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Hôpital Bouamatou : une opération à haut risque réussie
Le Calame - Le 21 novembre dernier, s’est déroulée à l’hôpital ophtalmologique de la Fondation Bouamatou, une opération de cataracte particulièrement délicate sur un patient d’une cinquantaine d’années, handicapé moteur, muet et aveugle.
Il s’agit d’une cataracte bilatérale congénitale, précisera le Pr. Hamahoullah Sid’Elémine qui a réalisé l’acte. En effet, pour voir ses yeux, il faut soulever ses paupières, raconte son frère qui nous a trouvés dans la salle postopératoire de l’établissement.
Quelques minutes après son arrivée, un garçon de salle fit entrer son frère sur un lit roulant avec une perfusion. Les deux yeux étaient bandés alors que nous, les autres avions un seul couvert de sparadraps. L’homme semblait souffrir en agitant la main.
A la question de savoir ce qui s’est passé, il raconte qu’il court depuis plus de 4 mois pour permettre à ce frère de retrouver la vue.
« Avant son décès, mon père m’avait recommandé de m’occuper de ce frère triplement handicapé. J’ai pris l’engagement et je me préparais d’ailleurs à l’emmener au Sénégal ou Maroc en cas d’échec définitif en Mauritanie. En effet, à l’hôpital Bouamatou, les anesthésistes étaient très réticents à l’endormir, chaque fois qu’il est programmé, parce qu’il fallait le mettre sous anesthésie générale. Et quand j’ai appris le passage d’une mission Koweitienne d’ophtalmologie en Mauritanie, j’ai couru espérant qu’on lui trouvera une solution. Mais les visiteurs me conseillent de retourner à Bouamatou où, pour cette fois-ci on a décidé de le prendre en charge. L’opération vient d’être réalisée ce 21 novembre 2023 », dit-il ému.
Tout au long de son récit, des larmes perlaient sur son visage, il n’arrêtait pas de remercier Dieu et l’équipe de Bouamatou.
L’acte a donc été réalisé par le Pr. Hamahoullah et son équipe. Il confirme les hésitations des anesthésistes à l’endormir, exigeant un bilan général et cardiaque.
« Mais face à l’urgence, l’un d’eux décide de l’endormir et moi de l’opérer et tout s’est bien passé, Alhamdoulilalh », dit-il soulagé. Et d’ajouter: « J’avais aperçu ce patient dans la salle d’anesthésie, mais je n’imaginais pas qu’il était non voyant parce qu’il souriait à l’anesthésiste qui s’affairait autour de lui. Quelques minutes après, il me rejoint sur un lit roulant, dans une salle post opératoire. »
Effectivement, tout est allé bien puisque le lendemain de l’opération, venu pour le premier contrôle post opératoire, on s’est rencontré à la porte de l’hôpital marchant sur ses béquilles, accompagné de son frère. A la question de savoir s’il n’y pas eu de problème, s’il a bien dormi, son frère répond Alhamdoullilah et lui hausse la tête et esquissa un sourire, quand je lui ai serré la main.
Quelques minutes plus tard, je reçus sur mon téléphone portable sa photo et une vidéo de l’hôpital. Après avoir ôté le pansement, l’homme était ébloui, le Pr. Hamahoullah, pour bien s’assurer qu’il a recouvré la vue le fit tester par son frère, on lui tendit quelques billets, il éclata de rires avant de sortir de la salle de contrôle en direction de la pharmacie pour récupérer ses médicaments et poursuivre son traitement.
Son frère disait : faute lui régler les autres problèmes, il pourra désormais voir ce qui se passe autour de lui et faire certains de ses besoins personnels.