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"Le Pays de sable", de Xavier-Laurent Petit, un livre merveilleux à tous points de vue
Radio France - Dans la Biblothèque des ados de Hannah Pascal aujourd'hui : un récit initiatique, l'histoire d'un petit garçon parisien qui découvre la vie de son grand-père, chamelier en Mauritanie.
C’est un roman qui fait partie de la formidable série des « Histoires naturelles » qui mêlent fiction et documentaire, et dans lesquelles l’auteur met toujours en scène un enfant qui découvre la nature sauvage, sa beauté et ses dangers.
Ici, on suit Yani, un jeune Parisien qui accompagne sa mère Khadija dans son pays natal, la Mauritanie, où elle n’est pas revenue depuis quinze ans. Quand on fait leur connaissance, il sont encore dans l’avion.
Par le hublot, Yani observe le paysage, aride et nu, qui ne ressemble à rien de ce qu’il connaît. Et quand il sort de l’appareil : "J’avais à peine posé le pied sur la passerelle que je me suis figé, suffoqué par la chaleur, étourdi par la lumière. Des tourbillons de poussière balayaient le tarmac et tout autour, à perte de vue, il n’y avait que le désert."
Et qu’est-ce qu’ils viennent faire dans cet endroit ?
C’est là que vit la famille de sa mère ?
Oui, et cette famille se résume à une seule personne, que Yani est un peu anxieux à l’idée de rencontrer et qui apparaît soudain, alors qu’avec sa mère ils sont en train de passer la douane.
"Enveloppé dans un drap bleu qui flottait autour de lui comme un nuage, un homme traversait le hall de l’aéroport et s’avançait vers nous. Sa canne martelait le sol et les gens s’écartaient sur son passage."
Cet homme, c’est son grand-père Hassen, dont Yani ne sait presque rien
Il sait juste que dans la région, en signe de respect, tout le monde l’appelle Mossí, ce qui veut dire « Le Maître ». Et Yani va vite comprendre, en remarquant à quel point sa mère elle-même est nerveuse en sa présence, que quand Mossí parle, on se tait, et qu’on lui obéit.
Et il se trouve que Mossí a un projet pour son petit-fils. C’est ce que Yani déduit, ce soir-là, des bribes d’une conversation qu’il perçoit à travers le mur de sa chambre : son grand-père veut l’emmener quelque part, et ça a l’air d’inquiéter sa mère.
Mais comme il est pétrifié, Yani n’ose poser aucune question, même si, le lendemain, l’imminence d’un départ se confirme : "Le reste de la journée s’est passé dans une chaleur étourdissante, à charger le malheureux Land Cruiser de tout un tas de bazar. Une toile de tente rapiécée de partout, des manteaux de Bédouin qui empestaient le bouc, des outres de peau qui puaient la chèvre, un sac de riz, un autre de farine, un fût de gasoil, je ne sais combien de bidons d’eau, des cordes, un bloc de sel, trois carabines, des torches électriques, un réchaud, une théière noire de suie … Pas besoin d’être devin pour comprendre que Mossí avait en tête une espèce d’expédition dans le désert. Mais pour aller où ? Pour faire quoi ? Et surtout, avec qui ?"
C’est vrai qu’on se demande ce qui se prépare ! En tout cas, ça sent l’aventure !
Oui, mais le dépaysement de Yani est tel qu’il n’est pas du tout enthousiaste à cette perspective. Tout lui paraît étrange et désagréable et il a très peur de se retrouver seul avec son grand-père.
Il va finir par comprendre que Mossí veut lui enseigner son métier, celui de chamelier, que les hommes de leur famille exercent depuis des générations. Il doit faire traverser le désert à son troupeau de cent quatorze chameaux, et Yani va l’accompagner. Yani, lui, pense à ses copains qui, au même moment, font du skate à Paris, et il se demande vraiment ce qu’il fait là.
Mais il obéit : il aide Mossí à rassembler les chameaux, à les marquer, et ils se mettent en route pour un voyage de onze jours à travers le désert, ou plutôt de onze nuits, car pour ne pas s’épuiser sous le soleil brûlant, ils marchent sous les étoiles, sous les plus beaux ciels que Yani ait jamais vus.
Ah, c’est ça qu’on voit sur la couverture du livre qui est magnifique, d’ailleurs et toute bleue
Oui, et je ne l’ai pas dit, mais comme tous les romans de la série, celui-ci est entièrement illustré par Amandine Delaunay, qui fait toujours un travail extraordinaire et qui ici, je trouve, se surpasse. Ses images, à l’encre noire et indigo, sont d’une beauté bouleversante, et elles participent à l’éblouissement qu’on ressent, avec Yani, face à ce pays de sable si étrange et extrême.
Le sable, on ne voit que ça, on l’entend, on s’en prend dans la figure, et on découvre la lutte dérisoire des habitants des villages contre l’avancée du désert qui bouche les puits et engloutit tout. Et comme Yani le redoutait, la traversée s’avère pleine de dangers. Mais si Mossí, avec ses manières bourrues, le met en permanence à l’épreuve, il lui apprend aussi à se protéger, à s’orienter, à s’affirmer et à survivre.
On est unanimes chez Chantelivre : ce livre est merveilleux à tous points de vue ! Et en plus, il se lit très facilement, donc on le conseille à tous les lecteurs et lectrices à partir de 10 ans.
Le Pays de sable, un livre de Xavier-Laurent Petit, illustré par Amandine Delaunay, et édité à L’Ecole des loisirs.