alors que les forces de sécurité y ont perdu un martyr.

Une affaire qui même si elle ne constitue pas véritablement une attaque menée et perpétrée de l’extérieur tranche avec l’image de quiétude et de paix que notre pays offrait au reste du monde dans cette région minée par l’instabilité.

L’arrestation de « Majlissi » qui s’opère donc au lendemain de la fin de la cavale de 4 terroristes prisonniers, repose aussi le débat sur la situation sécuritaire du pays en général ; sur celle de la présence -ou non- de cellules terroristes dormantes. Ou est-ce finalement, nous qui nous nous sommes endormis sur nos lauriers de pays étanche aux attaques terroristes et avons délibérément négligé des terroristes entre nos mains?

Comment d’ailleurs, avec la citation d’éléments étrangers dans cette affaire, ne pas rappeler la coïncidence de ce subit « regain d’intérêt» à la Mauritanie avec l’exploitation imminente de mannes naturelles ?

L’imagination devrait même nous pousser à se demander s’il n’y a pas d’autres mains derrière cette affaire qui devraient nous alerter sur les changements qui s’opèrent inéluctablement.

L’événement gravement rocambolesque donne, en tout cas, à réfléchir. Comment les terroristes ont-ils pu bénéficier de tant de laxisme ?

Quelles étaient les failles techniques ou physiques déterminantes dans l’évasion des terroristes ? Quelle serait l’ampleur des complicités et de qui sont-elles venues ?

Comment se fait-il que depuis mercredi, 4 jours avant leur interception, les terroristes, suivant les témoignages, tournaient en rond dans l’Adrar, sans être inquiétés ?

Comment ont-ils fait pour sortir de Nouakchott et parcourir au moins 450 km vers le nord, sans être signalés ?

Il y a assurément beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire que les autorités doivent prendre au sérieux. Mais à quelque chose donc malheur est bon. Plus de place à la nonchalance, aux certitudes bien ancrées. Le terrorisme n’a jamais prévenu. Aucun Etat n’en est totalement prémuni. La Mauritanie s’est engagée à le combattre seule et dans le cadre d’accords interétatiques. La responsabilité de la sécurité incombe à l’Etat qui devrait la procurer aux citoyens.

Des signes sont encourageants. Des mesures dont le limogeage du responsable de la prison de Nouakchott ont été rapidement prises et l’enquête se corse aujourd’hui avec la fin des opérations de recherche des fugitifs tués.

L’étau se resserre contre les éventuelles complicités dans cette affaire. Une première arrestation est opérée vers Bassiknou. Un jeune, identifié comme un touareg, qui aurait livré le véhicule 4×4 ayant servi à la fuite des terroristes, aurait été fait prisonnier par la police et acheminé vers Nouakchott. Une éventualité qui crédite l’option d’un appui “logistique” de Al Qaeda au Maghreb Islamique.

Plusieurs fois cité et même condamné pour terrorisme, Mohamed Salem Ould Mohamed Al-Amine dit « al-Majlissi», qui semblait avoir déposé les armes et s’être repenti de la violence, n’est pas un inconnu de ce milieu où il fait office d’idéologue. Il avait déjà été condamné pour complicité dans l’attentat contre des touristes français tués près d’Aleg, en 2007.

Les autorités sécuritaires auraient séquestré ses moyens de communications et l’auraient emmené dans une direction encore inconnue. D’ailleurs, les personnes condamnées pour terrorisme ne devraient pas être gardés dans le centre-ville. Le lieu de détention doit aider à la maitrise et au contrôle sécuritaires en tout temps.

Dans le sillage de ces enquêtes, des sources médiatiques citent aussi le nom du leader de Al Qaeda, «Abou Talha Al-Libi», qui se trouverait dans le nord-Mali, comme instigateur de cette tentative avortée d’évasion. Ce sera peut-être la connexion avec la personne arrêtée à Bassiknou qui avait livrée le véhicule destiné aux terroristes.

Depuis 2011, on observe l’accalmie à l’intérieur de nos frontières. Tout cela parce que les forces de défense et de sécurité sont aujourd’hui mieux formées et mieux équipées et que leurs conditions de vie ont été améliorées.

Il y a aussi eu la gestion et l’occupation du territoire, le corridor de sécurité imposé au Nord après les attaques meurtrières de Lemgheyti (2005), en passant par les attentats d’Aleg et Al Ghalawiya (2007), Tourine et Nouakchott 2008 et 2009…Nous y avons payé un lourd tribut en vies humaines. Les conséquences économiques étaient désastreuses aussi.

Une réalité qui a permis à la Mauritanie de découvrir amèrement le visage odieux du terrorisme qui avait emballé ses enfants égarés…

Aujourd’hui rien ne doit plus être laissés au hasard.

JD





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