Cridem

Lancer l'impression
11-04-2023

07:12

Echouage massif de mulets : L’activité pétrolière y est-elle pour quelque chose?

La Dépêche - L’Institut mauritanien des recherches océanographiques et des pêches (IMROP) est presque catégorique : «au vu des résultats préliminaires, il est peu probable que ce phénomène soit l’effet d’un rejet ou la contamination du milieu ».

Quelle serait alors la raison sommes-nous tentés de demander. Pour avoir un avis totalement tranché, l’IMROP assure que « des analyses plus approfondies sont en cours dans les laboratoires de l’IMROP et à l’étranger pour explorer d’autres hypothèses » à ces hécatombes constatées principalement chez le mulet, une espèce prisée par les habitants du PNBA et dont ils extraient la poutargue.

Au stade actuel des supputations, l’on peut se demander si la prolifération des activités d’exploitation et de prospection pétrolière en offshore n’aurait pas une incidence sur ces échouages.

Le signalement du même phénomène dans les eaux sénégalaises en 2022 donne aussi à réfléchir sur les raisons de l’hécatombe. Une autre thèse tient aussi à un phénomène qui serait « naturel » car selon les informations de l’IMROP, le phénomène se serait déjà produit plusieurs fois (voir communiqué).

En attendant les résultats des analyses envoyées à l’étranger pour corroborer une thèse plutôt qu’une autre, il nous reste à prier, avec tout l’intérêt qu’elle suscite, que celle de l’activité pétrolière ne soit pas concernée.

Nous ne cesserons pas, en tout cas, d’alerter et de rappeler aux autorités politiques ainsi qu’à la communauté scientifique leur responsabilité à protéger les ressources halieutiques déjà mises à mal par une activité extractive effrénée.

JD

Communiqué de l’IMROP

Une équipe scientifique de l’IMROP en mission de routine dans la baie d’Archimède, située à l’extrême nord de la baie de Lévrier, a constaté le samedi 1er avril 2023, un échouage massif de mulets, principalement le mulet noir (Mugil capurrii). L’IMROP a aussitôt mis en place une équipe scientifique pluridisciplinaire pour suivre le phénomène et en élucider les causes.

L’équipe a mis en évidence que :

Les échouages ne se limitent pas seulement à la baie d’Archimède mais, s’étendent également à la baie de l’Etoile et à la plage de Cansado.

Les échouages se sont poursuivis sur plusieurs jours et semblent s’estomper ;

Les poissons échoués au niveau de la baie de l’Etoile et de la plage de Cansado proviendraient essentiellement de la baie d’Archimède ;

La mortalité a concerné la frange adulte ;

Plusieurs individus agonisants ont été observés aussi bien en mer qu’au niveau de la plage. Il est à noter que sur les mêmes lieux, des bancs de juvéniles de la même espèce ont été rencontrés et semblaient en bonne santé ;

La dissection des spécimens collectés montre que les individus n’étaient pas en phase de reproduction et que les organes internes (foie, branchies, etc.) étaient normaux.

Cependant, le taux de graisse était un niveau très faible et les estomacs vides. Les paramètres du milieu recueillis in situ (température, salinité, oxygène dissout, pH, etc.) durant toute la semaine étaient dans la norme.

Au vu des résultats préliminaires, il est peu probable que ce phénomène soit l’effet d’un rejet ou la contamination du milieu. Toutefois, des analyses plus approfondies sont en cours dans les laboratoires de l’IMROP et à l’étranger pour explorer d’autres hypothèses.

Ce phénomène n’est pas nouveau en Mauritanie, les échouages massifs et mystérieux de mulets noirs ont déjà été rapportés en 2002 dans le banc d’Arguin et au sud de Mamghar puis en 2020 sur les plages de Nouakchott. Par ailleurs, il a été également observé au Sénégal en Mai 2022 avec des bancs de poissons morts constitués principalement de mulet jaune (Mugil cephalus) sur les plages de la commune de Ndiébène-Gandiol.

Nouadhibou, le 09 avril 2023





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org