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Hommage à N’Diawar N’Diaye / Par Tidiane DIOUWARA
La Mauritanie a perdu le 31 décembre 2023 un de ses plus vaillants soldats, en l’occurrence le colonel N’Diawar N’Diaye. Le décès est survenu à Paris. J’ai connu le défunt alors que je n’étais qu’un jeune garçon à l’école enfantine, je devais avoir 6 ans.
Nous habitions Rosso. Sa famille et la mienne, du fait de notre très proche voisinage, étaient très liées. Feu son père, un autre vaillant soldat, colonel Papa Mohamed Diallo, était très ami avec feu mon père, alors responsable du TRIPANO de Rosso de 1976 à 1978, que les premiers habitants de cette ville connaissent très bien puisqu’il s’agissait d’un centre médical indispensable à toute la région.
Composé d’une équipe mobile, le TRIPANO avait pour rôle de se rendre dans les villages voisins de Rosso afin d’y soigner ses habitants qui n’avaient pas les moyens de se rendre au dispensaire de Rosso.
N'Diawar avait un jeune frère du même âge que moi, quasiment un frère, Ahmed Diallo. Avec ce dernier, nous étions inséparables. Nous habitions côte â côte, fréquentions la même école, et avions les mêmes centres d’intérêt.
En 1978, les chemins de nos familles se séparèrent du fait de l’affectation de mon père comme chef de service du CNH (Centre National d’Hygiène) de Nouakchott, sous la direction de Dr Moulaye Abdel Moumine, Ministre de la santé. Le CNH existe toujours et est situé en face de l’hôpital national de Nouakchott, du côté de la route principale. Depuis 1978 donc, j’avais perdu de vue N’Diawar. Quelques années plus tard, au milieu des années 80, en revanche, je retrouvais Ahmed Diallo à Nouakchott. Á cette même période, je quittai la Mauritanie pour aller poursuivre mes études universitaires à l’étranger.
Durant un de mes séjours estivaux au pays, je recroisai N’Diawar à l’ancien aéroport de Nouakchott, par pur hasard, il devait se rendre à Paris. Après un bref échange et des retrouvailles chaleureuses, nous nous promîmes de rester en contact. Ce qui ne fût pas fait, du fait de nos trop nombreuses obligations professionnelles. Donc je le perdis de nouveau de vue.
Arrive alors l’année 2019. Année de nos vraies retrouvailles. A l’initiative de celles-ci, mon ami et frère Ahmed Diallo. Grâce à ce dernier, j’étais de nouveau en contact régulier avec N’Diawar. Á travers nos échanges aussi réguliers que fructueux, j’apprenais que N’Diawar était un ami proche de son Excellence Mohamed Ould cheikh el Ghazouani, alors candidat à la Présidence de la république.
Afin d’aider son « ami », je lui proposai de créer un Mouvement citoyen de soutien à « son ami ». J’accouchai du projet en quelques jours, qu’il valida sans hésiter, avec l’accord déterminé et convaincu de son, de notre « ami » candidat.
S’en suivit en 2019 la naissance de la COMUD (Convergence mauritanienne pour l’Unité et le Développement) devenu aujourd’hui un Mouvement citoyen de référence sur l’échiquier politique national. Plusieurs semaines de campagne très active, des milliers de coups de fil, des dizaines de réunions, des dizaines de déplacements entre Genève, Paris et Nouakchott, des nuits blanches à n’en pas finir, des discussions interminables pour harmoniser nos positions sur tel ou tel sujet, etc. Bref, nous avions une mission et devions l’accomplir vaille que vaille. Nous y avions investi nos propres moyens et notre énergie.
Voilà ce que j’ai vécu avec N’Diawar en 2019. Après l’élection de notre candidat, il m’appela et me dît « Bravo jeune frère, mission accomplie. Le patron est très fier de toi ». Je lui répondis, « Grand frère, tout ça n’aurait pas été possible sans toi ».
Voilà ce que je retiendrai de mon compagnonnage avec ce grand frère d’une dimension exceptionnelle. Je pourrai écrire un roman sur notre relation. Je vais creuser l’idée. En attendant, je transmets mes condoléances d’abord à ses proches que je ne pourrai tous citer ici. Mais je pense très fort à Binta, à Ahmed, à sa fille « Mimi » et aux autres. Je transmets également mes condoléances à l’état mauritanien et naturellement à son « ami et frère » son Excellence le président de la république.
Que Allah accueille N’Diawar en son saint paradis.
Par Tidiane DIOUWARA