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04-02-2024

14:50

Entretien avec Malinne Blomberg, Directrice générale adjointe du bureau Afrique du Nord de la BAD

Financial Afrik - Malinne Blomberg, Directrice générale adjointe du bureau Afrique du Nord de la Banque Africaine de Développement (BAD), est une figure éminente dans le domaine du développement économique et financier sur le continent africain.

Dotée d’une expérience professionnelle riche et variée, Mme Blomberg a consacré une grande partie de sa carrière à la promotion de la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et au renforcement des institutions financières en Afrique du Nord.

Nous l’avons rencontré lors de son passage à Nouakchott en marge de la signature de la convention de financement de la ligne électrique Nouakchott-Kayes. Interview Exclusive.

Le projet d’interconnexion d’une ligne de haute tension de 225 KV entre Nouakchott-Kayes se met en place progressivement. Quelle serait la contribution financière de la BAD dans ce projet ?

Je vous remercie de votre question pertinente sur le projet d’interconnexion entre Nouakchott et Kayes, un projet d’une importance capitale pour le renforcement des liens énergétiques et le développement régional. Je suis justement ici à Nouakchott pour signer ces accords de financement avec les autorités Mauritaniennes représentées par le Ministre de l’Economie et du Développement durable en présence de celui du Pétrole, de l’énergie et des Mines ainsi que les directeurs généraux de la Société de Gestion de l’Energie de Manantali (SOGEM) et de la Société Mauritanienne d’Electricité (SOMELEC).

C’est un projet d’une enveloppe globale de 900 millions de US Dollars et notre contribution financière significative vise à faciliter la mise en place progressive de cette ligne de haute tension de 225 kV, qui promet de renforcer l’accès à l’électricité, d’encourager le commerce transfrontalier et de stimuler le développement socio-économique durable dans la région. Nous avons mobilisé à travers le Fonds Africain de Développement quelques 305 millions de dollars pour les deux pays. C’est un programme hautement stratégique qui commence par le tronçon Nouakchott -Kayes mais il s’agit de mettre une ligne de transmission électrique qui continuera jusqu’au Tchad. La BAD est en train de mobiliser les études et les partenaires financiers pour réaliser ce programme.

Je suis aussi en Mauritanie pour formaliser un autre accord de financement pour le Projet d’électrification par mini-réseaux verts (RIMDIR) où plusieurs partenaires de développement sont impliqués. Le financement de la BAD contribuera à 40 mini réseaux solaires en milieu rural pour une enveloppe de 16 millions de US Dollars. C’est un modèle de partenariat PPP qui permettra aussi au secteur privé Mauritanien de se positionner dans cette question d’énergie renouvelable et accès à l’électricité en Mauritanie.

Les potentialités énergétiques de la Mauritanie sont énormes, nous travaillons aussi avec le gouvernement Mauritanien sur le Plan de Développement de l’Hydrogène vert et nous avons mobilisé aujourd’hui à travers le Fonds de l’Energie Durable de l’Afrique (SEFA) un montant de 1.200.000 US Dollars.

Pouvez-vous nous revenir sur le portefeuille des opérations du groupe de la BAD en Mauritanie et dans quelle mesure comptez-vous le rehausser surtout à la veille des premières exportations de Gaz du projet GTA ?

Je vous remercie de votre intérêt pour les activités de la Banque Africaine de Développement (BAD) en Mauritanie. Nous avons un portefeuille actuel qui se constitue de 20 projets pour une enveloppe globale de presque de 500 millions de US Dollars dont 18 avec le gouvernement et le reste avec le privé. Actuellement, la BAD maintient un engagement significatif en Mauritanie à travers divers projets visant à stimuler le développement et l’intégration économique régionale. Notre portefeuille d’opérations comprend des initiatives dans des secteurs clés tels que l’énergie, les infrastructures, l’éducation et le développement du secteur privé.

Par ailleurs, pendant cette mission j’ai eu le plaisir de visiter le projet du Pont de Rosso en cours de construction qui liera la Mauritanie et le Sénégal et de manière plus large, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord, et auquel la Banque contribue avec un financement de quelques 43 millions de dollars. Ensemble, l’interconnexion électrique et le pont de Rosso auront un impact fondamental et transformateur sur la Mauritanie, favorisant le secteur privé et le commerce, en réduisant les coûts de production et logistique, et facilitant l’accès à des marchés plus larges.

En anticipation des premières exportations de gaz du projet GTA, la BAD est résolue à renforcer davantage son soutien à la Mauritanie. Nous sommes conscients des opportunités et des défis associés à ce développement majeur, et nous travaillons en étroite collaboration avec les autorités mauritaniennes pour élaborer des projets et des initiatives qui maximiseront les retombées positives de cette nouvelle phase. Le renforcement du portefeuille d’opérations de la BAD en Mauritanie sera guidé par notre engagement à promouvoir la durabilité, l’inclusion sociale et la diversification économique.

La croissance économique annoncée à l’horizon 2027 en Mauritanie se situerait aux alentours de 13%. Quelle lecture faites-vous ?

Il n’y a pas de doute que la Mauritanie a enregistré de très belles performances économiques ces dernières années. La prévision d’une croissance économique à double chiffres en Mauritanie à l’horizon 2027 est un indicateur positif de la dynamique économique en cours dans le pays. Une croissance aussi robuste peut être interprétée comme le résultat de réformes économiques, d’investissements stratégiques et d’une gestion efficace des ressources.

Cela suggère également une attractivité accrue pour les investisseurs, ce qui pourrait se traduire par une augmentation des opportunités d’emploi et une amélioration générale du niveau de vie pour la population. Il serait intéressant de se pencher sur les secteurs clés qui alimentent cette croissance projetée. Les investissements dans des secteurs tels que l’énergie, les infrastructures, l’agriculture ou le secteur privé peuvent jouer un rôle essentiel dans la réalisation de ces objectifs ambitieux.

En outre, la diversification économique pourrait contribuer à atténuer les risques associés à une dépendance excessive à certains secteurs. Il faut aussi féliciter le gouvernement sur la question de la dette. Le FMI, effectivement a changé le risque de surendettement de la Mauritanie d’un risque élevé à un risque modéré. Nous venons d’approuver au mois de septembre passé un projet de gouvernance sollicité par le gouvernement Mauritanien. Donc, nous sommes très positifs pour le futur de la Mauritanie.

En tant que Banque Africaine de Développement (BAD), nous sommes prêts à soutenir la Mauritanie dans la réalisation de ses objectifs de croissance économique. Nous continuerons à collaborer avec les autorités mauritaniennes pour identifier des opportunités d’investissement et de financement qui favoriseront le développement durable et inclusif du pays.

Propos recueillis par Mariam Haidara





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