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Contre vans et marais : Hommage à Bertrand Fessard de Foucault /Par Pr ELY Mustapha
Le Calame - Le 26 mars 2013 Bertrand Fessard de Foucault posta sur mon blog un message à la suite de l’article qui suit datant de juin2010 : « Je ne suis pas sûr, cher Professeur, d'avoir déjà correspondu avec vous, et surtout de vous avoir remercié. Je voudrais maintenant vous demander - en compagnie du directeur du Calame et du président Ahmed Ould Sidi Baba - un mot d'introduction pour l'édition que je prépare du premier tome des chroniques d'Ould Kaïge.
Et puis mieux vous connaître et vous dire ma propre estime, surtout en revenant sur votre propre blog. qu'un de mes amis m'apporte. Sympathie et reconnaissance.b.fdef@wanadoo.fr ».
Je ne sais si ces chroniques virent le jour en livres. Mais le fallait-il vraiment ? Lui, dont les chroniques continuent à livrer à notre mémoire de tous les jours, les chapitres de notre passé.
Un hommage à cet être exceptionnel qui, tout comme les êtres d’exception dans la constance et dans la fidélité, a su jusqu’au dernier souffle croire en un idéal… contre vans et marais.
Contre vans et marais
Lire les écrits de Bertrand Fessard de Foucault, ceux d’hier et d’aujourd’hui, c’est se rendre compte de l’importance que revêt cet analyste et commentateur de la vie politique en Mauritanie.
Une source de réflexions qui nous renvoie une image irremplaçable de cette Mauritanie que le personnage a su saisir depuis les premiers balbutiements de sa politique volontariste, aux heures de l’indépendance, à ce qu’elle est devenue aujourd’hui un gargouillement insipide de politiques agglutinés au giron du pouvoir.
Lire Bertrand Fessard de Foucault dans ses pages sur ce qu’était la Mauritanie, témoin vivant de l’épopée “contre vents et marées”, observateur averti des années kaki et de leur chape de plomb, c’est comprendre que ce diplomate a apporté dans ses écrits bien plus de choses à méditer pour les générations actuelles et futures qu’aucune école mauritanienne n’a su l’apprendre à ses enfants.
Mais Bertrand Fessard de Foucault, est malheureusement en train de sombrer dans le piège que le microcosme mauritanien lui a tendu. Un microcosme appuyé sur un système militaro-courtisan entièrement dévoué à la désinformation, aux coups bas et à la sournoiserie instituée en politique d’Etat.
Bertrand Fessard de Foucault en est aujourd’hui à dénoncer le piratage de son adresse mail, son faux-vrai courrier d’excuses au régime azizien publié par cridem… Bref, il utilise sa plume pour dénoncer ce qui ne devrait pas être, mais qui, dans l’insipide politique mauritanienne, est la pratique de tous les jours.
Ce diplomate, n’a-t-il pas compris que depuis une trentaine d’années, la politique mauritanienne répond à un seul principe : “Ou tu es avec nous ou tu es contre nous”. Principe qui aurait pu acquérir une certaine noblesse (du temps révolu des mousquetaires), si dans le microcosme (“micromiasme”, devrions-nous dire) politique on avait au moins du respect pour son adversaire politique.
Bertrand Fessard de Foucault, n’ayant jamais, dans ses écrits tels que nous les connaissons sur la Mauritanie, développé une inimitié pour personne, on comprend donc la virulence injustifiée du système politique en place. Système n’épargnant que ceux qui tout en se spécialisant dans les courbettes, s’aplatissent en toute circonstance.
C’est autant dire que Bertrand fessard de Foucault est face à des vans entiers d’équidés politiques dressés à ne jamais ruer dans les brancards de leur cocher politique. Des bêtes… de “sommes” (sonnantes et trébuchantes), pour noyer dans les marais de leurs maîtres les moindres soupçons de vérité sur les relents de leur politique.
Un "micromiasme" politique
Contre vans et marais, Bertrand Fessard de foucault devra se battre s’il veut qu’un quelconque de ses écrits passe la barrière des marécages et des chevaux de Troie. Aujourd’hui plus qu’hier, la vérité n’est pas de mise ; car ceux-là même sur laquelle elle porte, sont des usurpateurs d’un Etat, d’un régime.
Que Bertrand Fessard de Foucault ait exposé les tenants et les aboutissants des tractations tous azimuts d’un régime mauritanien pour obtenir un financement international auquel ses pratiques politiques ne lui donnent pas droit ; qu’il ait contribué à mieux éclairer l’opinion nationale et internationale sur ce qui est, cela aurait dû lui attirer plus d’égards.
Mais en Mauritanie, l’analyse politique indépendante est une insulte. Nos dirigeants, cochers de leurs équidés, abhorrent ne pas être caressés dans le sens du poil. Après tout, c’est eux qui font et défont l’Etat, c’est eux qui s’identifient à leurs fonctions acquises par la voie des armes et légalisées par la voie des mauvaises âmes.
L’Etat mauritanien est aujourd’hui est plongé dans un “micromiasme” politique.
Un marécage où s’affronte une opposition qui a vendu, depuis l’accord de Dakar, son âme au Diable et une “majorité” compromissoire qui applaudit, à se rompre les omoplates, un président putschiste-légalisé qui depuis son putsch a mis les pieds dans le plat face à un peuple traumatisé
En effet, celui qui est à la tête de l’Etat mauritanien est un individu qui fut, du temps du président soufi-sidi tourmenté par son “alter ego” (et continue aujourd’hui à prendre des vessies pour des lanternes.)
Quant à l’opposition, son leader fut souvent le valet des putschistes successifs et jusque-là, il n’a jamais formulé un quelconque “mea culpa”, on pourrait même dire qu’au lendemain du putsch de 2005, celui qui l’était a fait rater à la Mauritanie une occasion historique unique de chasser les militaires du pouvoir Mais il s’est fourvoyé en compromissions et en égoïsme politique il a payé le prix tout en sacrifiant son pays sur l’autel des putschistes.
Quant au reste du micromiasme politique mauritanien, il vaut ce qu’il vaut. Une opposition du ventre et une “majorité” de l’opportunisme.
Bertrand Fessard de Foucault s’est inscrit, par ses analyses, dans cet espace.
Mais un tel espace politique mérite-t-il vraiment qu’on s’abaisse, “contre vents et marées”, à l’analyser ? Ou que l’on daigne le critiquer même positivement ?
La réponse, malgré tout, est oui, car on sait, depuis Camus “ qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser”.
Camus l’a compris après qu’une certaine peste soit passée… Et en Mauritanie, les rats courent toujours…impunément.
Pr ELY Mustapha