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01-03-2024

16:45

Cheikhani Ould Cheikh : "L’Algérie est appelée à répondre à la main tendue par le Maroc"

Maroc Hebdo - Entretien avec Cheikhani Ould Cheikh, politologue et écrivain mauritanien. Pour le Président de l’Association mauritano-marocaine pour la défense de l’unité maghrébine, l’objectif de son pays est de préserver ses relations fraternelles et amicales avec ses voisins, respectivement le Maroc et l’Algérie.

Comment voyez-vous les relations entre le Maroc et la Mauritanie? Y a-t-il un froid?

Je crois que le Maroc et la Mauritanie ont un destin commun, car les relations entre les deux pays sont particulièrement intellectuelles et spirituelles, unissant deux peuples frères. A cela s’ajoute aujourd’hui l’exploitation des grands projets de développement en cours, où les deux pays sont en contact permanent, et notamment l’Initiative royale atlantique.

La Mauritanie, de par sa position géographique, a été historiquement la fenêtre du Maroc sur l’Afrique subsaharienne, et sera donc un élément essentiel dans la réussite de cette initiaitve. Mon analyse personnelle est que SM le Roi Mohammed VI et Son Excellence le Président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, sont déterminés à renouveler les relations fraternelles entre les deux pays et à les pérenniser.

Et je crois aussi que l’élection du Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Gazouani en 2019 a mis fin aux relations glaciales entre les deux pays, qui ont souvent marqué la période de l’ancien Président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz.

Certains observateurs considèrent que la hausse des droits de douane sur les produits agricoles marocains à destination de la Mauritanie est le signe de ce froid?

Sur le plan économique, les indicateurs sont loin d’indiquer une stagnation des relations entre les deux pays. Au contraire, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Mauritanie ont connu une croissance remarquable de 58% depuis 2020, atteignant un chiffre record de 300 millions de dollars US en 2022. Cependant, je pense que les éventuelles hausses des droits de douane n’est pas un signe de froid entre les deux pays frères, mais plutôt un signe qui appelle à une plus grande collaboration entre eux afin de promouvoir davantage la coopération bilatérale, en renforçant les échanges commerciaux et les investissements. C’est dans ce cadre que nous soutenons fermement les accords commerciaux et les plans d’action à même de développer les exportations maroco-mauritaniennes, afin de répondre aux enjeux et aux besoins locaux et nationaux prioritaires.

La Mauritanie est dans une situation délicate: elle doit ménager Rabat et Alger. Ce jeu d’équilibriste peut-il durer?

Tirant les leçons du passé, je crois que la Mauritanie n’a ménagé aucun effort pour améliorer ses relations avec ses voisins. Par conséquent, je pense que le principe de bon voisinage, que la Mauritanie a instauré depuis l’investiture du Président de la République Mohamed Ould El-Ghazouani, et qui représente un instrument clé dans les relations extérieures, est une bonne raison pour la Mauritanie de préserver ses relations fraternelles et amicales avec ses voisins, respectivement le Maroc et l’Algérie, et j’espère que cette stratégie sera durable. Ce que je peux vous assurer, c’est qu’au niveau de la diplomatie populaire, nous ne ménageons aucun effort pour maintenir ces bonnes relations entre notre pays et le Maroc, à tel point que je compte remettre un exemplaire de mon livre «Mauritanien Mouride du Roi «à SM le Roi Mohammed VI lors des causeries religieuses (dourous hassania) durant ce prochain mois béni de Ramadan, auxquels j’ai déjà participé en 2016, et je crois que le destin sera avec nous pour préserver ces relations.

Quel regard portez-vous sur l’installation de postes frontières entre l’Algérie et la Mauritanie et l’accident qui a eu lieu?

Je crois que la connectivité routière, qui a été marquée par l’inauguration de deux postes frontaliers fixes entre l’Algérie et la Mauritanie, est un élément clé d’une stratégie maghrébine et ne peut être dissociée du poste de Zouj Baghal, poste frontalier terrestre entre le Maroc et l’Algérie, si l’on veut que ce travail soit une stratégie efficace. Par conséquent, l’Algérie est appelée à répondre à la main tendue par le Maroc pour la réconciliation. En ce qui concerne l’accident du convoi du président mauritanien revenant de Tindouf et la mort de son garde du corps , j’espère que ce n’est pas un signe de malheur.





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